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Lexique de l’exil
jeudi, 30 octobre 2014 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Pour éviter confusions et amalgames douteux, chaque mot compte. Voici un dictionnaire pour y voir plus clair.

Étranger, Ère [etYSFe, DY]. N. m. et f.

Une personne qui ne possède pas la nationalité française est considérée comme « étrangère » quand elle est sur le territoire français. Si cette personne possède une double ou triple nationalité (franco-marocaine, franco-suisse…), elle est reconnue comme française.

Immigré, ÉE [im(m)igYe]. N. m. et f.

C’est une personne étrangère venue s’installer en France. Même si elle acquiert la nationalité française, elle sera toujours considérée comme immigrée. Un immigré est dit « illégal » ou « clandestin » s’il est entré sans titre de séjour ou s’il reste dans un pays une fois la validité de son titre de séjour expirée. La première expression est contestée car elle « criminalise ». Or, si leur situation est irrégulière, ces personnes ne sont pas en elles-mêmes illégales. Clandestin l’est aussi car oublie que, dans les faits, beaucoup d’immigrés en situation irrégulière travaillent et/ou ont un logement.

Migrant, Ante [migYS, St]. N. m. et f.

Désigne une personne en train de migrer de son pays vers un autre. Les personnes qui sont à Calais pour passer en Angleterre sont ainsi des migrants, même si elles vivent dans les « jungles » et squats depuis des mois. Ce mot est parfois utilisé à tort pour désigner les immigrés.

Réfugié, ÉE [YefyFje]. N. m. et f.

Se dit d’une personne étrangère qui a reçu l’asile de la France : elle peut s’y installer parce qu’elle craint d’être persécutée dans le pays dont elle a la nationalité « du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques », décrit la Convention de Genève. Tant qu’elle n’a pas reçu officiellement le statut de réfugié, elle sera considérée comme « demandeur d’asile ». On lit aussi depuis quelques années l’expression « réfugié climatique ». Cette expression est trompeuse puisque ces personnes ne décident pas de se « réfugier » à l’étranger pour ne plus rentrer chez elles, mais sont plutôt déplacées subitement de quelques kilomètres dans leur propre pays à cause d’une catastrophe naturelle, et comptent souvent rentrer un jour chez elles.

Sans-Papiers [sSpapje]. N. m.

Expression qui désigne les étrangers à qui on a refusé le droit d’asile et les immigrés en France qui n’ont pas ou plus de titre de séjour. Elle vise souvent les mêmes personnes que les expressions « clandestins » ou « immigrés illégaux » mais suggère moins leur culpabilité. Elle est décriée par ceux qui rappellent que ces personnes possèdent bien des passeports en règle pour leur pays d’origine mais aussi souvent des piles de papiers et de documents, puisque beaucoup sont engagées dans de longs parcours administratifs qui pourraient un jour les voir… obtenir des papiers. Mieux vaut donc les appeler : « immigrés en situation irrégulière » ou « immigrés sans autorisation de séjour ». —


TOUS. 216 millions de personnes (3,15 % de la population mondiale) vivent hors du pays dont ils ont la nationalité.

D’OÙ ? Les principaux pays d’où l’on part sont le Mexique, l’Inde, la Russie.

VERS OÙ ? Les principaux pays où l’on va sont les Etats-Unis, la Russie et l’Allemagne.

DANS QUEL SENS ? En 2010, selon le département des affaires économiques et sociales de l’ONU, les migrations Sud-Nord (34,5 % des migrations) et Sud-Sud (34,1 %) devançaient largement les migrations Nord-Nord (25,2 %) et Nord-Sud (6,2 %).

AIDE. Le montant des fonds déclarés reçus par les pays en développement est estimé à 254 milliards d’euros en 2010. C’est beaucoup plus que l’aide publique au développement (104,4 milliards).

CERVEAUX. 22 % des migrants sont hautement qualifiés.

FIN. Plus de 40 000 migrants sont morts depuis 2000, dont plus de 22 000 en tentant de rejoindre l’Europe.

QUAND ? En 2010, 8,6 % de la population française était immigrée. Parmi eux, 2 sur 10 vivaient en France depuis quarante ans au moins et 3 sur 10 étaient arrivés il y a moins de dix ans.

FILS ET FILLES DE. Les descendants directs d’immigrés représentent 11 % de la population en France métropolitaine.


- La bibliographie

Murs, de Wendy Brown (Les prairies ordinaires, 2009)

Les lois de l’inhospitalité, de Didier Fassin, Alain Morice, Catherine Quiminal (La Découverte, 1997)

Les étrangers illégaux à la recherche de papiers, de Ange Bergson et Lendja Ngnemzue (L’Harmattan, 2008)

La chasse aux enfants, de Miguel Benasayag et Angélique del Rey (La Découverte, 2008)

Dictionnaire de l’immigration en France, de Smaïn Laacher (Larousse, 2012)

Moi, Félix, 10 ans, sans-papiers, de Marc Cantin (Milan, 2007)

Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin, de Yamina Benguigui (1 DVD MK2)

Welcome, de Philippe Lioret (1 DVD Warner home vidéo)

Le Havre, de Aki Kaurismäki (1 DVD Pyramide vidéo)

- Les sites Internet

Le site du Gisti

Le site de La cimade

Le site de Comede

Le site de Cette France-là

Le site de France Terre asile

Le site de Secours catholique

Le site de Vie publique

La page de l’Institut national de la statistique et des études économiques sur les immigrés en France

Le site de l’association Salam