publicité
haut
Accueil du site > Actu > Nature > Alerte, ces vers carnassiers déciment les jardins
10-12-2013
Mots clés
Biodiversité
France

Alerte, ces vers carnassiers déciment les jardins

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
Alerte, ces vers carnassiers déciment les jardins
(Crédit photo : steve hopkin - ardea - biosphoto)
 
C’est l’histoire d’un lombric qui rencontre un ver étrange, exotique, et qui se fait dévorer, comme tous ses congénères du même pré.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
SUR LE MÊME SUJET

Je m’appelle Lumbricus terrestris. Vous ne me voyez pas et pourtant vous me connaissez. Je peuple vos jardins, je retourne vos terres, je les aère. Je les rends fertiles. Mais depuis quelques mois, voire quelques années déjà, dans des coins reculés de l’Hexagone, je me fais dévorer par un ver au corps plat, visqueux et au goût amer. Je l’ai vu opérer. Cette affreuse bestiole pose son corps gluant sur un de mes semblables. Elle l’endort à l’aide de sécrétions chimiques qui sortent de sa bouche située au milieu de son corps, de son pharynx comme disent les scientifiques. Puis, elle injecte à l’intérieur de sa proie des enzymes qui vont lentement digérer la peau et les muscles de mes frères et sœurs annélides. En une heure, le tour est joué. Le ver de terre est digéré.

Le problème c’est que ces horribles vers carnivores, et parfois même cannibales entre eux, ont envahi nos jardins. Signalés pour la première fois en avril 2013 dans les Alpes-Maritimes, ils ont également été repérés dans le Finistère. Dans ces deux départements, trois espèces différentes se reproduisent à la fois de manière sexuée et asexuée. Pas étonnant que leur progression soit si rapide. On pense que ces vers terrestres invasifs sont arrivés dans des pots de fleurs achetés en Cornouailles par des Bretons. Il faut dire que les îles britanniques sont infestées par ces vers qui répondent au doux nom de plathelminthes.

20% des lombrics décimés

Du côté de la perfide Albion, c’est l’hécatombe. Nos cousins britanniques sont décimés par ces vers néo-zélandais, australiens ou sud-américains. Dans leurs pays d’origine, les plathelminthes ne sont pas envahissants comme ici, car ils ont des prédateurs. Mais en Europe, c’est buffet gratuit. On estime à 20% la baisse de population de vers de terre en Grande-Bretagne [1]. La faute aux plathelminthes nommés Arthurdendyus triangulatus, les pires de tous, les plus meurtriers, qui ravagent les sols britanniques mais qui heureusement n’ont pas encore débarqué ici.

Un scientifique, professeur en zoologie au Muséum d’histoire naturelle de Paris, a décidé de nous aider. Pour combattre son ennemi, il faut le connaître. Alerté il y a plus de six mois, Jean-Lou Justine a commencé à étudier les plathelminthes. « Ce sont des bêtes extraordinaires, avoue-t-il. Elles ont opéré un vrai coup de force de l’évolution, car il s’agissait d’animaux aquatiques à l’origine. Elles ont un tégument mou, c’est-à-dire une enveloppe molle qui est recouverte de mucus. »

En France, une armada de volontaires inconnus a décidé de partir à leur trousse. Le professeur Justine appelle l’opération : science participative. Un appel à témoins a été lancé. Chaque jardinier, chaque promeneur qui observe une de ces affreuses bestioles peut signaler sa position exacte et envoyer un échantillon, délicatement prélevé, au professeur Justine ! Le zoologiste caractérise les individus, cartographie leur présence et compile sur son blog toute nouvelle information collectée. Une carte est régulièrement mise à jour. Jusqu’à présent, six espèces différentes ont été décrites en France. Toutes ces espèces ne mangent pas des lombrics mais il est sûr qu’au moins deux en sont friandes.

Pourtant nous, petits vers de terre, sommes essentiels à la biodiversité. Nous intervenons dans le recyclage de la matière organique et les galeries que nous creusons contribuent au drainage et à l’aération des sols. Nul ne saurait prédire à quoi vont ressembler les sols sans nous. Aujourd’hui, les plathelminthes ont été observés dans plus de 20 départements français. Et les élus commencent à s’inquiéter de notre sort. Jean-Vincent Placé, sénateur écologiste de l’Essonne, vient de demander au ministre de l’Ecologie si « le gouvernement envisage des mesures ». De l’aveu même du professeur Justine : « Il n’y a rien à faire. » En effet, aucun produit phytosanitaire ne vient à bout de ces vers de malheur. « Tout ce que je peux conseiller c’est de ne pas transporter de pots de fleurs. Et bien sûr me signaler leur présence ! » Alors moi, Lumbricus terrestris, je n’ai qu’un mot à dire : Sauve qui peut !

Où ont été détectés les plathelminthes en France ?

En beige : 1 espèce observée dans le même département Orange : 2 espèces observées Marron : 3 espèces observées

A lire aussi sur Terraeco.net

Pollué, labouré, oublié : le sol français est en train de disparaître

[1] Estimations basées sur une étude écologique réalisée en Irlande du Nord et des rapports anecdotiques de pêcheurs à la ligne en Angleterre

Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
10 commentaires
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
  • J’ai suite a la lecture d un article dans une revue de botanique,expérimenté un remède qui paraît efficace sur les plateminthes : les recouvrir de sel de cuisine. Le sel n est peut-être pas très bon pour le sol mais il faut juste le mettre sur le ver qui parait mourir instantanément. Si ce conseil peut être utile tant mieux.

    17.05 à 21h14 - Répondre - Alerter
  • Même si ce ver carnivore n’est pas de la même famille (il ressemble à une sangsue terrestre) que notre bon vieux ver de terre, il devrait avoir comme prédateur naturel et bien de chez nous, le merle. Cet oiseaux est un gros consommateur de ver de terre et escargot aussi. Peut-être va-t-il apprécier ces vers plats également ?. Donc protégeons ces oiseaux et les autres. Il faut pas oublier que le ver de terre oxygène nos sols et il est un bon indicateur de sol riche et non pollué (pesticides, herbicides, insecticides). Dans les grandes cultures céréalières, le ver de terre n’existe plus.....

    25.04 à 06h35 - Répondre - Alerter
  • J’avais mis l’information sur le blog de Fabrice Nicolino, Planète sans visa, et l’on s’est foutu de moi.

    15.12 à 20h31 - Répondre - Alerter
    • Puisque ces bestioles ont des prédateurs en Nouvelle Zélande et en Australie pourquoi nos chers scientifiques ne cherchent pas de ce côté plutôt que de déclarer qu’il n’y a rien à faire ?

      26.12 à 19h30 - Répondre - Alerter
      • Sur le blog de Fabrice Nicolino, il ne faut pas craindre ces vers. Il y a pire......
        J’en ai parlé ici (voir en fin de commentaires) : http://fabrice-nicolino.com/index.p...

        Alors, entre les écolos qui crient "au secours" et ceux qui répondent "laisse couler", je préfère me tenir loin des écolos. C’est comme les écolos qui voulaient sauver les éléphantes de la Tête d’Or à Lyon, et qui fustigeaient parce que l’on s’occupait d’étrangers qui crevaient de faim.

        26.12 à 20h40 - Répondre - Alerter
  • quels sont les prédateurs de ces plathelminthes dans leurs pays d’origine ?
    des recherches ont elles été faites dans ces différents pays ?

    11.12 à 16h50 - Répondre - Alerter
    • ... C’est la question que je me pose... sans trouver de réponse ! C’est pourtant une base il me semble.

      Au niveau européen, ce sont environ 11000 espèces qui se sont implantées (Animaux, végétaux, champignons...) alors s’il y a des prédateurs spécialisés dans le plathelminthes, pourquoi ne pas les introduire !? C’est de toute façon désormais une fuite en avant...

      En tous cas si quelqu’un trouve des infos sur les prédateurs de plathelminthes, ce serait sympa de partager ;)

      11.08 à 13h52 - Répondre - Alerter
  • Je tiens à signaler que le Lumbricus terrestris n’est pas un plathelminthe ... c’est un annélide !
    Les plathelminthes sont des vers à anneaux alors que les Plathelminthes (comme le ténia par exemple) sont des vers plats. Il y a donc une sacrée faute dans l’intro de l’article ^^

    10.12 à 17h47 - Répondre - Alerter
  • C’est bizarre quand même qu’ils apparaissent sur les côtes, comme si on nous envaissez

    10.12 à 15h46 - Répondre - Alerter
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas