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Il y a 3 400 litres d’eau dans votre kilo de riz
lundi, 12 juillet 2010 / Tristan Lecomte (Alter Eco) /

Né en 1973 à Reims (Marne), Tristan est diplômé de HEC. Il a fondé Alter Eco en 1998. En 2008 il lance Pur Projet. Tristan vit en Thaïlande près de Chiang Mai depuis 2010 et chronique pour Terra eco depuis 2009.

Les Français sont de « petits » consommateurs de riz. Environ 7 kilos par tête et par an. Mais au fait, savez-vous que cette céréale est très consommatrice d’eau ? La preuve : on trouve 3 400 litres d’eau (virtuelle) dans un seul kilo de riz.

Le riz est une culture qui nécessite beaucoup d’eau. Il implique aussi une bonne gestion des niveaux d’eau dans les rizières. Une fois la céréale plantée, le producteur va constamment contrôler le niveau d’eau dans ses rizières pour assurer une bonne récolte à terme. Dans le nord de la Thaïlande, les rizières sont situées à flanc de coteau ou dans les plaines où s’écoule l’eau des pluies qui se sont déversées dans les forêts de montagnes alentours. Les sommets sont constamment dans les nuages à partir de juin et ceci marque le début de la plantation du riz. Les précipitations deviennent quasiment ininterrompues sur les sommets et l’eau s’écoule le long des flancs de collines pour irriguer toutes les rizières où les petits producteurs régulent les arrivées. C’est quand l’eau arrive que l’on transplante le riz.

La bonne gestion des forets sur les montagnes est donc une condition nécessaire à la bonne irrigation des rizières en aval. Si l’on déforeste les sommets, on obtient moins de précipitations régulières, on aboutit aussi à une dégradation des sols, des glissements de terrain et coulées de boue et une dérégulation des cours d’eau. Ceci est non seulement dommageable à la biodiversité qui avait trouvé refuge dans la forêt mais aussi aux petits producteurs en aval qui n’ont plus accès a des ressources régulières et régulées en eau et en sédiments pour leurs productions agricoles.

L’écosystème se dégrade et avec lui les rendements agricoles. Ainsi le riz est-il comme toute culture agricole fortement dépendant de son écosystème global. On ne peut le considérer séparément et palier au manque uniquement avec des moyens chimiques ou des barrières artificielles. Il faut compter avec la nature et prendre en compte son écosystème globalement si l’on veut valoriser durablement sa culture. Il faut préserver les forêts dans les montagnes si l’on veut continuer à cultiver du riz dans les plaines. C’est un cas que l’on retrouve pour toutes les cultures agricoles, et qui résonne comme une évidence. Pourtant, on a souvent l’impression que l’on a voulu couper ce lien et s’émanciper de cette interdépendance par l’agriculture intensive « moderne ». « La technique peut mieux faire que la nature », « le chimique surpasse le naturel », nous dit-on... Mais ce mythe Prométhéen n’a rien de durable et trouve de plus en plus ses limites sur le terrain, il est urgent d’en prendre conscience pour la Terre et pour nos enfants.

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