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Faire du vélo, bien moins dangereux que ne pas en faire
vendredi, 28 septembre 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Une étude de l’Observatoire régional de santé Ile-de-France l’assure : les bénéfices de la pratique du vélo sont supérieurs aux risques encourus. Alors, qu’attendez-vous ?

Entre le risque de finir sous les roues d’un camion et le bénéfice, pour la santé, de pédaler tout son soûl, votre cœur balance. Grâce à l’Observatoire régional de santé Ile de France, vous n’aurez plus de scrupules à enfourcher votre selle. L’institut vient de publier une étude réalisée en partenariat avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et l’Irmes (Institut de recherche bio-médicale et d’épidémiologie du sport) sur la pratique du vélo dans la capitale et ses abords.

Elle a pour cela imaginé trois scénarios possibles à l’horizon 2020. Dans le premier, le nombre de cyclistes doublerait – la part de déplacements à vélo pendant la semaine passerait de 2% à 4%. Dans le second, il quadruplerait et dans le troisième – peu probable – il exploserait littéralement avec 20% des trajets parcourus à bicyclette. Les auteurs ont aussi distingué deux cas : dans le premier, ce sont les usagers de transports en commun qui quittent le bus pour enfourcher leur selle, dans le second, les automobilistes laissent leur titine au garage. Dans chaque scénario, les résultats sont édifiants : les bénéfices sanitaires d’une pratique régulière du vélo (baisse du nombre de certains cancers, des maladies cardio-vasculaires, de l’obésité, de l’ostéoporose) seraient environ 20 fois supérieurs aux risques encourus (accidents, exposition à la pollution…).

Plus précisément ces gains seraient 27 fois supérieurs aux risques encourus pour le scénario 3, 24 fois pour le second et 19 pour le premier. En clair et en décodé, même si la part de cyclistes ne faisait que doubler à l’horizon 2020, les franciliens s’en porteraient drôlement mieux, sans risquer davantage de finir sous un camion. Comment est-ce donc possible ?

- Ce n’est pas parce qu’il y a plus de cyclistes qu’il y a plus d’accidents

En fait, c’est même tout le contraire. Proportionnellement, on observe moins d’accidents dans un peloton de cycliste quand il y a plus de congénères en selle dans la ville. Simplement parce que leur présence accrue rend les autres usagers de la route plus prudents. C’est le phénomène de « masse critique » ou de « sécurité par le nombre », précise le rapport. Le résultat est encore plus probant si ce sont les automobilistes qui ont abandonné leur voiture pour un deux-roues à pédales.

Ainsi, certes le nombre de blessés graves ou hospitalisés augmenterait bien de 65 à 128 si les automobilistes restaient au chaud derrière leur volant. En revanche, il chuterait si 50% des occupants de véhicules enfourchaient leur bicyclette. Dans le scénario 2 (8% de cyclistes), 58 à 184 blessés seraient ainsi évités, « les accidents prévenus grâce à la baisse de la circulation automobile venant largement compenser l’augmentation du nombre de victimes cyclistes ».

- Mais c’est bien en pédalant qu’on améliore sa santé

En 2020, calcule l’Observatoire et selon le scénario effectif, entre 244 et 2 132 « affections de longue durée » seraient évitées par un simple pédalage régulier. Tandis qu’entre 61 000 et 540 000 personnes seraient soumises à un stress moins élevé.

- Des inégalités de territoire

Le rapport risques-bénéfices est néanmoins un peu moins avantageux pour les habitants de la capitale même. Simplement parce qu’ils sont confrontés à un risque plus important d’accidents que leurs voisins de la petite et de la grande couronne. Et le bénéfice sanitaire est aussi, pour eux, moins important : plus exposés à la pollution, ils risquent de développer davantage de maladies respiratoires. Néanmoins, assure l’étude « le risque (lié à l’exposition aux particules fines PM2,5 nldr) reste cependant négligeable vis-à-vis du bénéfice dû à l’activité physique ».

- De mieux en mieux

Malgré cela, une pratique accrue de la petite reine ne peut qu’améliorer les choses. Si l’on en croit l’étude, l’extension des deux-roues sans moteur ferait baisser drastiquement le nombre de kilomètres parcourus en voiture chaque année (entre 41 millions et 2,4 milliards en moins selon les scénarios ) – donc la probabilité d’accident –, chuter l’émission de particules fines (entre 900 kilos et 51 tonnes en moins par an) donc le risque de maladies respiratoires. Et la planète dans tout ça ? Elle s’en portera elle aussi mieux puisque les émissions de gaz à effet de serre chuteraient de 10 500 à 577 000 tonnes d’équivalent CO2 par an si les franciliens voyageaient plus souvent à la force de leurs mollets.


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