https://www.terraeco.net/spip.php?article52517
Trafic de viande de cheval : l’Europe doit sanctionner la fraude alimentaire
lundi, 16 décembre 2013 / Michèle Rivasi /

Michèle Rivasi est députée européenne, vice-présidente du groupe des Verts/ALE au Parlement européen.

Revoir les règles relatives à l’étiquetage et combler le vide juridique autour de la fraude alimentaire pour que tous les maillons de la chaîne se sentent responsables, c’est ce que réclame l’eurodéputée Michèle Rivasi.

Une vingtaine de personnes ont été interpellées dans le cadre d’une enquête sur un trafic de viande de cheval impropre à la consommation dans le sud-est de la France ce lundi 16 décembre. Il faut mettre fin définitivement à ces pratiques honteuses, et Bruxelles y travaille.

En février et en août derniers, je m’étais déjà insurgée contre les trafics de viande de cheval en France et en Europe et avais souligné les risques sanitaires pour la population en raison des anti-inflammatoires – notamment le phénylbutazone, molécule toxique pour les reins et les cellules sanguines qui peut notamment entraîner des fausses couches. Les effets secondaires de ces médicaments donnés à ces chevaux font que ceux-ci n’auraient pas dû se retrouver dans le circuit de consommation.

Un courrier anonyme dénonçant ces pratiques

A la suite de ces scandales, le Parlement européen a proposé un rapport d’initiative sur la « Crise alimentaire, fraudes dans la chaîne alimentaire et lutte contre de telles pratiques », qui sera voté le 14 janvier prochain à Strasbourg.

A la différence des Etats-Unis, l’Union européenne ne dispose pas d’une définition officielle de la « fraude alimentaire », car seule la « sécurité alimentaire » est prise en compte par les textes. Il fallait donc combler ce vide juridique : c’est pourquoi les députés européens demandent à la Commission et aux Etats membres d’élargir leur approche, leurs politiques et leurs contrôles, actuellement centrés sur la santé et la sécurité, pour inclure la fraude alimentaire également.

Il est indispensable de revoir les règles relatives à l’étiquetage intermédiaire et aux négociants. Les exploitants du secteur alimentaire devraient systématiquement rapporter aux autorités compétentes les comportements frauduleux dans leur secteur. Si ce nouveau scandale de viande de cheval a éclaté, c’est uniquement parce qu’il y a eu un courrier anonyme dénonçant ces pratiques...

Producteur, transformateur, maquignon : tous responsables

Pour moi, de la même manière que pour la gestion des déchets radioactifs, tous les maillons de la chaîne impliqués dans le cheminement du produit devraient être co-responsables jusqu’à l’usage final de ce produit. C’est la seule façon de responsabiliser tous les maillons, du producteur de viande au transformateur en passant par le maquignon, pour éviter les fraudes.

D’autre part, les sanctions devraient être accrues pour arriver au moins au double des gains économiques recherchés par la fraude alimentaire, et l’agrément d’un exploitant du secteur alimentaire devrait lui être retiré en cas de récidive.

La Commission européenne devrait également adopter d’ici la fin de l’année des dispositions en matière d’étiquetage des produits transformés à base de viande, mais elle tarde à le faire. Les écologistes se battent pour que soit rendu obligatoire non seulement l’étiquetage de l’origine de la viande transformée, mais aussi l’étiquetage du mode d’élevage des animaux abattus (intensif avec utilisation d’antibiotiques, extensif en bâtiment, en plein air ou en liberté, nourris aux OGM ou pas, etc.).

Aujourd’hui, les consommateurs exigent plus de transparence et les conditions d’élevage et le bien-être des animaux sont des critères de choix dans les achats de viande, transformée ou non. La Commission sera-t-elle en mesure de l’entendre ? Nous le souhaitons vivement.