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3-10-2014
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L’homme qui dessine des fleurs dans la pollution des rues

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Moose (Londres)

Ce morceau de trottoir où l’artiste revient souvent compléter son oeuvre. Crédit photo : Moose

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Moose (Hastings en Grande Bretagne, 2011)

Crédit photo : Moose

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Moose (Mexico, novembre 2012)

Crédit photo : Moose

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Moose (Mexico, novembre 2012)

Crédit photo : Moose

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Moose (Sydney, 2013)

Crédit photo : Moose

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Moose (Sydney, 2013)

« Il y a toujours des fleurs pour ceux qui veulent les voir » Crédit photo : Moose

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Moose (San Francisco)

Crédit photo : Moose

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Moose (San Francisco)

Crédit photo : Moose

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Moose (San Francisco)

Crédit photo : Moose

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Alexandre Orion (Sao Paulo, 2006)

Crédit photo : Alexandre Orion

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Une pub pour Puma (Manchester en Grande-Bretagne, 2008)

Crédit photo : Street Advertising Services

 
Dans les années 1990, cet artiste anglais inventait le « Reverse graffiti ». Ces drôles de graffitis naissent sous le jet d'une machine à eau pressurisée, utilisant la pollution des villes pour faire naître des images. Entretien.
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Sur les murs de Leeds, de Londres, au Royaume-Uni, de San Francisco, aux Etats-Unis, ou de Munich, en Allemagne, des fleurs et des papillons poussent, blancs sur des murs gris. Ces drôles de graffitis ne sont pas nés dans le flot d’une bombe de peinture mais sous le jet d’une machine à eau pressurisée, utilisant la pollution des villes pour faire naître des images en creux. C’est la technique du « reverse graffiti » ou « graffiti inversé ». L’Anglais Moose, de son vrai nom Paul Curtis, a inventé dans les années 1990 cette technique qui a, depuis, fait des émules. Depuis un petit village de Catalogne où il s’est récemment installé, il raconte l’origine de son art et son message.

Terra eco : Comment avez-vous eu l’idée de nettoyer les murs pour en faire des dessins ?

Moose/Paul Curtis : Quand j’étais ado, je bossais comme plongeur dans un restaurant. Le soir, quand tout le monde était parti, la cuisine devenait mon territoire. Je la nettoyais en écoutant à la radio le top 20 des chansons américaines. C’était mon petit paradis. Un jour, j’ai poussé les portes du restaurant – ce que je ne faisais jamais. Je me suis assis sur une chaise, j’ai humé l’atmosphère. Quand j’ai vu une tache de sauce sur le mur, j’ai sorti mon chiffon automatiquement. Sauf que le mur était marron de nicotine. Après le passage de mon chiffon, on aurait dit que j’avais utilisé une bombe de peinture blanche. Je suis resté là deux heures à me torturer, j’avais l’impression d’avoir vandalisé le restaurant alors que je n’avais fait que nettoyer. C’est resté dans ma mémoire. J’ai compris qu’on pouvait dessiner, créer quelque chose à partir de la saleté. Des années plus tard, alors que je travaillais pour un label de disques à Leeds, j’ai repensé à ça. On n’avait pas d’argent et je me suis dit qu’utiliser cette technique très inhabituelle pourrait faire parler de nous. Ensuite, c’est devenu une sorte d’étrange hobby. J’écrivais des messages de six mètres de long dans des tunnels qui disaient « Thank U for not breeding » (« Merci de ne pas vous reproduire », ndlr). Parallèlement, je travaillais dans l’événementiel comme monteur de scène. J’ai commencé à montrer mon travail et des gens m’ont fait bosser.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Quand je suis à Londres, je vais toujours visiter un petit espace pavé coincé entre des immeubles pas loin de la gare de King’s Cross. Là, j’ai dessiné des fleurs sortant de la saleté. A chaque fois que j’y retourne, je rajoute des éléments. Quand c’est l’automne, je mets plus de feuilles, au printemps, je fais éclore des fleurs. J’adore ça. C’est une zone morte privée d’amour depuis des centaines d’années. Les gens voient ces choses émerger du sol et ils s’arrêtent. Les vieilles dames trouvent ça « si joli » et les gamins ont l’impression d’être entrés dans un royaume magique. Parallèlement, je participe aussi à des opérations commerciales. J’ai travaillé sur une pub pour la Nissan Leaf (pour réaliser un dessin près de la gare de Waterloo à Londres, Moose a utilisé l’énergie produite par l’automobile, ndlr) et il y a quelques années, j’ai fait une fresque pour Greenworks (une gamme de produits ménagers verts, ndlr). C’est un peu paradoxal de promouvoir le consumérisme en utilisant un procédé qui dénonce le consumérisme. Mais je me dis : « Vous voulez me payer pour pour que je mette votre nom dans la poussière ? Laissez-moi utiliser l’argent que vous amassez bêtement pour faire quelque chose de bien ». Pendant longtemps cet argent que je gagnais commercialement je l’investissais dans mon label de musique pour faire la promotion d’artistes locaux. Aujourd’hui, je travaille sur d’autres projets.

Que pensez-vous de votre art ?

Je pense que c’est une belle forme d’expression, non agressive et qui ne monopolise pas l’attention. Mes dessins apparaissent mystérieusement puis disparaissent. Et font réfléchir. Cela montre aux gens à quel point leur environnement est sale. Je ne dirais pas que je suis un bon artiste. Mon style c’est le procédé que j’utilise. Mais je ne dégrade rien. Le vandalisme, c’est quand remettre en l’état ce que vous avez dégradé coûte de l’argent. Moi, à l’inverse, je remets les murs dans leur état d’origine. J’utilise si possible de l’eau de pluie ou du canal pour alimenter ma machine qui consomme très peu d’essence et je me sers quand je peux de bois recyclé pour les pochoirs. Je ne fais pas plus de dommages que si je dessinais dans du sable avec un bâton. Que ça fasse tant de raffut montre bien que les autorités ont un problème avec les gens qui s’expriment.

Vous avez été arrêté ?

Oui, plusieurs fois. Notamment un jour où je faisais une fresque pour Greenpeace sur les murs d’une école à Pimlico (un quartier de Londres, ndlr) pour la sauver de la fermeture. La police a voulu m’arrêter. Je leur ai dit : « Je ne dégrade rien, j’utilise une pompe à eau qui nettoie et qui est même moins puissante que celle que les services de la ville utilisent sur les murs. Si vous m’arrêtez, il faudra arrêter tous les nettoyeurs de rue du pays ». De très grands avocats m’ont confirmé que j’étais intouchable parce que ce que je fais n’est pas illégal. La philosophie de la plupart des graffeurs c’est de faire des trucs la nuit, sous le couvert de l’obscurité. Moi, je travaille en plein jour. Personne ne me remarque. Les gens pensent que je suis un de ces agents de rue avec un boulot pénible. Je suis invisible.

Quand vous avez commencé, votre message n’était pas environnemental…

Non, je faisais de la pub pour les disques du label. Mais forcément, parce que je dessine dans la pollution, chacune des marques que je laisse est un message environnementaliste. Et puis mes créations portent un double message. Je dessine ces belles fleurs qui émergent doucement comme des fantômes venus du passé. Les gens se disent « c’est vraiment beau ». Et puis, ils s’éloignent de 50 mètres et ils réalisent : « Mon dieu, ça a été fait à partir de la saleté. C’est très sale ici ». Il y a ce second message plus sinistre. Mais comme j’investis temps et efforts dans ces petits morceaux de territoire délaissés, ça envoie un signal positif aussi. Après mon passage, les gens ne regardent plus jamais ces espaces de la même manière. Il y a toujours une part de magie.

Dans cette vidéo, Paul Curtis raconte son travail au détour d’une fresque réalisée pour les produits ménagers Greenworks, dans un tunnel à San Francisco

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