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La lettre de Bridget Kyoto : Ras-le-bol de l’enthousiasme
mercredi, 25 février 2015 / Bridget Kyoto /

Bridget Kyoto est un double déjanté de Laure Noualhat, journaliste, qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

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Vous le sentez anesthésier les plus féroces d’entre nous ? Le vent de l’enthousiasme souffle sur nos écrans. Depuis peu fleurit une série de films documentaires (Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion, Sacrée croissance, de Marie-Monique Robin, pour ne citer qu’eux) dits « non anxiogènes ». Ces œuvres font fi des blocages, ne décryptent pas les intérêts contradictoires et balaient le constat pour se concentrer sur les solutions.

Jardins partagés, éoliennes coopératives, pédibus révolutionnaires, covoiturage, habitats participatifs… voilà les graines qui germent sur la bouse du vieux monde. J’ai peut-être l’optimisme au repos parce que moi, je trouve que ça sent encore beaucoup trop la bouse, voyez. Ces initiatives, si souhaitables soient-elles, représentent l’épaisseur du trait, la marge, l’anecdotique. Elles s’affranchissent des blocages, font un pas de côté et s’épanouissent surtout dans les sociétés occidentales écœurées. J’entends dire « le constat est connu ». Je vous arrête tout de suite. Non seulement il n’est pas connu de tous, mais il n’est pas unanimement partagé. Si c’était le cas, Royal ne se contenterait pas d’autocollants sur des voitures et Fabius n’irait pas vendre des centrales nucléaires en Inde. De fait, le vieux monde poursuit son entreprise de destruction. Et le prochain ne concerne que les plus chanceux. Par pitié, continuons à dénoncer les pressions, les empêchements, les géopolitiques à deux vitesses, les discours à trois, les freins intérieurs, intimes et/ou politiques. Comment construire le monde qui vient sans raser celui dont on ne veut plus ? —