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De l’amour à l’écologie, BASF papillonne
jeudi, 29 décembre 2011
/ Emmanuelle Vibert
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Quand le leader mondial de la chimie tente de se faire passer pour un Cupidon bienfaiteur de l’humanité, les écolos le rembarrent. Mais même les pubeux trouvent qu’il en fait des tonnes.
Prêts pour quelques secondes de super gnangnan ? Alors regardez le spot télé de BASF. Des images, bien cliché, d’un couple qui s’embrasse, d’autres d’une cellule qui se divise pour devenir un cœur rouge et une voix off aux modulations infantilisantes, comme on n’en ose plus dans les dessins animés pour les moins de 3 ans. Voici ce qu’elle nous dit : « Si l’amour est une réaction chimique, nous croyons alors que la chimie a de grandes chances de faire de ce monde un endroit plus harmonieux. (…) Expérience après expérience, elle œuvre pour que le sparadrap finisse par aimer l’eau, que le blé survive aux insectes ravageurs, que les familles aient moins peur des factures d’énergie, pour que les voitures et les centres-ville cohabitent mieux. » Pitié, n’en jetez plus.
L’entreprise souhaite en effet mettre sur le marché, en 2014 ou 2015, une patate OGM résistant au mildiou. Elle vient d’amorcer les démarches d’homologation au niveau européen. Mais selon le directeur de la communication de BASF France, la campagne de com n’est pas là pour faire passer les futures frites transgéniques : « C’est un hasard de calendrier », affirme Philippe Krasnopolski. Comprend-il que cela puisse en choquer certains ? « C’est un problème pour les ONG, tranche-t-il, mais pour les gens qui crèvent de faim dans le monde, les OGM sont une solution. » Et surtout, le communicant regrette « le manque de véritable dialogue » entre ces organisations et les entreprises. Avant de lancer : « La chimie a pu être un problème pour l’environnement dans le passé, elle peut aujourd’hui être une solution. »
« Le discours est tout aussi caricatural que les images. Désolé BASF, mais où sont donc les preuves de cet engagement annoncé ? Quelles sont les démarches effectivement mises en place pour améliorer les process et les produits ? Que faites-vous pour le bien-être de vos salariés ? Comment traitez-vous vos sous-traitants, etc. ? Le tout doit être agrémenté de réalisations concrètes, chiffrées, locales mais ayant du sens pour l’ensemble des parties prenantes, au niveau mondial. Ce n’est pas facile à faire, c’est vrai. Mais cela devrait quand même être possible, non ? »