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J’ai testé : le vélo électrique
mercredi, 29 avril 2015 / www.clairelenestour.com

Me voici au guidon de trois biclous à moteur, arpentant la capitale. Pavés, montées, pistes cyclables, rien ne me résiste. Sauf peut-être les prix !

J’ai ravalé ma fierté le jour où je me suis fait doubler par deux policiers à bicyclette. Ils avaient au moins deux fois mon âge, mais, rue de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement de Paris, un lendemain de fête, mes jambes étaient en grève. Pédaler pour arriver fraîche au bureau, il faut oublier. Comme 77 000 Français en 2014, j’ai décidé de passer au vélo à assistance électrique – VAE pour les intimes. Avant d’investir, je teste trois montures, à commencer par un modèle d’entrée de gamme « mais super qualitatif », selon le vendeur. Un « Real E-bike 26 », de la marque Gitane, à 1 399 euros. La bête – qui possède un moteur Panasonic – a été conçue et assemblée en France. Voyons maintenant ce qu’elle a sous la selle : un moteur 26 volts et une batterie qui me promet une cinquantaine de kilomètres sans effort. Quand le feu vire au vert, je comprends que je joue dans la cour des grands. La machine démarre au quart de tour. Téléphone en main, je suis à deux doigts de la gamelle. C’est comme si mon nouveau pote me lançait un « en avant Guingamp ! » dès que je mettais un pied sur la pédale. A l’heure de pointe, je me fais bloquer par des cyclistes mous du genou. Entre les freinages intempestifs pour ne pas percuter mes camarades et les à-coups du moteur, je ne suis pas loin de l’apprenti matelot qui aurait chopé le mal de mer. Ça, c’est ce qui se passe à l’intérieur. De l’extérieur, je dois avoir l’air de Jeannie Longo.

Et ce n’est pas fini, car avec le deuxième vélo – « Agattu 17 », de la boîte allemande Kalkhoff, qui développe son propre moteur –, je passe à la vitesse supérieure. Des mini-roues et de l’efficacité à 1 799 euros. Cette fois, j’ai 36 volts sous le popotin. Un bus me défie. Le chauffeur me fixe. J’imagine les gouttes de sueur qui perlent sur son front à l’idée de se faire devancer par une nénette à bicyclette. Je mets les bouchées doubles mais ma machine montre des signes de fatigue. Le bus me dépasse et le chauffeur jubile. Ma batterie n’est pourtant pas hors-service, mais, au-dessus de 25 km/h, le moteur ne peut plus rien pour moi, c’est la loi. Pour le comprendre, il suffisait de tester le troisième modèle, la Rolls Royce du VAE : le « Lundi 26 », de Moustache, une marque française qui a eu la bonne idée de doter ses engins de clés de contact qui font tableau d’affichage, le fameux bloc moteur Bosch. On y voit la vitesse, l’autonomie, la distance parcourue et… attention : le niveau de participation du moteur, histoire de savoir si c’est lui ou mes cuisses qui triment !

Bel objet qui invite à la frime

Niveau design, rien à dire. Le cadran bleu pétrole est en acier aéronautique. Les roues sont larges et le guidon sophistiqué. Un bel objet qui invite à la frime. Nous voilà au pied de la butte Montmartre, rue Lepic, là ou l’héroïne de Jean-Pierre Jeunet sert ses cafés. Des pavés et une pente à 13%. Même dans le monde d’Amélie Poulain, les cyclistes meurent avant la fin. Moi, non. Dans la côte, j’enclenche le mode turbo et double un scooter. Dommage, les policiers n’étaient pas là pour voir ça. Se sentir pousser des ailes, cela n’a pas de prix. Enfin si ! 2 549 euros. Avec 100 euros d’entretien par an, le vendeur me promet que la bête me sera fidèle jusqu’à ce que la mort nous sépare. Il faudra juste changer la batterie (entre 500 et 700 euros) tous les cinq ou six ans. Côté électricité, l’animal consomme environ 400 watts par recharge, soit 0,05 euro. Avec 20 km, cinq jours par semaine pendant dix ans, j’en aurais pour 34 euros par mois. Si on y rajoute l’équipement spécial intempéries, cela revient moins cher que mon forfait métro à 70 euros ! Patron, vous payez la moitié ? Cela me permettrait de financer des cours de yoga. Car contre les petits malins qui sifflent les filles en jupe à vélo et les camions qui squattent les pistes cyclables, mon nouveau copain ne pourra rien ! —

Merci au réseau de magasins Cyclable – 25 boutiques dans toute la France – qui nous ont permis d’essayer ces trois bolides.



Merci la mairie !

Avant d’avaler le bitume à vélo électrique, il faut sortir le chéquier. Pour encourager l’achat des VAE, beaucoup de communes offrent des subventions, qui peuvent aller jusqu’à 400 euros. Renseignez-vous !

Dégotter un biclou d’occase

On trouve de vieilles bécanes et quelques bonnes affaires sur Troc-velo.com. Exigez une preuve d’achat car on vous la réclamera pour toute intervention sur le matériel électrique !

Bidouiller son vélo classique

Booster son vieux biclou, c’est possible. Comptez 700 euros pour un moteur et une batterie premier prix. Mais attention, à long terme, cela pourrait vous coûter bonbon en réparations.