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Filtrer son eau : comment choisir parmi la flotte d’outils
mardi, 26 mars 2013 / Justine Boulo /

Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

La qualité de l’eau du robinet vous fait faire la grimace. Vous optez pour le filtre purificateur. Oui, mais lequel choisir ? « Terra eco » a pesé le pour et le contre de chaque objet.

C’est bien connu. Il ne faut pas dire « Fontaine je ne boirai pas de ton eau ». Car ça dépend de par où elle est passée, cette eau. Dans le doute, le consommateur inquiet opte pour la bouteille, certes beaucoup plus polluante mais perçue comme un rempart à toutes les cochonneries. Pas de bol, une étude de 60 millions de consommateurs et France Libertés publiée ce lundi a découvert des traces de pesticides et médicaments, dans une bouteille sur cinq.

Les experts affirment que ça ne remet pas en cause leur potabilité. Mais taratata ! Les sceptiques jetteront l’éponge, reviendront à la bonne vieille eau du robinet et s’équiperont de purificateur. Un arsenal de filtres propose de débarrasser vos fonds de pichet des parasites en tout genre.

Il suffit de laisser couler l’eau du robinet par le filtre du purificateur, et votre eau est prête à être bue. La carafe est équipée d’un filtre à charbon actif censé éliminer les microbes ainsi que les métaux lourds, les nitrates, les pesticides et herbicides.

Mais les failles ne manquent pas. L’UFC-Que choisir a réalisé des tests chez des particuliers, en avril 2010. Leur résultat est très mitigé. Dans trois cas, les carafes ne parviennent pas à filtrer le glyphosate, un herbicide. Les cartouches, qui sont traitées aux sels d’argent pour ses vertus stérilisantes, diffusent de l’argent dans l’eau, alors que le liquide du robinet n’en contient pas à la base ! Plus « absurde » encore, elles bloquent le calcium, indispensable à l’organisme : filtrer l’eau ne permet pas de séparer le bon grain de l’ivraie.

L’association remarque qu’en laboratoire, les filtres sont très efficaces car le milieu est protégé, ce qui n’a rien à voir avec « la vraie vie » des cuisines. « L’eau filtrée grouille de microbes dans la plupart des cas. C’est désastreux : sur les 31 eaux de carafe analysées, la microbiologie n’est conforme aux normes que dans quatre cas. » En somme, mettre la cartouche en place sans s’être lavé les mains ou au moment où quelqu’un tousse peut suffire à la contaminer. La carafe filtrante est en revanche assez abordable puisque les prix commencent à 20 euros, mais peuvent cependant courir jusqu’à 60 euros. Mais une fois équipé, le client doit changer de cartouche (environ 4 euros l’unité) tous les mois.

Il fonctionne comme la carafe à eau, sauf qu’il se fixe directement sur la bague du robinet. Il contient également une cartouche à charbon qui permet de filtrer en moyenne 1 200 litres. Il supprime les mauvaises odeurs en éliminant le chlore, mais aussi les pesticides, les nitrates, les métaux lourds (mercure, arsenic, aluminium, chrome...) et le plomb. Comme l’eau ne stagne pas dans un récipient manipulable – et donc n’attrape pas les cochonneries des mains qui le tripotent – la profusion microbienne n’a pas lieu comme pour la carafe. S’ils sont changés tous les trois mois, les filtres restent efficaces. Les premiers prix sont fixés à 35 euros.

Ce filtre s’installe sous l’évier, et son installation nécessite la venue d’un professionnel. Plus efficace encore que les filtres à robinet, l’osmoseur fait circuler l’eau par plusieurs étapes de purification. D’abord, le pré-filtre céramique élimine les poussières, la rouille. Ensuite, un filtre composé de KDF (dégration fluxion kinétique, qui est un alliage de zinc-cuivre) filtre les métaux lourds. La cartouche à charbon s’en prend aux bactéries, pesticides et solvants chimiques. Enfin, la micro-fibre en argent stérilise les derniers micro-organismes qui auraient survécu. Le hic, c’est le coût. Il faut compter de 150 à 1 200 euros. D’autant plus qu’il est nécessaire de changer les filtres tous les ans.

C’est sûr, il tue les microbes et les virus. Mais c’est tout ce qu’il fait. Ce petit réservoir est aussi placé sous l’évier. L’eau traverse une chambre d’écoulement. Elle est alors exposée à une lampe, enfermée dans une douille, qui émet des UV. Ces rayons irradient l’eau. Adieu les bactéries. En revanche, les métaux lourds, les contaminants chimiques ou les nitrates s’en moquent bien. Là où ça coince, c’est le passage en caisse. Comptez en moyenne 400 euros pour le traitement aux UV. Pour rappel, un simple passage à ébullition dans une casserole est un tout aussi bon antibactérien.

Les Japonais utilisent le charbon de bois blanc actif, dit « Binchotan », depuis quatre siècles. En France, son usage est encore marginal. Etant très poreux, il absorbe les contaminants en attirant les ions et le chlore. Il absorbe aussi les résidus d’herbicides et de pesticides. Et après avoir absorbé ses impuretés, il relâche le fer, le calcium et le magnésium. Il neutralise également le PH de l’eau, si bien qu’elle n’est ni acide ni basique.

Après l’avoir laissé une nuit au frais, le bâton de charbon peut purifier jusqu’à un litre d’eau. Sa capacité filtrante dure environ trois mois pour un usage quotidien. Plongé pendant dix minutes dans l’eau bouillante, il se réactive pour trois autres mois. Ensuite, il faut en changer.

Il peut être commandé sur Internet à partir de 3,70 euros (hors frais de port). Pour les fanas de design, il existe aussi la bouteille de l’Anglo-Suisse Black Blum, pour une vingtaine d’euros, ou celle de l’entreprise danoise Sort of coal, bien plus chère (85 euros).

Le truc pas bête

Economisez. Inutile d’investir des mille et des cent pour éliminer le chlore. Etant volatile, il disparaît de lui-même. Il suffit de laisser reposer l’eau à l’air libre pendant une heure.

Recyclez. Si vous optez pour un filtre, pensez à recycler vos cartouches. Certains points de vente sont équipés de conteneurs spécifiques. La marque allemande Brita a créé sur son site une plateforme de géolocalisation des magasins qui reprendront vos cartouches.