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Ces paysans français soignent leurs champs en musique
mercredi, 4 juin 2014
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Ils sont une centaine dans l’Hexagone, vignerons et maraîchers, à diffuser des mélodies particulières plutôt que des produits chimiques près de leurs cultures. Incroyable, ça fonctionne !
Deux millénaires que ce champignon parasite les vignes, et toujours aucun remède pour l’en retirer. L’esca, qui a la mauvaise manie de détruire les ceps de vignes depuis au moins l’époque romaine, a un temps été combattu avec l’arsénite de soude, jusqu’à ce que produit très toxique soit interdit en 2001. Depuis, les vignerons sont démunis. Mais, depuis 2009, une poignée d’entre eux tentent de résister à l’envahisseur... en diffusant de la musique. Pour comprendre d’où vient ce remède étrange, il faut remonter à la fin des années 1960, l’époque où une gloire éphémère de la chanson nommée Evariste lançait le tube « Connais-tu l’animal qui inventa le calcul intégral ? »
Avant d’être chanteur, Evariste - de son vrai nom Joël Sternheimer - est avant tout diplômé en physique de l’université américaine de Princeton. Les bénéfices engrangés avec la vente de ses disques vont l’aider à financer ses recherches et à découvrir des liens - très complexes pour qui ne connaît pas la physique quantique - entre les protéines, molécules de base pour tous les êtres vivants, et la musique. Pour comprendre, il faut savoir que les protéines sont composées de suites de composés chimiques appelés acides aminés. « On remarque que l’enchaînement des fréquences des acides aminés lors de la synthèse des protéines présente certaines régularités, et si on fait défiler ces séries de fréquences sur un appareil de musique pour les rendre audibles, ça raconte quelque chose, il y a une régularité mélodique et harmonique », nous explique par téléphone Joël Sternheimer, qui a donné aux mélodies des protéines le nom de « protéodies ». Des mélodies qu’il suffit de diffuser pour stimuler ou inhiber une protéine et donc les fonctions de certains organismes vivants. Le physicien a déposé en 1992 une demande de brevet européen pour sa méthode baptisée « génodique ». Ce brevet sera finalement validé en 2007 après quinze ans de controverses scientifiques et juridiques.
Ci-dessous une interview de Joël Sternheimer expliquant le principe des protéodies :
L’entreprise a élargi son répertoire et vend également ses solutions à des maraîchers, comme Christian Douillard, responsable de la culture du concombre dans la serre des Trois moulins, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique) : « Les protéodies nous servent à lutter contre le champignon didymella depuis trois ans. On jette beaucoup moins de concombres et nos clients sont contents parce qu’ils voient des produits plus beaux. C’est difficile à quantifier mais on voit les résultats très vite, par exemple il y a quelques mois on a eu une panne d’un diffuseur de musique pendant trois jours et le didymella était déjà retour. »
A voir aussi :
Le reportage de France 3 Centre sur la génodique :
« Les plantes bougent, sentent et réagissent mais nous ne sommes pas capables de le voir »