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J’ai testé… Enercoop
mercredi, 25 mai 2011 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

Contre EDF et sa passion pour l’atome, j’ai choisi un petit concurrent qui garantit d’injecter des électrons verts dans les tuyaux. Dispositif écolo, inscription facile, pourquoi tout le monde ne s’y met pas ?

J’ai un tuyau pour vous, copains junkies de l’électron ! Vous voulez changer de dealer ? Cesser de vous fournir auprès du même électricien ? Alors, foncez chez Enercoop, une coopérative qui regroupe des producteurs et des consommateurs d’énergie 100 % renouvelable. Souscrire un abonnement à Enercoop ne signifie pas qu’il n’y a que des électrons verts au bout de mes prises électriques. Car, dans le réseau, tous les électrons – issus du solaire, de l’éolien ou d’une centrale nucléaire – se mélangent. Mais Enercoop s’engage à y injecter autant d’électricité renouvelable que ce que consomment ses 9 000 consomm’acteurs, et à réinvestir d’éventuels bénéfices dans des moyens de production propres. La société coopérative œuvre donc au rééquilibrage du bouquet énergétique de la France, môssieur ! Petit rappel : l’électricité est d’origine nucléaire à 80 % en France, 14 % provient de l’hydraulique, 5 % de l’éolien et 1 % d’autres sources d’énergie. En adhérant à Enercoop, chacun fait sa part, comme le colibri quand il tente d’éteindre l’incendie dans la forêt. Ni plus, ni moins.

Des sociétaires plutôt que des clients

L’idée vous tente mais la perspective de tracas administratifs vous freine ? Franchement, on a vu démarche plus complexe. Ici, un simple formulaire suffit : on l’imprime à partir du site internet de la coopérative, on le remplit, on l’envoie et basta ! On n’appelle jamais son ancien dealer, Enercoop s’en charge. Et pour ceux qui voudraient en faire plus, la coopérative propose de devenir sociétaire, ce qui change intellectuellement pas mal de choses par rapport au statut de client, comme le fait de se prononcer sur le devenir de la boîte.

Bien sûr, pour que la petite coopérative taille des croupières à EDF, tout ce que la France compte d’écolos devrait changer de fournisseur d’électricité. Et ça, c’est pas gagné. D’abord parce qu’à l’origine, un seul dealer d’électrons, EDF, avait le droit de vendre sur le marché français. Depuis le 1er juillet 2007, les particuliers peuvent changer de crèmerie. Et une poignée de concurrents se sont mis sur les rangs : GDF Suez, Poweo, Direct Energie, Enercoop… Mais la ruée vers ces pionniers n’a pas eu lieu. Avouons que l’électron nucléaire demeure moins cher et qu’on change difficilement de dealer. C’est affectif.

Ensuite, il faut reconnaître qu’Enercoop brille par sa discrétion. Même dans les assemblées les plus dévouées à l’écologie, les statistiques se révèlent terrifiantes : à peine 10 % de ces convaincus ont changé d’opérateur énergétique. Après quatre ans d’existence confidentielle – et parfois chaotique –, la coopérative affiche, pour une cinquantaine de producteurs, 9 000 consommateurs et 5 000 sociétaires.

Soit autant de souscripteurs qui ne sont pas refroidis par les tarifs d’Enercoop. A puissance égale – en l’occurrence 6 kilovoltampères –, EDF vend son kilowattheure 11,52 centimes d’euros TTC contre 14,61 centimes chez Enercoop. Eh oui, 27 % plus cher. Alors, pour ne pas sentir sa facture s’alourdir, le deal est clair : il faut économiser. Une solution d’avenir d’autant que les tarifs d’EDF vont continuer à augmenter. C’est une promesse de la récente loi régulant le marché de l’électricité.

Un ordi, un lave-linge et une radio

Donc, pas une minute à perdre pour se lancer dans la chasse au gaspi. Personnellement, j’évite les consommations électriques superficielles : exit presse-agrumes, machine à pain, appareil à raclette et j’en passe. Quant à la consommation électrique résiduelle, elle est facile à traquer : hormis le radio-réveil, zéro équipement en veille. En journée, j’éteins mon boîtier internet haut débit (ces 23 millions d’appareils correspondent à 1 % de la consommation électrique nationale). Je bannis chauffage et chauffe-eau électriques – ce qui est vrai, dépend de ma proprio, que j’embrasse – et j’affiche une consommation modérée avec seulement un ordi, un lave-linge, une radio, et surtout deux plaques de cuisson.

J’ai personnellement investi 190 euros – oui, je sais, c’est un truc de bobo – dans sept ampoules à LED qui remplacent avantageusement mes fluocompactes. Oui, elles m’ont ruinée mais je compte bien ne pas les changer de mon vivant ! Enfin, les bricoleurs peuvent aussi s’adjoindre les services d’un majordome de l’électricité, comme le boîtier Wattson. Mais en France, il faut, pour l’installer, défoncer le boîtier scellé d’EDF, ce que je n’ai pas fait bien sûr, pour se connecter à la ligne. Objectif : 40 % d’économies sur la note.

Forte de ma souscription à Enercoop et de mon pistage du gaspillage, ma facture atteint désormais 24 euros par mois (dont 9 d’abonnement). Qui dit mieux ?

- Le site d’Enercoop