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Une informatique « verte » est possible
vendredi, 4 mars 2011 / Frédéric Bordage (greenit.fr) /

Expert en Green IT et animateur du site greenit.fr

En sortant de l’ère du jetable, nous pouvons diviser par 4 l’empreinte écologique des équipements électroniques et les rendre plus respectueux de l’homme et de l’environnement. Prêt à modifier vos habitudes de consommation ?

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) polluent et épuisent les ressources en matières premières. Quoi que nous fassions, l’empreinte écologique des ordinateurs, téléphones, et autres matériels électroniques sera toujours négative. Nous pouvons cependant la réduire par 4. Pour cela, nous devons sortir de l’informatique « jetable ».

Les directives européennes poussent les fabricants vers l’éco-conception de leurs matériels. Certains dépassent ces obligations légales en éliminant des substances chimiques toxiques comme le PVC que la loi n’interdit pas (encore) ou en recyclant une partie des matériaux pour entrer progressivement dans l’économie circulaire. D’autres, comme Fujitsu et NEC, n’hésitent pas inventer de faux éco-labels pour rendre leurs produits plus « vert ». Mais même lorsqu’il sont réels, ces progrès restent insuffisants.

Obsolescence programmée

L’impact écologique d’un matériel électronique se concentre en effet lors de sa fabrication et de sa fin de vie. L’ordinateur le plus « vert » est donc celui que l’on ne fabrique pas et que l’on ne jette pas. C’est celui qui « dure ». Il faut donc allonger sa durée vie. C’est à dire passer de 2,5 ans en moyenne aujourd’hui à 10 ans. On divisera alors mécaniquement son empreinte écologique par 4. La durabilité passe par la qualité des composants et de la fabrication, l’évolutivité, l’extension de la garantie et la qualité du service après-vente. La majorité des fabricants ne travaillent pas sur ce sujet, car il est en totale opposition avec leur modèle économique du « jetable » basé sur l’obsolescence programmée et le plus bas prix.

En privilégiant le recyclage des matériels au détriment de leur reconditionnement, les pouvoirs publics n’incitent pas les fabricants à sortir du modèle « jetable ». Pourtant, un simple texte de loi allongeant la durée de l’amortissement comptable d’un ordinateur de 3 à 10 ans pousserait la majorité des entreprises à utiliser leur matériel informatique plus longtemps. Car il aurait encore de la valeur. L’Etat et les fabricants et ne sont pas les seuls à pouvoir agir. Les éditeurs de logiciels sont les premiers responsables de l’obsolescence de matériels parfaitement fonctionnels. La puissance nécessaire pour pouvoir faire fonctionner leurs logiciels (mémoire, processeur) double, en moyenne, tous les deux ans.

Des alternatives existent

Enfin, les consommateurs peuvent, eux aussi, contribuer à allonger la durée de vie du matériel en l’utilisant plus longtemps et en privilégiant un équipement reconditionné ou « durable » lors d’un nouvel achat. Basé à Lyon, l’éditeur DotRiver propose de donner une seconde vie aux postes de travail en les transformant en terminaux à l’aide de logiciels open-source. A Bidart, Meta-IT propose un ordinateur éco-conçu, fabriqué en France, facilement réparable et garanti 6 ans.

Nous avons les solutions pour diviser par 4 l’empreinte écologique des équipements électroniques. A chacun de prendre ses responsabilités et de traduire les belles paroles en actes concrets. Mais accepterons-nous de payer 2 fois plus cher un ordinateur qui fonctionne 3 fois plus longtemps ? Accepterons-vous de payer plus cher un matériel fabriqué dans des conditions de travail décentes ? C’est toute la question.

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