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Pour protéger les abeilles des frelons asiatiques, testez la muselière
jeudi, 5 mars 2015 / Cécile Cazenave

Piéger les reines de « Vespa velutina » au printemps ne sert à rien. Alors comment faire pour préserver les ruches des attaques du prédateur ? En les muselant, pardi !

Contre Vespa velutina, plutôt que de crier au loup, mieux vaut jouer finaud. C’est la leçon retenue par certains apiculteurs aux prises, depuis bientôt dix ans, avec le frelon asiatique. L’abeille domestique fait en effet partie des mets prisés par l’hyménoptère. Sa technique est spectaculaire. En vol stationnaire devant l’entrée de la ruche, notre bestiole attend le retour d’une ouvrière chargée de pollen, descend en piqué, la fait tomber au sol, lui flanque un coup de mandibules derrière la tête, puis la démembre et l’emporte vers son nid pour nourrir les larves.

Les pièges façon bouteille renversée peuvent limiter les dégâts

En analysant les boulettes alimentaires – le garde-manger des frelons – prélevées dans une série de nids, les scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle ont reconstitué le régime alimentaire de l’animal. Au menu : plus d’un tiers d’abeilles domestiques, mais aussi des guêpes et d’autres insectes. En milieu urbain, où les proies sont plus rares, la prédation sur les abeilles est plus forte.

Si les grandes manœuvres de piégeage de printemps des reines se révèlent nulles ou presque contre Vespa velutina, reste qu’il faut protéger les ruchers des attaques. Les expériences menées avec des apiculteurs ont montré que les pièges à bière ou à jus sucré, disposés trop loin des ruches, demeuraient inefficaces. Mais qu’en revanche les pièges façon bouteille renversée, disposés tout près des ruches et bien appâtés, pouvaient limiter les dégâts. L’idéal étant d’avoir recours au jus de cirier fermenté. La cire des cadres de la ruche, fondue dans de l’eau et mélangée avec du miel, attire immanquablement les frelons asiatiques. Avec certes moins d’impact pour les autres insectes, cette méthode fait tout de même des dommages collatéraux. André Lavignotte l’a bien compris.

Un outil contre le stress des abeilles

Cet apiculteur béarnais qui possède vingt ruches à Pau (Pyrénées-Atlantiques) est devenu un porte-voix discret mais engagé de méthodes plus douces pour cohabiter avec Vespa velutina. Il a ainsi mis au point une muselière. Ce grillage à mailles suffisamment larges pour laisser sortir les abeilles, mais trop étroites pour laisser entrer les frelons, protègent les ouvrières lorsqu’elles se placent sur leur planche d’envol, à l’entrée de la ruche, lieu favori des attaques du prédateur. « Je n’ai pas perdu une ruche depuis plusieurs années ! », se réjouit André Lavignotte. Ses observations alimenteront sans doute l’une des hypothèses des scientifiques. Les chercheurs soupçonnent en effet que les colonies d’abeilles domestiques meurent non pas parce qu’elles sont décimées par le frelon, mais parce qu’elles deviennent trop stressées pour sortir de la ruche. S’affaiblissant alors fortement, elles ne survivent pas à l’hiver ou aux maladies.

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