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5 pistes pour lutter contre la marée noire
lundi, 10 mai 2010 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Cheveux, éponges miniatures, etc. Pendant que BP tâtonne, « Terra eco » passe en revue les solutions plus ou moins prometteuses pour enrayer la progression de la nappe de pétrole dans le Golfe du Mexique.

- Le dôme de confinement : la solution qui n’a pas fait ses preuves

BP comptait sur cette structure en acier et en béton de 12 mètres de haut et d’une centaine de tonnes, qualifiée de « meilleure solution à court terme », pour endiguer la fuite et recueillir le pétrole qui s’échappe du puits, un bateau-pompe relié au dôme ayant pour mission d’aspirer le brut. Mais c’était sans compter sur les hydrates de méthane (dangereux car hautement inflammables) qui ont commencé à boucher l’ouverture du dôme, contraignant les ingénieurs de BP à le déplacer ce week-end à 200 mètres de la fuite. Le géant pétrolier s’efforce aujourd’hui de dissoudre ces hydrates mais surtout de trouver un moyen d’empêcher leur formation note le Wall Street Journal qui précise qu’il s’agit de la première fois qu’un dôme de confinement est mis en place à une telle profondeur (plus de 1 500 mètres).

- Les dispersants chimiques : la solution controversée

Le sujet fait couler beaucoup d’encre. Alors que 960 000 litres de dispersants chimiques ont déjà été déversés dans le Golfe du Mexique dans l’espoir d’endiguer la progression de la nappe de pétrole, les écologistes résument le dilemme en ces termes : faut-il prendre le risque d’épargner au maximum les côtes et notamment les marécages de Louisiane, véritable sanctuaire pour la faune et la flore, en sacrifiant en revanche les fonds marins qui seront affectés sur le long terme par cette invasion de produits toxiques ? Le Washington Post constate que la question est d’autant plus légitime qu’aucune étude scientifique n’a pu encore démontrer les effets de ces dispersants à une telle profondeur.

- Des cheveux contre la marée noire : la solution écolo

Éponger le pétrole qui pollue les côtes du Golfe du Mexique à l’aide de barrages de fortune fabriqués à partir de vieux bas nylon remplis de cheveux ou de poils de chiens : la méthode parait farfelue mais Matter of Trust, une petite ONG de San Francisco, qui organise une gigantesque collecte auprès des coiffeurs et autres salons de toilettage du pays jure que cette technique low-tech a fait ses preuves. En novembre 2007, la méthode avait été utilisée pour nettoyer les côtes de la Baie de San Francisco souillées par le fioul qui s’échappait du Cosco Busan, porte-conteneurs qui avait heurté par mégarde le Bay Bridge, pont qui relie San Francisco et Oakland.

- Les nanoéponges : la solution futuriste

Le site New Orleans Tech regarde vers l’avenir et estime que cette catastrophe représente peut-être l’occasion de tester des technologies qui n’ont fait leurs preuves qu’à l’échelle du labo. Souvent comparées à des nids d’abeille parce qu’elles retiennent les impuretés dans leurs milliers de micro cavités, les nanoéponges, constituées de nanoparticules de fer, ont la particularité d’élimer les polluants indésirables de l’eau, note un article publié sur le site du réseau Sciences et développement. Et elles sont déjà testées pour résoudre les problèmes de pollution de l’eau. Mais les défis technologiques restent énormes sans compter que la production de nanomatériaux en quantité suffisante coûte très cher. La marée noire a donc tout le loisir de s’étendre avant que cette technologie ne fasse ses preuves.

- « No drill, no spill » : la solution à long terme

Lorsqu’on interroge Jacqueline Savitz, directrice des campagnes d’Oceana, une organisation environnementale américaine qui milite pour la protection des océans, sur la manière la plus efficace de réduire la nappe de pétrole qui pollue le Golfe du Mexique, elle n’hésite pas une seconde. « Il n’existe qu’une seule manière efficace et cela s’appelle la prévention. No drill, no spill (Pas de forage, pas de fuite, ndlr), c’est aussi simple que cela », assure-t-elle. Nombreux sont également ceux à se demander quelles sont les leçons qui ont été tirées plus de deux décennies après la marée noire causée par l’Exxon Valdez en Alaska. L’enseignement principal de ce désastre environnemental est que les hydrocarbures enfouis dans les sédiments ne sont pas prêts de disparaître.