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Voyez comment l’air est pollué près de chez vous
jeudi, 14 novembre 2013 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Particules, ozone, dioxyde d’azote. La France dépasse allègrement les normes fixées par l’Europe. Pourquoi ? Et qui en fait les frais ? Découvrez, en cartes, les plus fortes zones de pollution.

Ce jeudi 27 mars, la pollution aux particules touche une fois encore la capitale.
Ce lundi 9 décembre, la région parisienne est touchée par un épisode de pollution aux particules, a annoncé Airparif, le niveau enregistré pour les PM10 (particules au diamètre inférieur à 10 microns) étant supérieur à 50 microgrammes par mètre cube d’air, le niveau dit « d’information ». Le seuil d’alerte (taux supérieur à 80 microgrammes par mètre) devrait être dépassé ce mardi. Ce seuil signifie qu’une « exposition de courte durée présente un risque pour la santé de l’ensemble de la population ou de dégradation de l’environnement, justifiant l’intervention de mesures d’urgence », comme par exemple une réduction de la vitesse des automobiles.

C’est pollué près de chez vous, c’est sûr. Le 15 octobre, l’Agence européenne de l’environnement (EEA) a publié un rapport sur la qualité de l’air en Europe et tiré le signal d’alarme. Selon elle, 90% des citadins de l’Union européenne sont exposés à des polluants nocifs à des niveaux jugés dangereux par l’Organisation mondiale de la santé. Parmi eux, les particules (PM10), l’ozone (03), le dioxyde de soufre (SO2) ou le dioxyde d’azote (NO2). Terra eco a compilé les données publiées par l’organisme européen – qui recense les enregistrements des stations réparties à travers tout le territoire (certaines en zone urbaine, d’autres périurbaines) – et vous laisse découvrir quelle pollution on respire près de chez vous.

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Comment lire cette carte ?

Une directive européenne de 2008 fixe à 40 microgrammes par mètre cube la moyenne annuelle acceptable. La carte ci-dessus montre la concentration moyenne annuelle de dioxyde d’azote dans l’air en microgrammes/m3 :

- blanc : 0 à 20
- rose pale : 20 à 30
- rose foncé : 30 à 40
- rouge : 40 à 50

Où y en a-t-il le plus ? Le dioxyde d’azote est formé à partir du monoxyde d’azote émis lors de phénomènes de combustion. En clair, on le trouve là où il y a du trafic routier (PDF) - donc dans les zones densément peuplées comme l’Ile-de-France et le sud-est mais aussi là où il y a des centrales thermiques ou des incinérateurs. A noter néanmoins : « Lorsqu’il y a du soleil, la molécule peut être dissociée. C’est donc surtout une pollution hivernale », souligne Patrick Chazette, chercheur CEA (Commissariat à l’énergie atomique) au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).

Quelles conséquences si on en respire trop ?

C’est un gaz irritant pour les bronches. Il peut favoriser des infections pulmonaires notamment chez les enfants et augmenter la fréquence et la gravité des crises d’asthme chez les plus vulnérables.

Le cas des PM10 est complexe. D’abord parce que c’est une catégorie fourre-tout qui comprend toutes les particules présentes dans l’air d’un diamètre inférieur à 10 micromètres. Parmi elles, les plus fines (PM2,5 ou PM1) qui sont aussi les plus dangereuses. Complexe aussi parce que leur origine est multiple. Ils peuvent venir de phénomènes naturels (incendies, érosion des sols), de l’action de l’homme (chauffage au bois, circulation routière, centrales thermiques…) ou encore d’une réaction chimique avec un gaz dit précurseur (NO2, SO2, etc…). Une directive européenne fixe à 50 microgrammes/m3 la valeur moyenne à ne pas dépasser par jour. Selon cette même directive, ce dépassement ne doit pas être observé plus de trente-cinq jours par an.

Une version interactive de cette carte est à consulter ici

Comment lire cette carte  ?

Nombre de jours par année où la concentration en PM10 excède le seuil légal :

- vert : de 0 à 25 jours
- orange : de 25 à 35 jours
- rouge : > 35 jours
- noir : >50 jours

Où y en a-t-il le plus ?

« C’est difficile de donner une raison unique pour la présence de PM10 dans telle ou telle région. C’est la synthèse de beaucoup de pollutions », précise Laurence Rouil, responsable du pôle modélisation environnementale et décision à l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques). On peut toutefois donner plusieurs explications. Ainsi, les vallées des Alpes sont très frappées parce que l’on s’y chauffe beaucoup au bois et puisque la vallée « forme un couvercle qui empêche la pollution de se disperser », souligne Laurence Rouil. Là-bas, c’est encore pire près des grands axes routiers.

Les particules fines peuvent même être nocives une seconde fois, lorsqu’elles sont remises en suspension. Pour cela, la météo joue un rôle important. « Lors de la canicule de 2003, on a atteint un seuil important de PM10. Pourtant le Français moyen n’a pas changé son attitude. Il n’a pas changé de voiture, il n’a pas roulé deux fois plus longtemps donc il n’a pas mis plus de polluants particulaires dans l’atmosphère. Les fortes concentrations sont surtout liées au fait que le sol desséché remet en suspension des particules existantes auxquelles s’associent des particules terrigènes (qui proviennent de la terre, ndlr) », souligne Patrick Chazette. Les vents faibles conduisent à une accumulation dans les basses couches de l’atmosphère, et donc à des concentrations élevées. Certaines régions plus propices à cette sécheresse sont donc plus touchées par les fortes concentrations en PM10, comme le pourtour méditerranéen. Reste la capacité des PM10 à se former à partir d’autres éléments, notamment les nitrates utilisées lors de l’épandage agricole. Mais « les plus fortes concentrations ne correspondent pas forcément aux zones d’émission. Il y a un effet de panache » qui ne s’arrête pas aux frontières, souligne Laurence Rouil. Ainsi, les épandages belges et allemands peuvent entraîner des pollutions dans le nord et l’est de la France.

Quelles conséquences si on en respire trop ?

Les particules, notamment les plus fines (PM2,5), pénètrent dans les voies respiratoires et s’accumulent dans l’organisme. L’impact sur la santé humaine se caractérise par des maladies respiratoires, cardio-vasculaires et un risque plus élevé de développer des cancers. A noter néanmoins, selon Patrick Chazette, « les réglementations sur ces particules sont des réglementations en extérieur. Il n’en existe pas pour l’air que vous respirez à l’intérieur. Or, ces concentrations sont nettement supérieures au seuil autorisé pour l’air extérieur. Et vous passez 80% de votre temps dans un espace intérieur (y compris dans le métro et les gares souterraines où les concentrations peuvent largement dépasser les seuils recommandés, voir notre article) ! Là, vous allez avoir les particules qui viennent de la pollution de la ville mais aussi celles liées à l’habitat dans lequel vous vous trouvez. »

Polluant secondaire, l’ozone est le résultat d’une réaction chimique à partir de gaz précurseurs. Sa formation est liée en partie à des émissions d’origine naturelle (les composés organiques volatiles émis par les forêts entraînent notamment la formation d’ozone) et en partie aux activités humaines : voitures, solvants, industries et agriculture… Une directive européenne (2008/50/CE) fixe à 120 microgrammes/m3 le maximum journalier enregistré sur huit heures. Un seuil à ne pas dépasser plus de vingt-cinq jours par an.

La version interactive de cette carte est à consulter ici Comment lire cette carte :

Nombre de jours dans l’année où la concentration en 03 excède 120µg/m3
- blanc : 0 jour
- gris clair : de 1 à 25 jours
- gris foncé : 25 à 50 jours
- noir : >50 jours

Où y en a-t-il le plus ?

Il faut du soleil pour que la réaction chimique entraîne la formation d’ozone, le sud du pays est donc davantage touché. Il faut aussi des gaz précurseurs (notamment des oxydes d’azote), qui sont plus présents dans les zones de forte densité : « Il y a donc plus d’ozone dans le sud-est de la France où l’activité humaine est plus importante que dans le sud-ouest », souligne Patrick Chazette. Mais « il faut environ deux heures pour former de l’ozone à partir des gaz précurseurs, les plus fortes concentrations d’ozone ne se trouvent pas toujours là où sont émis les précurseurs ». « On assiste à une diminution du nombre de pics d’ozone mais le niveau moyen, lui, a tendance à stagner », souligne enfin Laurence Rouil.

Quelles conséquences si on en respire trop ?

Selon le ministère de l’Environnement, l’ozone « est un gaz agressif qui provoque toux, irritations pulmonaires et oculaires. »

Le dioxyde de soufre est principalement émis par les sites de production d’énergie (raffinage du pétrole, production d’électricité par des centrales thermiques) et l’industrie manufacturière (entreprises chimiques). La norme fixe à 125 microgrammes par m3 le seuil à ne pas dépasser plus de trois jours par an.

La version interactive de cette carte est à consulter ici Légende : SO2 : Nombre de jours par année où la concentration en SO2 excède 125µg/m3
- bleu : 0 jour
- violet : 1 jour

Où y en a-t-il le plus ?

Là, l’alerte est loin. « En France, nous avons énormément réduit les émissions de SO2. Il y a des filtrages en sortie des brûleurs d’usine et on commercialise des carburants sans soufre dans l’UE. C’est un bon exemple qui montre que les moyens mis en œuvre ont été efficaces. Il y a évidement toujours un peu de SO2 qui sort, par exemple des incinérateurs, mais il y en a tout de même beaucoup moins qu’avant », souligne Patrick Chazette.


A lire aussi sur Terraeco.net : Vivre dans la pollution, un problème de pauvres ?


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