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11-06-2010
Mots clés
Environnement
Cinéma
Monde
Chronique

Le meilleur du documentaire environnemental

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Le meilleur du documentaire environnemental
 
Retour sur le Festival international du film d’environnement de Turin. Un événement qui prouve une fois de plus, pour sa treizième année d’existence, la qualité exceptionnelle de sa programmation.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Les douze films de la sélection CinemAmbiente pour le prix international démontrent une maturité inédite, un investissement du réel sans idéologie et un équilibre abouti entre expertise, identification de solutions et ancrage émotionnel. Le festival s’est clos le 6 juin au soir avec la remise du Prix international du meilleur documentaire à Life for Sale de Yorgos Avgeropoulos sur le thème de l’eau au Chili, ainsi qu’une mention d’honneur pour Snake Man d’Eric Flandin, consacré au héros environnementaliste colombien Franz Kaston Florez.

Une grande expertise sur les enjeux globaux

Parmi les douze films finalistes, quatre sont dédiés à des enjeux globaux. Très aboutis, ils provoquent de véritables chocs. L’impact de The End of the Line tient de l’électrocution. Consacré au thème de la surpêche, il diagnostique avec précision l’effondrement des stocks de poisson et de la biodiversité marine, chiffres, scientifiques et experts à l’appui. Nos ressources halieutiques seront totalement anéanties en 2048 et la spéculation financière sur cet effondrement est déjà en place, avec la congélation de dizaines de milliers de tonnes de poissons à forte valeur marchande.

Un autre grand enjeu global lié au précédent, le plastique, fait l’objet du très rigoureux et esthétique documentaire Plastic Planet de Werner Boote. Il se démarque des autres films d’ores et déjà nombreux sur le sujet, par son expertise sur la chimie du plastique et son enquête inédite sur les achats des entreprises auprès de fournisseurs de produits en plastique, démontrant qu’à l’heure actuelle, aucune entreprise n’a le détail de la composition du plastique qu’elle achète. Un test au hasard d’un ballon en plastique fabriqué en Chine et acheté par une entreprise européenne prouve la présence de mercure, une substance totalement interdite.

L’enjeu de l’énergie « verte » est porté avec détermination et humanité par The 4th Revolution de Carl-A Fechner, qui démontre la possibilité d’une transition vers les énergies renouvelables et analyse les raisons du refus actuel de ce passage, avec en première ligne la crainte d’une décentralisation du pouvoir. Enfin la toxicité domestique est abordée dans Chemerical – Redefining Clean for a New Generation d’Andrew Nisker, sous un angle original et convaincant, au travers du challenge d’une famille qui doit cesser pendant trois mois d’utiliser des produits d’hygiène et cosmétiques chimiques et doit composer elle-même tous ses produits à partir d’ingrédients naturels.

Des situations locales analysées avec un point de vue global et humain

Dans cette sélection internationale, trois films excellent par leur capacité à investiguer une situation environnementale locale dans ses différentes dimensions, notamment humaines. Le film lauréat Life for Sale (à ne pas confondre avec le documentaire du même nom sur le système de santé américain) donne un point de vue sphérique de son sujet, la privatisation de l’eau au Chili. Là-bas, n’importe quel particulier ou entreprise peut acquérir une quantité d’eau de source, rivière, lac, etc. et en faire l’usage de son choix, y compris spéculatif. Les conséquences sont tragiques pour les villages et la biodiversité de la région d’Atacama où il ne pleut jamais et où le rapport à la terre reste sacré, car l’eau y est possédée à 50 % par les compagnies minières (le Chili produit 10% du cuivre du monde) qui non seulement l’utilisent mais la rejettent empoisonnée. Garbage Dreams de Mai Iskander montre, lui, au travers du parcours de trois adolescents attachants, les conséquences sociales et environnementales de l’arrivée des compagnies étrangères dans le marché du traitement des déchets au Caire, jusqu’ici l’affaire d’une communauté entière, les Zebaleen, qui se rémunère grâce au recyclage minutieux de tous les déchets ramassés.

Enfin, Cowboys in India de Simon Chambers enquête sur la réalité de la communication sur le développement durable de Vedanta Aluminium Limited, filiale de Vedanta Ressources, un groupe minier anglais aux 7 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros) de revenus annuels, et en particulier sur ses engagements sociaux et environnementaux annoncés haut et fort dans le cadre de sa présence dans une région parmi les plus pauvres d’Inde, l’Orissa. Le parcours accablant et laborieux de la recherche de preuves concrètes aboutit ici à un homme broyé par une machine, là à une femme écrasée par un camion (300 à 500 camions parcourent chaque jour les routes construites par Vedanta, sans aucun passage piéton dans les villages), ici encore un bâtiment entièrement vide avec une fraîche pancarte Hôpital… Autant d’événements isolés qui se retrouvent mystérieusement effacés dès le passage du journaliste. Flairant de plus en plus le parfum de la corruption, l’enquête doit finalement s’arrêter du fait d’intimidations physiques. Rappelons qu’Amnesty International a publié un rapport accablant sur Vedanta en Orissa et que la fameuse tribu Dongria Kondh qui a alerté James Cameron sur sa situation comparable à celle d’Avatar, est déplacée par Vedanta. Dans le rapport développement durable de Vedenta se trouvent décrites pêle-mêle ses actions de philanthropie, le plus souvent à venir, ses prévisions de production d’aluminium qui sont multipliées par cinq entre 2009 et 2011 et ses démarches pour être exonérée d’impôts sur ses lieux d’implantation.

Portraits de héros

Enfin, cinq documentaires proposent le portrait de personnalités exceptionnelles, deux Colombiens, deux Américains et un Slovène. Antanas Mockus, ancien maire de Bogota actuellement en cours pour la Présidence de Colombie est le héros de Bogota Change / Cities on speed de Andreas Mol Dalsgaard. Stupéfiant et jubilatoire, le film démontre le résultat, ici la transformation complète de la ville de Bogotá, auquel un homme peut aboutir lorsqu’il puise sa force dans ses principes, sa créativité, son courage, son honnêteté et la mise à distance des conventions. Même sensation d’une force risquée, saine et inaltérable, dans le film Snake Man (L’Homme aux Serpents) d’Eric Flandin, consacré à la personnalité et l’action exceptionnelles de Franz Kaston Florez, vétérinaire, aventurier et fondateur de la Fondation Nativa en Colombie, qui mène un combat pour la préservation de la biodiversité dans son pays.

A Road Not Taken de Christina Hernauer et Roman Keller offre l’angle très original d’une enquête historique sur l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de la Maison Blanche par Jimmy Carter, qui seront ensuite enlevés par Ronald Reagan, permettant de découvrir le haut niveau de conscience de l’ancien Président américain sur les enjeux énergétiques et sa volonté au final contrariée de développer les énergies renouvelables. Big River Man de John Maringouin présente le Slovène Martin Strel, un homme à l’enfance brisée qui parcourt les fleuves du monde à la nage pour sensibiliser à leur pollution, mais son héroïsme a du mal à dépasser celui de sa prouesse physique. Enfin, Collapse de Chris Smith donne la parole à Michael Ruppert, un visionnaire à la fois passionnant et effrayant, prophète des tragédies mondiales à venir et chef commando d’un plan de survie fondé, entre autres, sur l’acquisition de semences. Il est malheureusement desservi par une mise en scène sinistre et inquisitrice, bloquant sa force de persuasion.

Un film sur l’environnement, un film pour l’environnement ?

Contrairement au documentaire sorti l’année dernière Age of Stupid qui a rendu transparent son bilan environnemental, les films de la sélection internationale de Turin n’ont pas mené cette démarche. Aucun des douze films évoqués n’a communiqué d’informations relatives à l’impact environnemental ou social du tournage. Certains films, comme Plastic Planet, démontrent pourtant une utilisation très abondante de l’avion.

Par ailleurs, la question de la destination des sommes reçues par les documentaires lors d’obtention de prix (à Turin, 5 000 euros) n’est pas non plus abordée. Ces recettes vont-elles, et si oui dans quelle proportion, à la cause du film ? Quand on sait que les recettes de l’extraordinaire documentaire The Cove sur les dauphins reviennent à Ocean Conservancy, qui n’a pas de campagne spécifique sur la protection des dauphins, et que Franz Kaston Florez, sur qui a été entièrement bâti le documentaire L’homme aux serpents (Snake Man), témoigne n’avoir jamais reçu, ni lui, ni sa fondation, un seul euro sur les 5 000 euros du prix du meilleur documentaire reçu au Festival du Film d’Environnement de Paris, il faudrait aussi aborder ces questions dans le cadre des festivals.

- Pour aller plus loin :

Tous les liens vers les sites de chacun des films évoqués ci-dessus sur le blog d’Alice Audouin consacré au développement durable : Alice in Warmingland

Précision : Alice Audouin est membre du Jury international du Festival CinemAmbiente

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Responsable développement durable en entreprise, auteure du roman "Ecolocash" (Anabet) en cours d’adaptation au cinéma, de "La Communication Responsable" (Eyrolles) et présidente de l’association COAL, la Coalition art et développement durable, qui organise le Prix COAL Art & Environnement.

1 commentaire
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  • Elfine : Diffusion

    Bonjour !
    On peut les voir où et quand tous ces films ?
    Est-ce qu’ils seront même un jour diffusés sur le petit écran ?
    C’est bien gentil de faire des films et de les montrer dans les festivals, mais les montrer au grand public, ce serait pas mal non plus si on veut faire un peu bouger les choses, non ?

    15.06 à 09h06 - Répondre - Alerter
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