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Les avions survolent-ils Nantes exprès ?
vendredi, 14 décembre 2012
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Documents à l’appui, des opposants à Notre-Dame-des-Landes montrent que trop d’avions survolent Nantes. Certains y voient même la preuve d’un complot pour la construction d’un nouvel aéroport. Terra eco a vérifié.
Les avions qui partent et atterrissent à Nantes polluent le paysage, cassent les oreilles et risquent de s’écraser en plein centre-ville. Boutons donc l’aéroport actuel – situé à Bouguenais, juste au sud de la ville – pour en construire un, bien plus loin, à Notre-Dame-des-Landes (NDDL). Voilà les arguments (entre autres) des défenseurs du projet de nouvel aéroport.
Dans le camp des opposants, on se gratte la tête. Comment se fait-il que Nantes soit survolé si fréquemment par les avions ? Les contrôleurs aériens ne le feraient-ils pas exprès, pour agacer les Nantais et gagner les habitants à la cause du nouvel aéroport ?
Commençons par quelques données de base. Sachez d’abord qu’un avion doit toujours se poser ou décoller face au vent. C’est la règle. Sachez ensuite que la piste utilisée à Nantes est orientée sud-ouest - nord-est (dans le milieu, on dit 30°-210°C), comme le montre le schéma ci-dessous. Les avions peuvent donc se poser dans les deux sens : du sud vers le nord (QFU 03 sur le schéma), ou du nord vers le sud (QFU 21) :
(Ne vous fiez pas à la position du texte sur le schéma mais aux couleurs).
Pour éviter un survol excessif de l’agglomération, un document du service de l’information aéronautique (à lire ci-dessous) précise que pour les « Avions de tous types », « le QFU 03 (du sud vers le nord, ndlr) est obligatoire jusqu’à un vent arrière de 8 kt (l’équivalent de 8 nœuds, ou 14,8 km/h, ndlr), sauf si l’état de la piste rend son utilisation impossible ».
Pour comprendre plus précisément comment décrypter un Metar, rendez-vous ici.
« Un tiers du temps, le vent vient du sud, un tiers du temps, il vient du nord et le reste du temps, il n’y a pas de vent du tout. Donc deux tiers des avions devraient se poser par le sud. Or plus de 50% passe par le nord », souligne le pilote amateur Michel Tarin, par ailleurs membre de Solidarité Ecologie opposée au projet de nouvel aéroport. « Sur les 44 000 mouvements commerciaux annuels. Il y en a 20 000 par le Nord, 22 à 24 000 par le Sud », abonde Thierry Masson. Légère nuance pour Philippe Guigon, contrôleur aérien rennais depuis peu à la retraite. Pour lui, on aurait à Nantes : « 40% des arrivées par le nord et 60% par le sud. Comme les vents dominant viennent du sud-ouest, quand il y a trop de vent en vent arrière on ne peut pas se poser par le sud », souligne-t-il. Quoi qu’il en soit, pour Thierry Masson, de telles statistiques sont embêtantes dans la pratique de son métier : « La plupart des lignes commerciales partent ou arrivent du sud-est de la France. Les avions ne devraient donc pas à avoir à faire le grand tour par le nord, et donc pas à survoler Nantes. C’est une rallonge de 5-7 minutes en temps de vol, une rallonge de carburants, de pollution et d’argent. »
Au-delà de respecter le simple code de bonne conduite, d’autres choses pourraient être aménagées pour limiter les nuisances dans la ville. « On pourrait instaurer des descentes en continu et non en palier », suggère Michel Tarin. Cette descente en continu permet de : « consommer moins, polluer moins, créer moins de bruit et il n’y a pratiquement pas de risque de décrochage », poursuit-il. Or, la descente en continu n’aurait pas été mise, pour l’instant, en place sur Nantes Atlantique selon lui. Faux pour Philippe Guigon : « On essaye de le faire. » L’ex-aiguilleur du ciel souligne néanmoins qu’il faudrait « augmenter la pente d’atterrissage à Nantes Atlantique. Ainsi on passerait moins bas au-dessus de l’île de Nantes qui a été joyeusement lotie par Jean-Marc Ayrault. »
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