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Land Rover s’aventure en terrain glissant
lundi, 27 avril 2009
/ Emmanuelle Walter
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En un an, les ventes de la marque en France ont chuté de moitié. Du coup, le fabricant de 4x4 mise sur les bonnes actions vertes. Un choix périlleux.
Comment aider au développement de l’énergie éolienne en Inde, à stopper la déforestation en Ouganda ou à faire prospérer la bioénergie chinoise ? C’est simple : achetez un 4x4 Land Rover, la marque britannique propriété de l’indien Tata depuis 2008, et vous participerez à la sauvegarde du globe. Par quel miracle ? La compensation carbone, pardi ! Dès 2006 au Royaume-Uni et depuis janvier en France, les acheteurs de Land Rover mettent en moyenne 200 euros de plus au pot, et financent ainsi des programmes d’énergie propre censés neutraliser les rejets des 75 000 premiers kilomètres de leur véhicule. Et puisque ce « droit à polluer » a mauvaise presse, la marque travaille aussi à réduire ses émissions lors de la fabrication des voitures. Autre effort : les Land Rover devraient, en 2009, consommer moins et passer à 6,8 litres aux 100 kilomètres au lieu de 7,5.
Plus loin, Land Rover vante son usine « certifiée ISO 14 001 » et ses véhicules recyclables à 85 %. Ici, on est en flagrant délit de greenwashing : la certification ISO 14 001, « tous les grands pollueurs – l’industrie de la chimie, du ciment – l’ont », fait remarquer Thomas Mansouri. Quant au chiffre de 85 % de matériaux recyclables… c’est celui imposé par la réglementation européenne ! En revanche, les deux ONG accordent un 20/20 à l’un des projets financés par Land Rover via l’organisme Climate Care qui consiste à installer des milliers de fours domestiques performants en Ouganda. Objectif : freiner la déforestation.
Côté réduction de la pollution à la source, lors de la fabrication, les chiffres parlent : en dix ans, 30 % de CO2 en moins, des déchets en baisse, davantage de ferroutage, deux éoliennes dans l’usine de moteurs. Bien, mais il manque quelque chose. Le bilan carbone de l’entreprise, tout simplement ! Il ne figure nulle part dans les six textes. Directeur général de Land Rover France, Marc Luini reconnaît que « le chiffre y aurait eu sa place ».
Mais l’information la plus étonnante de ces six publirédactionnels se cache dans cette phrase. « Land Rover entend parvenir à produire d’ici à 2012 des véhicules 4x4 émettant 120 g de CO2 [par kilomètre, ndlr] pour une consommation inférieure à 5 litres aux 100 km. » Anne Valette, chargée de la campagne climat chez Greenpeace France, est d’abord stupéfaite : « La réglementation européenne est fixée à 130 g d’ici à 2015. Un fabricant de 4x4 ferait mieux ? Chiche ! » Au Réseau Action Climat, on décortique la phrase : « " Des véhicules 4x4 ", ça ne signifie peut-être pas toute la flotte Land Rover… » Gagné. Ce seuil de 120 g sera « introduit progressivement », reconnaît-on à Land Rover France. Autre cruelle déception : le fabricant a obtenu, « après un lobbying intense auprès du gouvernement britannique » (dixit Greenpeace Europe) d’échapper en tant que « petit constructeur » à la réglementation européenne...
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