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A Madrid, des amoureux des bancs publics faits maison
jeudi, 30 octobre 2014
/ Hélène Bienvenu
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Le collectif d’architectes Todo por la praxis imagine un mobilier urbain à la sauce « do it yourself ». Et incite les citoyens à s’en saisir grâce à des manuels gratuits et en accès libre. Le but ultime ? Renforcer les liens entre les habitants.
A Madrid, Todo por la praxis met le do it yourself (DIY) en chantier. Ce collectif d’architectes espagnols, mieux connu sous le sigle TXP, a été fondé en 2008. Il pratique la co-construction de mobilier urbain mobile (bancs, gradins, balançoires…) sur la place publique. Ses membres interviennent à la demande des habitants qui les sollicitent (entre quinze et vingt fois par an) pour embellir les espaces publics, tout en renforçant le lien social. Adeptes du design participatif, les membres de TXP élaborent les projets en commun, sur le terrain.
Sur le bureau, une notice façon Ikea, décorée d’une bouille à la Anonymous. « Nous avons mis au point plusieurs manuels qui permettent de construire pas à pas des éléments de mobilier urbain. Pour nous, cela relève du partage de savoir : en fournissant une boîte à outils modulable, nous pratiquons une architecture du “ copyleft ” », explique Diego, abolitionniste du droit d’auteur. Kits de survie pour apprentis makers, les manuels de TXP sont téléchargeables sur leur site Internet. Leurs applications donnent des résultats parfois inattendus. « Un même gradin multi-usage a été utilisé dans un espace artistique et sur une place publique fréquentée par des retraités. C’est fascinant de voir les communautés d’habitants s’approprier, reproduire, améliorer ces objets », se félicite Diego. Parmi les dispositifs fétiches de TXP, on retrouve la cuisine mobile, construite à partir d’une benne à ordures ; les sièges en bois ou encore le « sound system guérilla », conçu pour donner de la voix aux revendications des citoyens.
Recoins urbains délaissés et espaces publics à redéfinir sont autant de terrains de jeu pour Todo por la praxis. « Ça nous arrive souvent d’avoir affaire à un espace qui souffre de sa réputation, en prise au trafic de drogue, par exemple. Il suffit de quelques interventions simples pour que les habitants se le réapproprient et réhabilitent le lieu », à condition, évidemment, que la population s’implique. « Tout doit venir d’elle. C’est à la communauté de décider de ce qu’elle veut, même si nous pouvons aider ses membres dans le processus de consultation et de décision. » Pour pouvoir maintenir des interventions à la portée de tous, TXP a fréquemment recours au recyclage : « On aime bien détourner des objets, notamment les “ déchets ” industriels, comme les conteneurs, mais on n’est pas des intégristes de la palette, loin de là ! », s’amuse Jon.
Et, pour mieux consigner ces pratiques qui ont fait leurs preuves, Todo por la praxis passe à la vitesse supérieure et vient de fonder son propre institut du do it yourself, le DIY Instituto. Ce tout nouveau laboratoire, ouvert à tous les vents, devrait, à l’avenir, concentrer outils et techniques de co-construction. « Nous sommes encore en recherche d’un espace et d’un modèle économique, poursuit Jon. Nous aimerions nous affranchir des financements publics avec, par exemple, une souscription annuelle de 20 euros. » En attendant, le DIY Instituto est hébergé au Matadero. Il ouvre ses portes au public deux fois par semaine, lors d’ateliers de confection de mobilier urbain et de bureau do it yourself. En toute gratuité. —