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Notre sélection de 10 livres à avoir dans vos bagages cet été
mercredi, 31 juillet 2013 / Simon Barthélémy

Enfin les vacances, enfin du temps de cerveau disponible. Voici la sélection de livre de « Terra eco » pour l’été.

POUR APPRENDRE

Non, elles n’ont pas de zizi, mais on parle bien de sexes chez les plantes à fleur. Oui, elles font des bébés – dans les fleurs, pas dans des choux. Oui, elles parlent, ou plutôt communiquent, entre elles et avec les animaux, pour attirer les insectes, par exemple. Ces questions, et quelques autres passionnantes, sont abordées avec rigueur et humour, et expliquées à l’aide d’illustrations magnifiques. L’occasion de se plonger dans un univers méconnu peuplé de 250 000 espèces. Dès 11 ans.

Alain Corbin, historien de la sensibilité, mène ici une promenade bourgeonnante d’érudition entre les représentations culturelles de l’arbre en Occident. A la fois « témoin des âges écoulés » – la découverte de la dendrochronologie, méthode pour dater les événements par l’étude des anneaux de croissance des troncs, a ébranlé les mythes du Déluge et de la Création – et symbole sacré, craint et fantasmé, l’arbre a toujours inspiré poètes, philosophes, écrivains et artistes, de Horace à Yves Bonnefoy, en passant par Henry David Thoreau, dont les pensées jalonnent ce livre.

Maître à penser de Gandhi, papa des désobéissants et des écolos, l’Américain Henry David Thoreau (1817-1862) a prôné la résistance en refusant de payer des impôts finançant la guerre des Etats-Unis contre le Mexique (1846-1848), puis en s’engageant dans les mouvements anti-esclavagistes. Il est devenu un classique grâce à son livre Walden, ou la vie dans les bois, tiré de ses années passées seul dans la forêt du Massachusetts. De cette robinsonnade jusqu’à la mort, cette biographie en BD montre en quoi être philosophe, selon Thoreau, « ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensées », mais « à mener une vie conforme à ses préceptes ».

Ici, on dit « système D ». Au Brésil, « jeitinho ». En Inde, le « jugaad » désigne l’ingéniosité dans l’adversité. Les routes sont truffées de nids-de-poule ? Kanak Das invente pour son vélo un amortisseur convertissant les chocs en énergie de propulsion. Des bébés prématurés meurent faute d’électricité ? La société chinoise Embrace conçoit un incubateur sans fil. Nécessité dans les pays émergents, « faire plus avec moins » et « intégrer les exclus » sont des principes à acclimater partout, surtout en période d’austérité. Plutôt convaincant, sauf la préface : un éloge de la frugalité signé… Carlos Ghosn, le patron de Renault !

En inventant les « cat bonds », un produit financier spéculant sur les catastrophes naturelles, le jeune loup d’une banque gravit les échelons. Mais il y sacrifie sa vie personnelle et affective. Quand le doute s’installe, il est trop tard… Le premier roman de Thomas Coppey, 33 ans, n’est pas une charge de plus contre le système. Dans le style et le jargon d’un rapport d’activité, et avec la logique implacable d’un Powerpoint, l’auteur livre un récit haletant, drôle et glaçant. Il relève à quel point l’idéologie managériale et l’obsession libérale de la réussite « impactent » la vie intime de ses acteurs, qui cherchent désespérément à être « proactifs » pour mieux « performer ».

POUR RÉFLÉCHIR

-* Le théorème du lampadaire, de Jean-Paul Fitoussi (Les Liens qui Libèrent, 20 euros).

Quand on perd ses clés dans une rue obscure, on les cherche sous le lampadaire. Quand son économie flanche, l’Europe administre des remèdes à l’inefficacité prouvée, et qui peuvent tuer le malade. Pour l’économiste Jean-Paul Fitoussi, l’austérité et la concurrence salariale mènent droit dans le mur : à quoi bon stimuler la production si les Européens ne peuvent plus consommer ? Quarante ans de dogme ultralibéral, d’indicateurs absurdes (PIB, taux d’inflation) et de construction européenne non démocratique ont sapé tout projet alternatif, déplore-t-il. Un essai incisif et éclairant.

Philippe Martin devrait prendre ce livre à la plage. Le ministre y trouvera quelques idées (taxe sur la pub, mise aux enchères de quotas pour les déchets…), avancées par de grands économistes de l’environnement (Robert Costanza, Tim Jackson, Herman Daly). Pas sûr que le gouvernement se rallie à d’autres propositions – réduire la consommation ou partager le travail. D’autres trouveront, au contraire, ce livre peu révolutionnaire – cette vision d’une économie en 2050 a déjà été lue ailleurs – ou trop « économiciste » dans sa foi en certains systèmes de marché, comme les permis de polluer.

En 2050, la France a réduit des deux tiers ses besoins en énergie, 90 % de sa production est renouvelable et ses centrales nucléaires arrêtées. En plein débat sur la transition énergétique, l’association Négawatt, constituée d’experts, publie un opuscule résumant leur dernier scénario. Il expose bien les enjeux (changement climatique, dangers du nucléaire et des gaz de schiste, fin du pétrole), les bénéfices (créations d’emplois) et les bonnes pratiques (Enercoop, Territoires à énergie positive…). Celles-ci nous rappellent que les obstacles ne sont plus techniques, mais politiques (décentralisation de l’énergie, changements de comportements). —

Vers l’autonomie alimentaire de Frédérique Basset (Rue de l’échiquier, 13 euros).

La révolution potagère est à nos portes : 42 % des Français ont un potager, contre un tiers d’entre eux il y a cinq ans. 69 % des Français possèdent un jardin, et il suffit de 400 m2 pour nourrir quatre personnes. Pour la journaliste Frédérique Basset, l’autonomie alimentaire n’a donc rien d’utopique. Son livre fait bien la synthèse des arguments pour une alimentation bio, locale et de saison – méfaits des pesticides, santé humaine… –, et des moyens pour y parvenir – permaculture, biodynamie, jardins verticaux, etc. C’est aussi un guide pratique pour se faire la main verte, du jardin en lasagnes au purin d’ortie, en passant par les fiches de cultures. —


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