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Vous avez demandé un œuf ? Tapez votre code
lundi, 29 octobre 2012
/ Aurélie Delmas
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3, 2, 1, 0 : top départ pour le décryptage du tatouage des cocos ! Approchez de la coquille, sortez votre loupe et demandez-vous si vous préférez votre porte-monnaie ou des pondeuses heureuses.
Dans le monde des poules pondeuses comme dans celui des humains, il y a les chanceuses et les autres. Les autres, ce sont les 72 % de volailles françaises – d’après le ministère de l’Agriculture – qui passent leur courte vie collées-serrées dans d’immenses entrepôts. Les chanceuses voient, elles, la lumière du jour et, dans le meilleur des cas, sont nourries « bio ». Deux stratégies opposées pour faire parvenir près de 15 milliards d’œufs par an dans nos assiettes, soit 230 par personne, d’après le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO). Des cocos bleu-blanc-rouge à 95 %. En cas de doute, jetez un œil au tatouage de la coquille, le pays d’origine y est précisé (FR pour France, ES pour Espagne, etc.). Mais comment élire les veinards qui finiront dans votre poêle ou votre casserole ? Et si vous choisissiez justement comme critère le bien-être des pondeuses. Comment savoir si elles sont bien traitées ? Rien de plus simple : depuis 2004, le type d’élevage doit être indiqué sur tous les emballages et tous les œufs. Du numéro 3 au numéro 0 – non, il n’y pas de numéro 6 façon Le Prisonnier –, compte à rebours en jaune et blanc.
Parfois, les poules ont droit à une cour de prison : elles sont élevées « au sol », sans cage. Ce mode d’élevage – très minoritaire – leur permet de gratter le sol (la chance !). Avec un mètre carré pour neuf, elles ont un peu plus d’espace mais pas accès à l’extérieur. Comme pour les cousines en cage, aucune règle ne régit la taille de l’élevage. Vous venez de faire connaissance avec le code 2. Les ventes de ces œufs standards – de 25 à 30 centimes d’euro l’unité – ont tendance à régresser : 60 millions de moins au premier semestre 2011 qu’au premier semestre 2010.
Côté assiette, « le régime des poules, quelles que soient les conditions d’élevage, varie peu, affirme Véronique Gonnier, secrétaire générale du CNPO. Elles ont besoin de 60 % de céréales, 18 % de calcium et le reste en vitamines et minéraux ». Quant à la qualité du plateau-repas, il n’y a aucune règle. « Il peut y avoir des OGM », déplore Jonathan Fleurent, chargé d’études auprès de la Protection mondiale des animaux de la ferme.
Enfin, si vous voulez être vert jusqu’au bout du jaune, optez pour les œufs bios – nécessairement « plein air » –, qui coûtent environ 40 centimes l’unité et sont marqués du code 0. La différence entre les 2,7 millions de poules qui produisent des œufs bios et les autres ? Une alimentation issue à 90 % au moins de l’agriculture bio. Des poules écolos à qui on n’administre pas d’antibiotiques à titre préventif. Elles ne sont pas plus de six par mètre carré et de 3 000 par élevage. Et peuvent se dégourdir les pattes sur 4 m2 minimum d’espace extérieur. « En fait, si on se met dans la tête d’une poule, les conditions de vie se ressemblent entre l’élevage bio et l’élevage plein air classique », résume Jonathan Fleurent.
Qui en profite pour relativiser la valeur nutritive d’un œuf bio par rapport à celle d’un coco standard : « Il y a plus d’omégas 3 dans un bio. L’écart avec un œuf standard, c’est un ensemble fait du bien-être des volatiles et de la qualité de leur alimentation. » Alors, votre panier est-il prêt à passer son code ? —
Du vide dans la coquille
Sur les emballages, l’inscription « sur libre parcours » garantit plus d’espace extérieur et « œufs pondus en France » certifie la provenance. Mais nombreux sont les intitulés vides de sens : « œufs frais », « œufs de terroir », « œufs extras » et « œufs de nos campagnes » ne renvoient, par exemple, à aucune norme. —
Le site de la Protection mondiale des animaux de ferme