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29-04-2015
Mots clés
Alimentation
Agriculture
Europe

Leurs patates ne manquent pas de sel

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Leurs patates ne manquent pas de sel
(Crédit photo : Salt Farm Texel)
 
Aux Pays-Bas germe une révolution agricole : un agriculteur y fait pousser des pommes de terre sur des sols à la salinisation forte.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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S’il y a une question qu’il n’a plus envie d’entendre, c’est celle-ci : « Vos pommes de terre ont-elles un goût salé ? » Père d’un médaillé d’or olympique de planche à voile, Marc van Rijsselberghe était habitué aux questions répétitives des médias. Mais, depuis quelques semaines, le téléphone de cet agriculteur néerlandais ne cesse de sonner. Car en plus de coacher son fiston, Marc assure la promotion d’autres championnes : des pommes de terre tolérantes au sel qu’il parvient à faire pousser à Salt Farm Texel, sa ferme de l’île de Texel, dans le nord des Pays-Bas. « A ce jour, 25 pays et instituts d’agronomie étrangers nous ont demandé de l’aide ou des conseils », explique cet homme immense de 59 ans, crâne rasé et petites lunettes. Car ce qu’il fait pousser suscite un espoir fou : d’aucuns y voient les germes d’une révolution agricole. « On a montré qu’il ne faut plus voir la salinisation des sols comme une menace mais comme une opportunité pour développer l’agriculture », se félicite Marc.

Habituellement, les cultures maraîchères meurent rapidement quand la terre est trop chargée en sel. Les Nations unies estiment que, chaque minute à travers le monde, trois hectares de terres arables sont affectés, de manière souvent irréversible, par la salinisation. 1,5 milliard d’hectares sont devenus quasiment stériles en raison de ce phénomène qui touche déjà 250 millions de personnes. En cause : le changement climatique qui entraîne la montée du niveau des mers ; l’agriculture intensive qui fait transpirer les plantes, comme un sportif suerait lors d’un entraînement, augmentant leur concentration saline ; le lessivage des champs par les agriculteurs quand ils constatent que le sol est trop chargé en sel, ce qui diminue leurs rendements. Si cet arrosage abondant est efficace à court terme car il dissout le sel qui se stocke, en partie, dans les nappes phréatiques, il l’est moins dès que l’eau souterraine remonte, lors d’inondations ou du pompage pour l’irrigation.

Des fraises aux petits oignons

Voilà pourquoi les tubercules arrosés – en partie – d’eau de mer qui s’épanouissent dans cette île aux sols gorgés d’embruns attirent tant l’attention. « J’ai commencé seul, il y a vingt ans, à faire pousser des plantes halophiles, (adaptées aux milieux salins, ndlr), comme la salicorne. Puis j’ai eu l’idée de tester d’autres plantes et je me suis adressé à deux producteurs de pommes de terre, qui ont dans leur catalogue des milliers de variétés, pour sélectionner celles qui sont tolérantes au sel », raconte Marc van Rijsselberghe. Il a été rejoint voilà huit ans par Arjen de Vos, ingénieur agronome de l’université libre d’Amsterdam. Ensemble, ils ont choisi six variétés. « Quatre sont mortes tout de suite après avoir été plantées. Sur les deux qui ont poussé, une seule est mangeable. Elle est même très bonne : elle a plus de goût, elle est plus douce et à peine plus salée que quand elle pousse dans une terre non saline », avance l’agriculteur. Six producteurs néerlandais font désormais pousser cette variété quatre fois plus tolérante au sel que les autres et commercialisée depuis septembre aux Pays-Bas, sous la marque « Marc ». Avec son équipe, il a aussi déniché des variétés de choux, d’oignons, de carottes, de tomates ou de fraises adaptées aux sols salins.

Mi-décembre, six tonnes de pommes de terre ont été envoyées au Pakistan afin de les y tester. « Quel que soit le rendement, ce sera toujours bon à prendre car, actuellement, rien ne pousse sur ces terres. C’est une question de subsistance pour les populations », relève l’agriculteur. Reste un problème de coût. Il a fallu débourser 40 000 dollars (35 000 euros) pour acheminer ces patates, un investissement couvert par la dotation du prix Grand Challenge, attribué à la ferme par l’Agence américaine pour le développement. « A moins d’obtenir des financements, nos produits resteront inaccessibles aux agriculteurs locaux », prévient Marc van Rijsselberghe. Or, jusqu’ici, « les grandes firmes hésitent à investir dans ce type de production car elles sont avant tout intéressées par le rendement ». Il envisage de développer un partenariat avec les agriculteurs de Camargue, affectés par la salinisation qui met en péril 20 000 hectares de culture de riz. —


- Le site du projet

Impact du projet
- Six producteurs néerlandais cultivent cette pomme de terre
- Six tonnes sont testées au Pakistan

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