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« Que les supermarchés s’engagent à acheter français »

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« Que les supermarchés s'engagent à acheter français »
(Photo DR)
 
Appelée à rogner ses marges sur les produits agricoles, la grande distribution prend les devants et propose d'aider les petits producteurs… André Bouchut, secrétaire national de la Confédération paysanne, dénonce une opération marketing.
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Terra eco : Carrefour appelle à créer un fonds de soutien à la conversion bio et met 10 millions d’euros sur la table. Très bien ou hors sujet ?

André Bouchut : « C’est assez paradoxal. C’est très bien de donner un coup de main pour le développement du bio mais si l’on acceptait de travailler avec tout le monde pour vendre des produits de saison et payer un prix rémunérateur pour le producteur, ce serait mieux. C’est comme Leclerc qui dit “on est prêts à payer un prix minimum au paysan”… sauf qu’ils ne sont jamais engagés à acheter français. S’ils vont à 80% en Espagne, en Italie, ou dans l’hémisphère Sud, on aura un prix garanti mais on n’arrivera plus à vendre nos produits… Tout ça, c’est de l’habillage qui permet de faire de la pub pour pas grand-chose. »

Mais n’est-on pas dans le flou sur la répartition des marges ? Pour Michel-Edouard Leclerc, en désignant les grandes surfaces à la vindicte du monde paysan, on oublie les grossistes ou l’agroalimentaire…

« Les choses sont ambivalentes. Ils disent “c’est pas nous, c’est les transformateurs”. Ce n’est pas vrai pour les fruits et légumes car les produits transformés sont souvent des marchés séparés qui nous touchent moins. Mais c’est vrai pour le lait. Les compagnies agroalimentaires qui sont sur des marchés à forte valeur ajoutée, du style Lactalis ou Danone, se sont rempli les poches : elles ont payé la matière première un quart à un tiers moins cher alors que le prix de leurs produits n’a pas tellement baissé. Mais il ne faut pas se détourner du problème : les supermarchés sont des acteurs importants de la baisse des prix agricoles. Ils se sont regroupés, développent des supérettes dans les centre-villes, sont présents à l’étranger et ont chacun leur centrale d’achat. Ils ont un pouvoir d’achat phénoménal. Leur mode de fonctionnement, c’est “si vous ne vous alignez pas, on achète ailleurs où c’est moins cher”. Et ce, même s’ils sont capables d’acheter des fromages en direct qui seront mis en valeur car ils ont besoin d’avoir une image plus locale. »

Quelles sont les propositions portées de la Confédération paysanne ?

« Repenser la politique agricole commune et aller vers la souveraineté alimentaire, car la vision libérale nous a mené dans le mur. C’est aberrant que nos frigos soient pleins de pommes du Chili, il faut pouvoir se protéger. On doit produire ce que l’Europe peut consommer et organiser la production avec des calendriers de fruits et légumes. Quand les fraises françaises arrivent, il faut que les Espagnols en produisent un peu moins et arrêtent d’envahir le marché français. Tant qu’on ne fera pas cela, on n’aura que des pis-aller qui permettront éventuellement que les crises fassent un peu moins mal. C’est le cadre global. Après, il faut déconcentrer la demande en permettant à d’autres lieux de commercialisation d’exister. J’ai d’ailleurs demandé au ministre d’étudier les possibilités pour aider les marchés de gros français qui, à part celui de Rungis, sont en train de mourir à petit feu. »

Que pensez-vous des autres voies évoquées comme des coupons produits frais pour soutenir la consommation de fruits et légumes, le rognage sur les marges de la grande distribution ou l’utilisation du levier des commandes publiques ?

« Il est clair qu’il faut permettre à toutes les collectivités territoriales qui s’intéressent au bio ou en tout cas aux produits locaux de qualité de faire des appels d’offres ciblés. Sur les coupons, nous sommes en train de réfléchir et de chiffrer cela pour faire des propositions. Tout le monde doit avoir droit à une alimentation de qualité et ce n’est pas le cas. On a bien des bons vacances, des allocations logements, familiales, pourquoi n’aurait-on pas un système d’aide alimentaire ? Mais tout dépend de la manière dont on l’organise car si les gens peuvent acheter avec cela des produits en boîtes fabriqués en Chine, cela n’a aucun sens ! Au Brésil, les producteurs locaux ont un accès privilégié pour fournir les groupements d’achat où les familles en difficulté échangent leur bons alimentaires.

Sur les marges, ce n’est pas une mauvaise idée, mais cette loi existe depuis longtemps : c’est un système de coefficient multiplicateur qui impose à chacun des acteurs de modérer sa marge en cas de crise. On a demandé de l’appliquer il y a quelques temps pour les fruits, mais Christine Lagarde a refusé. On n’a pas besoin d’inventer, on a déjà tout en magasin. La seule question c’est “Est-ce qu’on veut le mettre en place ou pas ?” C’est la même chose pour l’interdiction de la vente à perte. Les instituts techniques sont capables de calculer les coûts de production d’un litre de lait ou d’un kilo de pêche et donc fixer un prix de revient minimum pour le producteur. Par contre, si on fait cela, il faut une obligation d’acheter en Europe… »

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  • Carrefour est prêt à financer le bio français ?, peut-être, mais en attendant pratiquement tout leurs produits viennent d’ailleurs et ce même pour les fruits de saison.
    et au jeu des maquillages, on sait être fort. La dernière trouvaille est de vendre des barquettes cellophanées en n’indiquant plus le prix au kilo mais au fruit ! Le poids de la barquette a également disparu !
    En achetant 4 pommes à par exemple 3 euros, vous allez vous dire qu’elle ne sont pas beaucoup plus chère des pommes traditionnelles juste à côté qui sont à 2€50 le kilo .
    OUI mais il n’est pas dit que la barquette ne pèse que 600 grammes et comme on a pas une balance dans la tête est qu’on ne passe pas le temps de tout calculer lors de ses courses, et bien on acheté un produit à en réalité 5€le kilo. et le tour est ainsi joué, c’est pareil pour les oranges, les aubergines les courgettes que sais encore !

    Alors la parade, quand le prix est indiqué au fruit, moi j’aurai bien envie de me servir un fruit est de le régler au prix indiqué.
    Parlons aussi de la provenance des fruits : des carottes de hollande ou d’Angleterre, des concombres du Maroc les courgettes d’Espagne (et dans la saison des légume en question), j’ai même vu (hors bio ) des pastèques de Panama !
    ah pour faire coller le discours à la réalité du chiffre d’affaire, il va y ’avoir du travail !

    19.05 à 18h57 - Répondre - Alerter
  • Voilà ce que nous sommes : consommateurs, certes mais ce sont les conséquences de nos achats qui ont entrainer les grandes surfaces à toujours avoir de la diversité en toute saison. Il faut se remettre en question.

    Ecrire et laissez des commentaires sous les articles, c’est bien mais nous prêchons déjà des convertis, nous lecteurs de TerraEco. Nous devons donc trouver des solutions pour informer le reste du monde- soyons modeste !
    Je lance l’idée mais j’aimerais aussi m’y associer, la voici : mettre en place une action qui viserait à éclairer le public de ce qui se trouve dans leur hyper et supermarchés, pour qu’ils sachent ce qu’ils consomment et achètent. Deux angles sont envisageables :
    1. Contre les chaine de distribution, collez des pictogrammes sur les étiquettes des prix des marchandises qui contiennent pesticides, aspartame, E, et autres ; afin de les sensibiliser à manger sain, non pas Bio dans un premier temps mais sans ingrédients nocifs connus. Et un autre pictogramme sous forme de drapeau français afin de promouvoir le savoir faire de notre pays !
    Ou alors de faire une rubrique dans TerraEco, et je suis volontaire, pour chaque semaine décrypter les publicités que nous recevons dans nos boîtes aux lettres des 2 grands principaux magasins alimentaires. (je ne reçois que ceux là... )

    2. Avec les chaines de grandes distributions, et là ça serait un pas énorme et une prise de conscience à la source, de boycotter, déjà, les produits venant d’Espagne, de valoriser les agriculteurs et éleveurs locaux, ...

    Qu’en pensez-vous ? =)

    18.05 à 12h54 - Répondre - Alerter
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