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Jamie Oliver
mercredi, 22 décembre 2010

Le chef cuisinier britannique, 35 ans, est un révolutionnaire à feu doux.

« Malheureusement, au cours des dix-huit prochaines minutes, le temps qu’il me faudra pour prononcer ce discours, quatre Américains vont mourir à cause de la nourriture qu’ils mangent. Je m’appelle James Oliver. J’ai 34 ans. Je suis originaire de l’Essex en Angleterre et au cours des sept dernières années, j’ai travaillé sans relâche à sauver des vies à ma façon. Je ne suis pas médecin, je suis simplement cuisinier. »

Ce jour-là, le chef aux mèches rebelles et aux yeux bleu vif, qui vend dans son pays presque autant de livres de cuisine que J.K. Rowling d’exemplaires d’Harry Potter, affrontait un public d’hommes et de femmes riches et influents. Et qui n’ont pas de problèmes de poids. Ce 9 février 2010, Jamie Oliver cherchait à convaincre l’élite réunie à l’occasion de la conférence TED du bienfait de sa révolution alimentaire initiée en Grande-Bretagne et exportée aux Etats-Unis. Lauréat du prestigieux prix TED, doté d’un gros chèque de 100 000 dollars (75 400 euros) qui permet de concrétiser un vœu, le cuistot était venu exprimer son souhait pour l’année à venir. Son objectif : créer un mouvement qui permettra à chaque enfant d’apprendre comment et quoi manger, qui encouragera les familles à faire la cuisine au lieu de se gaver de fast-food et motivera les troupes à lutter contre l’obésité.

Comment Jamie Oliver combat-il ce fléau dans un pays où les frites sont considérées comme des légumes frais ? En s’incrustant dans les cantines des écoles publiques, armé de quelques recettes de cuisine et d’accusations assassines du type : « Vous êtes en train de tuer vos enfants. » Si les parents et les directeurs d’école sont constamment humiliés pour leur manque de jugement, le cuisinier fait aussi le procès de l’industrie de la restauration rapide et des tout-puissants lobbies de l’agroalimentaire qui, pour s’enrichir, engraissent le pays sans le moindre scrupule. Sa recette pour combattre l’obésité est pourtant simple : apprendre à chaque enfant, avant qu’il ne quitte les bancs de l’école, à cuisiner dix plats qui lui sauveront la vie.

En « prime time » dans les cantines

En 2010, « Jamie’s Food Revolution », son programme télévisé, diffusé à heure de grande écoute sur la chaîne ABC, avait ciblé Huntington, ville de Virginie-Occidentale où l’obésité flirte avec les 50 %. Le public en redemande même si la méthode de Jamie Oliver ne convainc pas tout le monde : 77 % des élèves de l’école que le chef espérait convertir aux joies de la nourriture saine déclaraient par exemple « détester » les plats qu’il leur concoctait. Face au succès, ABC s’est engagée à financer une deuxième saison pour 2011.

Et cette fois, Jamie Olivier a jeté son dévolu sur Los Angeles, la mégalopole californienne où les habitants n’ont pas tous la silhouette svelte d’une Cameron Diaz. Sauf que les autorités de l’Etat et le « Los Angeles School District » en particulier n’ont pas l’intention de laisser Jamie Oliver faire la loi dans les cantines de ses écoles. « Non merci. Allez voir ailleurs », lui a-t-on gentiment signifié. Mais Jamie ne lâche pas prise et promet de contourner la bureaucratie. Le prochain épisode ? En janvier, le chef pose comme prévu ses valises dans la Cité des Anges, accompagné de sa femme et de leurs quatre enfants. La révolution est en marche. —

- Le site de Jamie Oliver