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Habitat partagé : ils vont emménager, voici leur expérience
lundi, 29 juillet 2013
/ Claire Baudiffier
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A Nantes, neuf familles se sont lancées dans un projet d’habitat partagé. Avant l’emménagement prévu pour 2014, l’heure est aux discussions pratiques.
« Je t’ai apporté la recette du gâteau au chocolat dont on avait parlé. » « Qui va au Salon du bois ce week-end ? – C’est obligatoire pour ceux qui installeront un poêle ! » Un jeudi soir pluvieux de début de printemps, chacun commence à prendre place dans la salle communale de la maison des associations du quartier Saint-Joseph-de-Porterie, à Nantes.
Marie-Louise, Ronan, Franck, Bruno et les autres se retrouvent une fois par semaine. Ils discutent charpente, tarif de rachat du photovoltaïque et serrurerie. Ils ne sont ni architecte ni promoteur mais se sont lancés, il y a cinq ans – pour certains – ou plusieurs mois – pour d’autres – dans le projet d’un habitat groupé. Neuf familles (dont douze enfants) dont les membres sont âgés de quelques semaines, pour le petit dernier, à 70 ans. Toute la troupe doit emménager en janvier prochain. Les travaux ont débuté il y a quelques semaines avec le terrassement et la pose des dalles.
C’est en 2008 que l’idée de cet habitat a commencé à germer dans les esprits. Marie-Louise est l’une des dernières rescapées du projet de base. Elle s’interroge alors avec amis et anciens collègues sur le « comment vieillir ensemble et ne pas être dépendants ». « Nous voulions continuer à être actifs, et pas loin des transports en commun », précise cette retraitée au large sourire. A l’époque, le projet n’était pas intergénérationnel. Mais certains se rendent compte qu’ils ne sont pas prêts et se désistent. Le temps passe et le petit groupe, partant à la recherche des maillons manquants, passe des annonces dans la presse locale et sur Internet.
« L’idée n’est pas tant de vivre ensemble mais plutôt de construire un projet ensemble », précise Bruno, qui a débarqué dans le groupe à la fin de l’année 2011, après qu’une famille s’est désistée. Il est maintenant l’un des deux co-gérants du projet. « Ce qui nous a intéressé, mon épouse et moi, c’est de monter quelque chose de collectif, sans pour autant oublier chaque individualité. » Et cela n’est pas de tout repos. Les collectivités n’ont pas – encore – l’habitude de ce genre de projet. « Il est difficile de se faire entendre et comprendre auprès d’elles et puis au début nous avions vu trop haut, il a fallu refonder le projet pour en baisser les coûts. »
Bruno Violleau, le co-gérant du projet, conseille par ailleurs de se faire aider par un tiers pour « arbitrer les conflits du groupe. Garant du bon déroulement – respect planning, prise de décision –, il peut être un assistant à maîtrise d’ouvrage ». « L’idéal est d’avoir un bon contact avec la collectivité locale, explique Cécile Viallon, du mouvement Eco habitat groupé. En général, elle ne s’oppose pas mais est indifférente. Quant aux notaires, il y en encore peu qui comprennent comment cela fonctionne. »
L’habitat partagé en chiffres et en règles
En ce qui concerne l’aspect financier d’un habitat partagé, deux choix sont possibles, avec d’un côté des emprunts individuels où chaque ménage apportera sa contribution au groupe ou bien un emprunt collectif.
Pour le côté juridique, il existe pléthore de statuts. Parmi eux, la société civile immobilière d’attribution. Elle a pour vocation « l’acquisition ou la construction d’un ensemble immobilier, en vue de sa division par fractions, destinées a être attribuées aux associés en propriété ou en jouissance ». L’autre solution peut également résider dans la société civile coopérative de construction. Mais il n’existe pas, pour le moment, de statut idéal pour ce genre d’habitat. Ce sera peut-être le cas à l’avenir puisque le projet de loi Duflot entend favoriser le développement de formes d’habitat alternatives avec la création de deux statuts pour l’habitat participatif : la coopérative d’habitants et la société d’autopromotion.
En Suisse, l’habitat partagé représente 5% du parc immobilier et le taux grimpe à 15% pour la Norvège. En France, selon les travaux d’Emilie Cariou, de Association de développement de l’économie sociale et solidaire (Adess) de Brest, il y aurait entre 112 et 178 projets, depuis 2010, d’habitat groupé. Les régions Ile-de-France, Rhône-Alpes et Bretagne figurent en haut de la liste.
Lire « la Synthèse du recensement non exhaustif des projets d’habitat groupé en France », d’Emilie Cariou.
Un village à tous les étages
Viens chez moi, j’habite chez mes voisins
Le site Habitat groupé et solidaire de l’ouest
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