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1-06-2010
Mots clés
Sciences
Electricité
France
Interview

Michèle Rivasi : « douter des dangers des lignes à haute tension n’est pas sérieux »

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Michèle Rivasi : « douter des dangers des lignes à haute tension n'est pas sérieux »
 
La France est le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de lignes à haute tension. Bizarrement, ces dernières font aujourd'hui moins débat que les éoliennes. Leur impact sur la santé est pourtant clairement établi, rappelle Michèle Rivasi, députée Europe-Écologie et vice-présidente du Criirem (Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques).
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Terra eco : 30 ans qu’on se pose la question de l’impact sur la santé des lignes à très haute tension (THT). Comment se fait-il que ce sujet ne soit pas définitivement tranché ?

Michèle Rivasi : « C’est un peu typique des problèmes liés aux champs électro-magnétiques. En 1979, déjà, une connexion a été établie par les scientifiques entre les lignes à haute tension et les cas de leucémies infantiles. En 1999, en tant qu’élue, j’avais organisé un colloque sur le sujet. De nombreux experts y avaient mis en lumière les symptômes dont soufrent les élevages à proximité de ces lignes, déjà bien connus des agriculteurs : baisse de la production de lait, des défenses immunitaires, morts prématurées plus élevées, etc. En 2005, une étude britannique menée par l’épidémiologiste Gerald Draper a conclu que le risque de leucémie infantile est 69 % plus élevé que la moyenne pour les enfants habitant à moins de 200 mètres d’une ligne THT, et 23 % plus élevé lorsque cette distance se trouve comprise entre 200 et 600 mètres. Cette étude n’a jamais été remise en cause. Et maintenant, M. Raoul [NDLR : sénateur PS], dans le rapport qu’il conduit pour l’Opecst [Office parlementaire d’étude des choix scientifiques et technologiques], émet des doutes et réclame de nouvelles études. On rêve ou quoi ? Ce n’est pas sérieux. »

Le doute n’est plus permis selon vous ?

« Il y a aujourd’hui une polémique sur l’explication des effets biologiques. C’est à dire que, contrairement aux téléphones portables pour lesquels on ne connait pas encore les effets sanitaires, sur les ondes des lignes THT, on connait les symptômes, mais on ne comprend toujours pas le lien de cause à effet. En tant que biologiste, je crois qu’il faut approfondir nos connaissances, réussir à établir le modèle qui permet d’expliquer l’existence de cancers. Mais si on ne sait pas bien expliquer le lien, les faits, eux, sont incontestables. Le problème, c’est que la France est mal placée pour mener de grandes études épidémiologiques. D’abord parce qu’elle ne dispose pas de registre des cancers, ensuite parce qu’elle a peu d’équipe mobilisable sur le terrain. C’est pour cela qu’on fait appel aux Anglais d’ailleurs. Du côté des labos, faute de volonté politique et d’une pression de l’opinion publique assez forte, on attend es crédits. »

Faut-il établir des périmètres de sécurité autour de ces lignes à haute tension ?

« Je crois que les recommandations de l’Afsset [Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail] rendues le mois dernier sont cohérentes. L’agence préconise la création de zone d’exclusion d’au minimum 100  mètres autour des lignes à haute tension pour les nouvelles constructions pouvant accueillir des publics sensibles, comme les femmes enceintes et les enfants. Cette proposition s’inscrit dans la lignée du décret SRU publié en 2004 - et qui fait suite à un amendement que j’avais proposé à l’Assemblée nationale - qui interdit la construction de maison sous les lignes THT. Malheureusement, ce décret n’est pas toujours appliqué. Près de chez moi, à Saint-Marcel-lès-Valence, j’ai enguirlandé le maire et le préfet qui ont laissé des lotissements se construire sous des lignes à haute tension. Pourtant, au-delà des risques de leucémie chez l’enfant, les maux dont souffrent les gens qui vivent à proximité de ces installations sont connus. Encore faut-il qu’ils acceptent d’en témoigner.... Car certains préfèrent taire leur malaise de peur qu’un scandale n’éclate et que leur maison ne valent plus rien... »

L’Opecst a pourtant jugé « disproportionné » le dernier avis rendu par l’Afsset. Comment l’expliquez-vous ?

« Il y a bien une manipulation de certains lobbies. Quand je vois qu’EDF et RTE conduisent leur propres études, je me dis qu’on marche sur la tête. Ils ne peuvent pas être juges et parties. Autant sur le nucléaire on a fini par obtenir des études menées par des organismes neutres, autant sur les ondes électro-magnétiques, le cordon n’a pas été coupé avec les producteurs d’électricité. Globalement, on reste dans le bon vieux système des 3 “D”. L’industrie “Décide” et se lance dans la production sans concertation, puis elle “Désinforme” en expliquant à tout va qu’il n’y a aucun danger pour la santé ou l’environnement, et enfin, quand les études pointent et montrent le contraire, elle “Diffère” en expliquant qu’il faut mener de nouvelles études avant de trancher, histoire de gagner encore du temps. Sur les lignes THT, cela fait presque 30 ans que les industriels diffèrent, grâce au soutien de quelques experts véreux. Sur ce sujet comme sur d’autres, vous trouverez toujours un avis de l’Académie de médecine ou de l’OMS pour remettre en cause la somme des connaissances scientifiques établies. Mais que je sache, l’Académie de médecine n’a jamais déclaré que l’amiante était dangereuse, et l’OMS, dont les experts sont aujourd’hui malmenés dans le dossier de la grippe A, a mis bien du temps à réagir sur le SIDA ou les dangers du tabac... »

Est-ce que vous comprenez que les parlementaires s’interrogent aussi sur les coûts qu’entraînerait l’application d’un principe de précaution autour des lignes THT ?

« Dans son rapport, l’Opecst recommande, “chaque fois que cela est possible pour un coût raisonnable” ne pas accroître le nombre d’enfants exposés aux champs électromagnétiques des lignes à haute tension. Il reconnaît que l’inquiétude n’est pas “illégitime” mais juge le risque “faible”. A la place de M. Raoul, j’aurais honte. Comment peut-on avancer des arguments économiques quand la santé des gens est en jeu ? Et s’il habitait sous l’une de ces lignes et que son enfant était atteint de leucémie ? Limiter l’exposition de populations aux ondes est une priorité. Il faut déjà enfouir ces lignes dans toutes les agglomérations. Bien sûr que cela à un coût, mais a-t-on le choix ? En attendant, une certitude : la leucémie infantile progresse de 1% tous les ans en France, et les lignes THT restent sur la liste des premiers suspects. »

Comment nos voisins européens gèrent-ils ce dossier ?

« En Europe, en règle générale on des couloirs assez larges avec des lignes regroupées autour desquelles on a fait le vide. En France, on a donné dans la mixité, avec des lignes passant au-dessus d’habitations ou de zones d’activités. C’est un peu une exception que l’on doit au centralisme du nucléaire français, qui repose sur un réseau de grosses unités de production d’électricité reliées par de nombreuses lignes haute tension. Je vais voir si le Parlement européen peut faire une recommandation pour qu’on adopte des normes internationales plus strictes en matière de normes d’émissions des champs électro-magnétiques. La norme actuelle est de 100 µT (micro Tesla) , c’est comme si on vous autorisait à rouler à 600 km/h sur l’autoroute ! »
Sources de cet article

- L’avis de l’Afsset

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  • "j’ai voulu aller au bout de la démarche mais ce sera ma dernière contribution ici."

    Moi-même citoyen épris de vérité j’ai besoin de pouvoir entendre des réactions qui font le débat...

    Merci.

    9.06 à 12h18 - Répondre - Alerter
  • Etre pour l’éolien et contre les lignes THT dénonce une ignorance, ou une mauvaise foi. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, l’éolien n’est pas une énergie locale et, vu ses fluctuation spatiales et temporelle, n’a de sens qu’au sein d’un réseau continental, voire intercontinental (projet un peu fou "desertec"). Donc la distance moyenne parcourue par l’électricité éolienne pourrait être supérieure à 1000 km, contre environ 200 pour le nucléaire en France,et le développement de l’éolien entrainera fatalement la multiplication des lignes THT. Idem pour le photovoltaique.

    3.06 à 11h11 - Répondre - Alerter
  • Emmanuel Grenier : 3 mensonges de Mme Rivasi

    Comme à son habitude, Michèle Rivasi mélange approximations, semi-vérités et charges haineuses pour construire son discours. Là s’y rajoutent des mensonges caractérisés, dont voici trois exemples : "La France ne dispose pas de registres de cancers".

    source : http://www.invs.sante.fr/surveillan...

    En 2009, la France métropolitaine dispose d’un réseau de 25 registres :

    13 registres généraux métropolitains couvrant 15 départements répartis sur l’ensemble du territoire et représentant approximativement 11 millions de personnes soit plus de 18,5 % de la population

    - 
    12 registres spécialisés

    - 9 registres "d’organe" ( digestif en Côte-d’Or et en Saône et Loire, dans le Calvados et le Finistère - hématologique en Côte-d’Or, en Gironde et en Basse Normandie - sein et cancers gynécologiques en Côte d’Or - système nerveux central en Gironde - thyroïde en Marne/Ardennes),
    - le registre multicentrique à vocation nationale des mésothéliomes pleuraux – Mésonat - 2 registres nationaux de l’enfant couvrant l’ensemble des cancers survenant entre 0 et 14 ans inclus : Registre national des hémopathies de l’enfant (RNHE) qui dispose de données nationales depuis 1990 et Registre national des tumeurs solides de l’enfant (RNTSE) qui dispose de données depuis 2000.

    2) "Cette étude (Draper) n’a jamais été remise en cause"

    Les auteurs même de cette étude restent très prudents quant à l’interprétation de leurs résultats, reconnaissant l’incertitude et l’absence d’explication satisfaisante reliant les résultats constatés à l’exposition aux champs magnétiques des lignes à haute tension. Ils admettent l’hypothèse que le résultat pourrait être dû au hasard ou à un facteur de confusion.

    C’est ce qui a conduit les experts français et internationaux à affirmer que l’étude Draper ne réglait pas la question. D’abord, comme pour toute autre étude épidémiologique, il faudrait la reproduire : Une seule étude ne permet jamais de conclure.

    L’étude Draper a été remise en cause par de nombreux épidémiologistes, notamment parce que l’évaluation de l’exposition des personnes se faisait par des facteurs intermédiaires (dans son cas, le lieu de naissance de l’enfant) qui ne reflètent pas forcément la véritable exposition aux champs électromagnétiques.

    Le CIRC a classé les champs électromagnétiques à basse fréquence émis par ces lignes comme "cancérigène possible pour l’homme". Le même niveau que pour le café. Cela signifie qu’il n’y a pas de preuves scientifiques du danger ou de l’absence de danger (c’est le cas pour beaucoup d’autres expositions).

    3) l’Académie de médecine n’a jamais déclaré que l’amiante était dangereuse

    Ceci est pure calomnie et facilement vérifiable, comme sur ce rapport qui date de 1996.
    http://www.sante-publique.org/amian...

    C’est d’ailleurs dans l’année qui suivit ce rapport que la France devint le 8ème pays du monde à interdire l’amiante.

    2.06 à 12h37 - Répondre - Alerter
  • RTE veut construire sur l’avant-causse de St Affrique un transformateur de 10 hectares afin de transformer l’énergie à partir de l’éolien en 400 000v pour le vendre en espagne grace à la ligne THT qui passe à coté. En attente et inscrit auprès de RTE : promotteurs de parcs éolienz soit 2100 mégawatts en 2020,l’équivalent d’environ 1000 éoliennes , concentrées sur le sud-aveyron, l’est du tarn te le nord de l’hérault.(nous nous appuyons sur les documents RTE)
    Carole Joly présidents de l’association "plateau survolté"

    2.06 à 12h16 - Répondre - Alerter
  • Madame Rivasi présente un point de vue bien articulé, mais dont plusieurs points prêtent à discussion.
    L’extrait le plus intéressant me paraît être celui-ci :
    "A la place de M. Raoul, j’aurais honte. Comment peut-on avancer des arguments économiques quand la santé des gens est en jeu ?"
    Bien au contraire, Madame Rivasi, il FAUT faire entrer l’analyse économique en ligne de compte. Si on ne le fait pas, on mettra sur le même pied un petit risque qui affecte 3 personnes par an en France, et le cancer, l’alcoolisme ou les accidents de la route. On dépensera autant d’argent pour le premier que pour chacun des autres. Ne serait-ce pas absurde ?
    Excusez-moi d’être franc : je m’étonne qu’un Parlementaire européen puisse encore présenter de telles conceptions.

    Dominique Garrigues, Institut Européen pour la Gestion Raisonnée de l’Environnement (IEGRE)

    2.06 à 08h35 - Répondre - Alerter
  • Le scénario roadmap 2050, c’est 47 GW de lignes HT entre la France et l’Espagne (50 fois plus),

    les allemands veulent 100% d’électricité renouvelable avec 42 GW ! à travers le Danemark...

    Desertec c’est des milliers de km de lignes HT

    en regard les lignes des centrales nucléaires semblent locales...

    1er.06 à 23h29 - Répondre - Alerter
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