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Les Brèves

S’il est élu, Hollande ne fermera que Fessenheim

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  • Benh oui, malgré les milliards déversés sur l’éolien et la filière photovoltaïque, ces énergies ne fournissent que 2 % en moyenne de la production électrique.

    Donc vu le niveau d’endettement (env 90 %), on ne va pas en plus arrêter des unités productives et compétitives.

    27.01 à 17h13 - Répondre - Alerter
    • « Le rêve socialiste n’est pas ce qu’il faut à la France »
      De toute façon, pour le premier ministre, « le rêve socialiste n’est pas ce qu’il faut à la France ». Avant lui, Jean-François Copé a accusé François Hollande de préférer « quelques points dans les sondages à l’intérêt de la France ». Le candidat socialiste a laissé entendre que des « marges » existaient dans le secteur de la Défense nationale pour supprimer des postes et permettre ainsi de d’en créer 12 000 de plus par an dans l’Education nationale. « Pour la gauche, l’armée est donc bien une variable d’ajustement budgétaire, alors que nous vivons dans un monde incertain, alors que la défense de nos valeurs et de nos intérêts exigent des capacités d’intervention fortes », s’est indigné le secrétaire général de l’UMP.

      Jean-François Copé, dont les relations ne sont pas au mieux avec Alain Juppé, a profité de l’occasion pour « saluer » la performance du ministre des Affaires Etrangères « qui a réussi à démontrer jeudi soir avec le talent qui est le sien l’irresponsabilité financière de François Hollande ». Il a aussi dénoncé sans citer les Verts « des alliés électoraux haineux qui veulent brader un à un tous les atouts de notre pays ». Et comme François Fillon, il avait préparé une citation du « vrai » Shakespeare pour illustrer le thème de la campagne de Nicolas Sarkozy : « J’ai assez de courage. Je ne crains pas la tempête, elle a fait ce qu’elle pouvait me faire de pire ».

      Mais le « pire » est-il passé ? C’est la conviction que Jean-Pierre Raffarin, maître des cérémonies du Conseil national, a voulu transmettre aux cadres de l’UMP. L’ex-premier ministre a ouvert la séance pleinière sur ce « terrible mois de janvier ». Un « mois qui ment », selon lui : « En janvier 1981, on avait gagné. En janvier 1995, on avait perdu. » Dans les deux cas, les sondages de l’époque se sont trompés.

      29.01 à 12h01 - Répondre - Alerter
    • Les scénarios écartant le nucléaire du futur mix énergétique mondial tablent sur un très haut niveau de sobriété énergétique et un développement exponentiel des énergies renouvelables pour boucler le bilan planétaire. Au vu des réalités techniques, économiques et sociales du monde contemporain, ces hypothèses apparaissent tout à fait irréalistes et risquent de demeurer des vœux pieux. L’avenir énergétique et climatique de la planète ne doit pas reposer sur ce qui pourrait bien se révéler comme des paris illusoires

      *Comme le montrent les études élaborées par les organismes internationaux, faire face au défi énergétique et préserver le climat c’est mettre en œuvre trois démarches complémentaires : économiser l’énergie, développer les renouvelables, développer le nucléaire. Si l’on écarte un des termes du triptyque, le système n’est plus à la hauteur des enjeux.

      *C’est pourquoi il est absurde d’entretenir la guerre des énergies et d’opposer énergies renouvelables et nucléaire. Ce n’est pas en termes de substitution mais d’addition qu’il faut raisonner. Car vu la situation mondiale, c’est seule l’addition renouvelables + nucléaire qui peut permettre d’opérer à une échelle suffisante la seule substitution qui vaille : celle des énergies fossiles par les énergies non émettrices de CO2.

      *Si nous voulons transmettre à nos enfants un monde à peu près vivable, le véritable défi est de sortir du « tout–fossile ». Agir efficacement en ce sens suppose que le nucléaire tienne toute sa place dans le bouquet énergétique de demain.

      30.01 à 14h41 - Répondre - Alerter
      • Aucune des grandes sources électrogènes (charbon, pétrole, gaz, hydraulique, nucléaire) ne peut se prévaloir du risque « ZERO ». Elles doivent donc être évaluées comparativement à travers une question fondamentale que toute communauté humaine est amenée à se poser : pour parvenir au même objectif, en l’occurrence l’obtention d’électricité, quelle est l’énergie la moins pénalisante pour la vie et l’intégrité physique des individus ? Le bilan mondial établi au bout de 50 ans d’exploitation de ces énergies montre sans équivoque qu’il s’agit du nucléaire.

        *Ce constat est illustré, entre autres, par l’étude de l’Académie française de Médecine « Evaluer les risques pour la santé des choix énergétiques », Recommandation du 1 /7/2003) établissant que, de tous les grands moyens de production d’électricité, c’est le nucléaire qui a « le plus faible impact sur la santé par kilowattheure produit ». Bien d’autres études corroborent cette conclusion (1). Elles tiennent compte, précisons-le, de l’accident de Tchernobyl (de l’ordre de 4000 morts estimés et de très nombreuses maladies induites). La prise en compte de l’accident de Fukushima-Daiichi ne changera pas le résultat des comparaisons.

        *Sans entrer dans le détail des statistiques, on relève que les accidents dus à l’exploitation des énergies fossiles et à l’hydraulique coûtent chaque année entre 12 000 et 15 000 morts parmi les travailleurs et les personnes du public (hors maladies et hors accidents de la circulation). Rien de tel avec le nucléaire dont les dommages s’établissent à un niveau très inférieur, avec un nombre d’accidents mortels limité à quelques personnes pour ce qui concerne les réacteurs de technologie occidentale – et avec des détriments sanitaires relativement limités touchant les mineurs d’uranium. - Voir références en note (1)

        *Cette moindre « dangerosité » du nucléaire par rapport aux énergies traditionnelles tient à deux raisons essentielles :
        - Le nucléaire manipule et transporte des matières, certes potentiellement dangereuses, mais de volumes infiniment plus réduits que les énergies fossiles : là où sont requises, par exemple, des millions de tonnes de charbon ou de pétrole, le nucléaire, pour une production d’électricité égale, n’a besoin que de quelques centaines de kilos d’uranium. Cette énorme différence d’échelle réduit considérablement l’ampleur des opérations à effectuer et permet une meilleure maîtrise des risques aux différentes étapes de la filière.

        - Le risque nucléaire se manifeste quasi exclusivement par l’exposition aux rayonnements (même s’il ne faut pas exclure des risques de réaction explosive susceptible de faire des victimes directes dans certains laboratoires ou usines – mais ce cas de figure est rarissime). L’organisation de la protection contre cette radioactivité est, dans la plupart des cas, plus efficacement gérable et mieux maîtrisable que les dangers multiples inhérents aux énergies classiques. Ces dangers sont diversifiés, renvoyant principalement à quatre types d’accidents pouvant être particulièrement dommageables : coups de grisou, explosions, incendies, ruptures de barrages. Les dommages entraînés par ces énergies sont d’autant plus lourds que les quantités de matières extraites, manipulées et transportées sont énormes et impliquent un très grand nombre de personnes et une très grande multiplicité d’opérations.

        *Compte tenu de ces réalités techniques, et sans méconnaitre les risques liés au nucléaire – la SFEN n’a jamais écarté la possibilité d’accidents graves intervenant sur les installations – on ne peut que juger outrancières et malvenues les proclamations désignant le nucléaire comme une énergie à part, présentant un risque « inassumable », un péril « inacceptable et incalculable » par rapport aux dangers que font courir les autres énergies. Certes, un grave accident nucléaire peut contraindre à l’évacuation de milliers de personnes de zones radioactivement polluées. Mais ces cas sont extrêmement rares et... il ne faut pas perdre de vue le bilan final en termes de santé et de sécurité des individus.

        *En fait, l’électronucléaire a fait moins de morts en cinquante années d’exploitation que les autres grandes sources électrogènes n’en font en une seule année, au vu des moyennes statistiques. A la lumière de ce constat, on peut dire que le développement mondial du nucléaire, se substituant partiellement, durant les cinquante années écoulées, aux énergies fossiles, a constitué un réel progrès pour la sécurité et la santé des individus.

        30.01 à 14h42 - Répondre - Alerter
        • L’idée selon laquelle « on ne sait pas quoi faire » des déchets radioactifs est complètement fausse. En France tous les types de déchets sont gérés selon des méthodes et des procédures précisément définies tenant compte de leurs caractéristiques particulières. Les deux tiers des déchets proviennent du programme électronucléaire. Le tiers restant provient du secteur médical, de la recherche, de l’industrie, de la Défense nationale.

          *Que les déchets soient stockés définitivement ou entreposés provisoirement, le principe technique qui commande à leur gestion est le même : il consiste à les confiner sous forme stable dans des structures étanches. Gérés de longue date, en France, selon ces techniques, les déchets nucléaires n’entrainent aucune nuisance significative pour les personnes ou pour l’environnement.

          *Plus de 90 % des déchets (moyenne, faible, très faible activité à vie courte) suivent des filières aboutissant à des stockages définitifs dans trois centres dédiés : La Manche, Soulaines, Morvilliers. Pour les déchets à vie longue, deux centres sont prévus : stockage en sub-surface pour les déchets de faible activité ; stockage en couche géologique profonde pour les déchets de moyenne et haute activité (stockage réversible). Selon la loi, ce stockage devrait entrer en service en 2025.

          *Les déchets de haute activité (= les cendres de combustion de l’uranium) ont un volume très réduit : moins de 3000 m3 à l’heure actuelle (totalité produite depuis les débuts du programme nucléaire français) soit un pavillon de deux étages. Mis sous forme de blocs vitrifiés dans des conteneurs en acier, ils sont appelés à être stockés dans des « alvéoles » ou casemates aménagées à l’intérieur d’une couche géologique stable et imperméable à 400 ou 500 mètres de profondeur. Un consensus international existe pour établir que ce stockage géologique permettra d’isoler les déchets de la biosphère le temps que leur radioactivité ait diminué à un niveau négligeable. Tous les scénarios, y compris les hypothèses les plus pessimistes, montrent qu’un tel stockage offre la garantie très solide que ces déchets n’occasionneront à nos descendants aucune nuisance inacceptable.

          30.01 à 14h43 - Répondre - Alerter
          • Outre cette indépendance, le nucléaire s’est révélé être une très bonne affaire économique pour la France. Et d’abord lorsque l’on parle économie, un premier élément essentiel est à considérer qui est d’une portée majeure (et qui est passé trop souvent sous silence) : le nucléaire permet à la France de faire des économies considérables sur ses dépenses extérieures. Si la France ne disposait pas d’un programme nucléaire et si elle devait en conséquence acheter à l’étranger le combustible – en l’occurrence le gaz – nécessaire à la production de 80 % de son électricité, il lui en coûterait dans les conditions actuelles du marché entre 20 et 25 milliards d’Euros chaque année. Et l’on peut imaginer le montant encore plus astronomique de la facture dans le cas – fort probable - d’un renchérissement du gaz dans le futur. C’est donc à une véritable ponction – annuellement récurrente- de sa richesse nationale que la France échappe grâce au nucléaire (3). C’est là le fait essentiel à considérer lorsque l’on veut évaluer les conséquences du nucléaire sur l’économie du pays (et il faut espérer que ceux qui font le procès de l’économie nucléaire en France voudront bien introduire enfin ce paramètre capital dans leur raisonnement). Conséquence directe à souligner : sans le nucléaire, la balance commerciale de la France, qui connaît depuis des années de lourds déficits, serait dans une situation difficilement supportable illustrant un appauvrissement du pays.

            *Au lieu de cela, la France est devenue le premier exportateur mondial d’équipements et services nucléaires, pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 6 milliards d’euros en moyenne annuelle. Ces exportations sont un des postes bénéficiaires les plus importants de notre balance commerciale et soutiennent, à l’intérieur de nos frontières, plusieurs milliers d’emplois.

            *Pour le consommateur d’électricité en France, le nucléaire se révèle également une bonne affaire ! Le coût de production très compétitif du kWh nucléaire (inférieur de 5 % à 25 % à celui des kWh charbon et gaz) permet de faire bénéficier les consommateurs d’une électricité particulièrement bon marché, avec des tarifs inférieurs d’environ 35 % à ceux de la moyenne européenne. En 2009, par exemple, le prix du kWh facturé aux particuliers était de 11,4 centimes d’euros en France contre 17,6 en Espagne, 22,3 en Allemagne, 24,6 au Danemark, 25,2 en Italie...(source Eurostat). Les mêmes écarts se retrouvent pour les tarifs aux entreprises.

            *Soulignons que, contrairement à ce que certains affirment, le coût du kWh intègre la totalité des opérations liées à la filière nucléaire. Et notamment, à l’amont une grande partie des dépenses de R&D (au titre du secteur civil) comptée pour environ 10 % du coût de revient du kWh et à l’aval les provisions et frais liés au traitement des combustibles usés, au stockage des déchets et au démantèlement futur des installations, comptés pour environ 20 % du coût du kWh (source OPECST).

            *Le démantèlement des centrales et autres installations n’est pas laissé à la charge des générations futures, contrairement à une idée trop répandue. Des provisions sont constituées chaque année par EDF, le CEA et AREVA pour faire face à ces charges futures. Cela veut dire qu’en réglant aujourd’hui notre facture d’électricité, nous payons le démantèlement futur des centrales, usines et autres installations nucléaires, ainsi que la gestion des déchets correspondants. Nous ne laisserons ainsi aucune « ardoise » à nos successeurs. Les provisions constituées à ce jour par EDF se montent à 30 milliards d’euros, progressivement sécurisées (comme le demande la loi sur les déchets du 28 juin 2006) sous forme d’actifs dédiés ayant atteint 15 milliards d’euros en 2010. Les sommes provisionnées par le CEA et AREVA se montent à près de 10 milliards d’euros. Ces provisions sont réévaluées d’année en année à un rythme jugé adapté par les pouvoirs publics et l’OPECST.

            *La compétitivité économique du nucléaire n’est pas le fruit de subventions déguisées puisées en catimini dans la poche du contribuable. Les aides de l’Etat à EDF ont été stoppées en 1982 et l’entreprise se finance hors de toute aide étatique en vendant son électricité. L’industrie nucléaire s’auto-finance depuis trente ans et rapporte à la collectivité publique et donc aux contribuables (sous forme d’impôts sur les bénéfices et de taxes locales sur les équipements) bien plus qu’elle ne leur coûte.
            *Sur fond de turbulences énergétiques et climatiques affectant les marchés des combustibles fossiles, il est vraisemblable que la compétitivité du nucléaire va se trouver sensiblement renforcée et dûment établie sur la scène mondiale, ce dont la France ne pourra que bénéficier

            30.01 à 14h43 - Répondre - Alerter
            • Les scénarios de sortie du nucléaire sont fondés sur des hypothèses d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables qui nous paraissent tout à fait irréalistes. Ils entraîneraient inévitablement, pour les prochaines décennies, un recours plus ou moins massif au gaz, ce qui paraît inacceptable à un moment où tout est mis en œuvre pour restreindre les émissions de CO2.

              *Recul stratégique. En sortant du nucléaire la France perdrait l’indépendance que lui assure cette énergie et deviendrait tributaire du marché international du gaz, dominé et régulé par les trois premiers producteurs mondiaux que sont la Russie, l’Iran et le Qatar. Une telle situation de dépendance serait un défi au bon sens puisque notre pays devrait ainsi appuyer une large part de son approvisionnement en électricité sur une matière première en voie de raréfaction, dont les prix seront de toute évidence orientés à la hausse et dont la disponibilité sera de moins en moins garantie, sur des marchés en turbulence !
              *Recul économique. Les Français devraient payer leur électricité beaucoup plus chère. Il faudrait régler chaque année une facture gazière de plusieurs milliards d’Euros, cette ponction sur la richesse nationale s’assimilant par ailleurs à une véritable délocalisation de nos capacités économiques. Le pays perdrait le bénéfice de la compétitivité du nucléaire et devrait assurer son approvisionnement en kWh avec des énergies aux coûts nettement plus élevés. Dans le même temps, le pays se verrait privé des quelque 6 milliards d’euros de recettes que lui rapportent chaque année ses exportations d’équipements et d’électricité nucléaires.
              *Recul environnemental. Enfin, après avoir réussi à mettre en place un parc électrique ne générant pratiquement aucun gaz à effet de serre, la France en viendrait à lui substituer un système déversant chaque année dans l’atmosphère des millions de tonnes de CO2 aggravant le réchauffement climatique !
              On ne voit pas ce que la France aurait à gagner à sortir du nucléaire mais on voit fort bien tout ce qu’elle aurait à y perdre !

              30.01 à 14h44 - Répondre - Alerter
    • je ne crois pas que les actionnaires d’Areva ont du souci à se faire. Ils peuvent peut-être même se frotter les mains, car comme le disait Anne Lauvergeon avant d’être éjectée, ce qu’a montré Fukushima, c’est la fin du nucléaire low cost.

      Le Débat - En quel sens ?

      J.-M. J. - Il faut rappeler - là-dessus, les médias français n’ont pas fait leur travail - que cet accident n’a pas fait un seul mort par irradiation. Le tsunami a fait 20 000 morts, détruit un quart des capacités de production électrique du Japon, créé des pollutions locales partout et engendré une marée de déchets solides rejetés à la mer. L’accident nucléaire proprement dit n’a tué personne. Un immeuble qui s’effondre et ne fait aucune victime, tout le monde dit ouf, mais si c’est le cas pour un réacteur nucléaire, d’aucuns réclament l’arrêt de l’existence de centrales ! En fait, si les centrales avaient disposé de groupes de secours correctement protégés, ce serait resté un non-sujet, il n’y aurait même pas eu d’accident au cœur.

      Ce qu’expliquait Anne Lauvergeon, c’est qu’il ne faut pas mégoter sur les équipements de sécurité, qui représentent certes un coût, mais qui sont vraiment utiles quand on en a besoin. Car le bilan de Fukushima n’est pas sanitaire, il est économique, et comme tel il faut le comparer au bilan économique, accidents et pollutions comprises, des autres formes de production électrique.

      Que s’est-il passé à Fukushima ? Un tsunami a endommagé trois réacteurs. Les Japonais ont préventivement et très sagement évacué les populations pour éviter qu’elles ingèrent de l’iode, chose très ennuyeuse lorsqu’il y a un relâchement de radioactivité depuis un cœur de centrale qui vient de fonctionner. La radioactivité ambiante qui est aujourd’hui perceptible dans l’environnement de la centrale n’empêche de revenir sur place à peu près nulle part. Il y a quelques endroits où il ne faudrait pas qu’il y ait d’activité agricole, mais cela ne poserait aucun problème d’y installer une usine de batteries. Du point de vue sanitaire, le bilan de Fukushima, c’est epsilon dans le bilan du tsunami. Si à la place des centrales nucléaires il y avait eu des centrales au charbon ou au gaz, les Japonais auraient été privés d’électricité de la même façon, parce que les installations auraient été détruites de la même façon. Le traitement d’après crise sera plus long avec le nucléaire, parce qu’il y a des substances dont il ne faut pas s’approcher, mais ce n’est pas la fin du monde. En revanche, les conséquences à court terme sont les mêmes. Le bilan sanitaire, c’est le déplacement de quelques dizaines de milliers de personnes pendant un an, qui pourront revenir dès que le réacteur sera « froid » (il faut de quelques mois à un an).

      La question est donc de savoir si, pour éviter le risque d’avoir à évacuer quelques dizaines de milliers de personnes pendant un an, il vaut mieux accepter d’avoir à la place des centrales au gaz ou au charbon, dont les externalités (les nuisances induites « ailleurs et plus tard ») sont très supérieures. Le charbon, premier concurrent du nucléaire, fait entre 5 000 à 10 000 morts par an dans les mines, pour une production électrique qui représente trois fois celle du nucléaire. Si l’on rapporte les morts au GWh produit, le nucléaire avec accident occasionnel de centrale est beaucoup moins dangereux que le charbon sans aucun accident de centrale. Cette comparaison ne tient pas compte de la silicose des mineurs, qui raccourcit leur espérance de vie, ni de la pollution urbaine, sur laquelle les chiffres les plus variés circulent, mais qui, à coup sûr, dans un certain nombre d’endroits dans le monde et notamment en Chine, raccourcit aussi l’espérance de vie. Et, bien sûr, cette comparaison ne tient pas compte du changement climatique. Bref, sans rougir, on peut dire que le nucléaire civil, même avec accident occasionnel, est considérablement moins dangereux pour la vie et la stabilité du monde que le charbon.

      Si l’on regarde les faits, le bilan sanitaire de la catastrophe de Fukushima renforce plutôt l’argumentaire de ceux, dont je continue à faire partie, qui soutiennent que le nucléaire évite plus de risques qu’il n’en crée. Car toute énergie crée des risques, les seules qui n’en créent pas sont celles qui comptent pour rien dans l’approvisionnement global ! À partir du moment où l’énergie consiste à transformer l’environnement, il faut bien se rendre compte que l’énergie propre n’existe pas. Toutes les énergies doivent s’apprécier à l’aune des avantages qu’elles procurent versus les inconvénients qu’elles occasionnent. Passer d’une énergie à une autre relève d’un arbitrage avantages/inconvénients, chacun des deux étant modifié. L’idée qu’il existerait une énergie sans inconvénients est une vue de l’esprit, une ânerie médiatique. Toutes les énergies présentent des inconvénients dès que l’on commence à les utiliser à une échelle significative. C’est aussi le cas des énergies renouvelables, même pour le vent !

      Une simulation du MIT indique que si l’éolien fournissait 25 % de notre approvisionnement énergétique actuel, cela engendrerait un réchauffement climatique supplémentaire d’une fraction de degré sur les terres émergées, à cause du ralentissement des courants de convection (qui refroidissent la surface) occasionné par la capture de l’énergie des vents. Dans le même esprit, la « civilisation hydrogène », qui signifie un recours massif à l’hydrogène (ce qui ne résout pas la question de la source d’énergie à trouver pour cela, puisque l’hydrogène n’existe pas à l’état libre sur terre) occasionnera des fuites, car l’hydrogène est le gaz le plus fuyard qui soit. Cela engendrera un surplus de vapeur d’eau dans la stratosphère qui causera un réchauffement supplémentaire.

      Toute énergie utilisée à grande échelle se met à avoir des inconvénients. L’idée que l’on va tout remplacer en matière de nucléaire ou de fossiles par des sources d’énergie qui n’auront pas d’inconvénients est une chimère. Il faut donc toujours parler chiffres, que ce soit pour les potentiels, les coûts ou les inconvénients. Le gaz, parfois cité comme une énergie vertueuse, présente par exemple une petite externalité sanitaire, qui est que, de temps en temps, il y a des immeubles qui sautent. Et puis le gaz, le pétrole et le charbon ont tous une grosse externalité, à part le changement climatique, qui est la guerre. Les conflits du dernier siècle sont éloquents là-dessus. Qu’est-ce que nous sommes allés faire en Libye, par exemple ? Il se trouve juste que la Libye produit du pétrole, à peu près au niveau de consommation de la France. Plus généralement, beaucoup de conflits deviennent plus clairs si l’on fait rentrer l’énergie en ligne de compte.

      Il est évident pour moi que plus on renonce de manière délibérée aux marges de manœuvre concernant les énergies non carbonées, le nucléaire en étant une, plus on accroît le risque d’instabilité du monde, avec des désagréments potentiels très supérieurs à ceux du rejet de quelques radio-éléments par une centrale. Si la dépendance envers une énergie fossile qui va faire défaut engendre une défaillance généralisée de la dette souveraine en Europe, puis une faillite bancaire généralisée, la diminution de l’espérance de vie à cause de la récession qui s’ensuivra sera bien supérieure à celle des Japonais qui ont été déplacés à Fukushima. Au total, donc, les externalités des combustibles fossiles sont majeures, et très supérieures, à mon avis, à celles du nucléaire.

      Le Débat - Sur cette question du nucléaire, donc, vous n’avez pas varié ?

      J.-M. J. - Je n’ai absolument pas changé d’avis. Si vous relisez notre entretien d’il y a une dizaine d’années, vous verrez que je n’ai jamais mis en avant l’argument que le nucléaire est indemne d’accidents. Ce n’est pas de cette façon que le problème se pose, mais en termes d’arbitrage.

      Le Débat - Comment interprétez-vous l’attitude du gouvernement allemand ?

      J.-M. J. - Je manque encore de recul pour interpréter ce qui s’est passé en Allemagne. Mais, d’ores et déjà, je considère que Mme Merkel vient de porter un coup sévère à la construction européenne. L’Europe a un engagement en matière d’émission de CO2, dans lequel l’Allemagne a sa part. Or ce pays va remplacer le nucléaire avant tout par du gaz et du charbon, et non par des énergies renouvelables, ce qui va incidemment faire des antinucléaires les promoteurs des énergies fossiles. Les centrales au charbon allemandes tournent aujourd’hui à peu près à la moitié de leurs capacités. Demain matin, les Allemands peuvent produire deux fois plus d’électricité avec ces centrales. Comme le charbon, c’est déjà 50% de l’électricité allemande et le nucléaire 23%, s’ils ont le charbon à disposition, ils peuvent remplacer le nucléaire par du charbon. Une telle substitution augmenterait les émissions allemandes de 140 millions de tonnes de CO2. 140 millions de tonnes de CO2, c’est à peu près un tiers des émissions françaises.

      Une autre option est de remplacer le nucléaire par du gaz. Ce serait alors 50 millions de tonnes de CO2 en plus (un peu moins s’il y a un peu d’éolien en plus), et il faut pouvoir disposer de 250 TWh de gaz supplémentaire (25 millions de m3, à peu près la moitié de la consommation française). Où le prendre ? La mer du Nord - 60% du gaz européen - a passé son pic de production, et les Russes - 20 % du gaz européen - ne vont vraisemblablement pas augmenter leurs exportations, parce que leurs gisements gaziers servant l’Europe ne peuvent pas monter en production. La seule option est de se servir en premier sur une quantité donnée de gaz russe arrivant en Europe, et c’est probablement ce que les Allemands ont en tête en construisant leur gazoduc qui passe par le Nord. Dans tous les cas de figure, l’Allemagne ne remplacera pas ces 23 % d’électricité nucléaire par des économies d’énergie. Vous ne faites pas économiser un quart de sa consommation en dix ans à une nation. Regardez les Japonais qui essaient de se passer de 20 % de leur consommation après le séisme. Certes, ils y arrivent, mais cela désorganise passablement le pays et provoque une récession. J’ajoute qu’ils ont bon espoir de revenir à la situation antérieure en construisant des centrales au gaz et au charbon. S’ils devaient durablement rester au niveau de production électrique auquel ils sont arrivés en l’espace d’un tsunami, la production industrielle japonaise chuterait probablement de 10 % ou de 20 %. Sans récession majeure, l’Allemagne ne va pas s’infliger 25 % d’économies d’électricité dans les dix ans.

      Le Débat - Et l’éolien, dont on parle beaucoup ?

      J.-M. J. - L’éolien représente actuellement 6 % ou 7 % de la production électrique allemande, alors qu’ils mènent depuis quinze ans un effort massif d’investissement dans ce domaine. Je doute que cette proportion puisse monter de 7 % à 30 % en dix ans supplémentaires. En outre, 30 % de l’électricité fournie au réseau par des sources intermittentes et fatales comme les éoliennes, cela semble difficile à concevoir, ne serait-ce que pour des raisons de coût. L’éolien est un système dans lequel le producteur d’électricité ne paie pas l’intermittence induite supportée par le réseau. Là aussi, il y a une externalité qui doit bien être payée par quelqu’un, ailleurs, dans le réseau. C’est bien sûr le consommateur, en dernier ressort.

      Ce que vient de faire Mme Merkel, c’est donc un coup de pied dans la construction d’une Europe de l’énergie. Qu’elle n’ait pas envie de centrales nucléaires sur son sol, très bien ! On en discute, mais sans abdiquer les engagements existants sur les émissions de CO2, ou ignorer la contrainte de l’approvisionnement gazier européen. Après, s’il y a une savante hypocrisie dans le fait qu’elle préfère importer de l’électricité des centrales nucléaires françaises, pourquoi pas ?

      30.01 à 19h50 - Répondre - Alerter
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