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28-03-2013
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Japon
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A Narita, les paysans ne décollent pas des pistes

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A Narita, la lutte des paysans contre l’aéroport dure depuis près de cinquante ans.

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Les terres agricoles se situent au milieu des pistes.

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Takeo Shitou conditionne les patates douces qu’il cultive sur ses terres.

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Malgré l’aéroport, Takeo Shitou continue d’expédier ses produits dans tout le pays.

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Takeo Shitou refuse de vendre ses champs à la ville de Narita, malgré la compensation financière qu’on lui propose.

 
L’affaire a un petit air de Notre-Dame-des-Landes à la japonaise. Près de Tokyo, une poignée d’agriculteurs résistent inlassablement, depuis près d’un demi-siècle, à l’extension de l’aéroport international.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Quarante-sept ans qu’elle dure, cette lutte. Quarante-sept ans que Koji Kitahara, 91 ans aujourd’hui, se dresse contre l’extension de l’aéroport de Narita, au Japon, au nom des habitants. Quand il s’est installé dans cette ville, non loin de Tokyo, le paysage se déclinait sous forme de plaines vertes, de champs de légumes et de riz. Aujourd’hui, un incessant ballet d’avions balafre le ciel de 6 heures à 23 heures. Les fermiers doivent faire d’invraisemblables détours pour rejoindre leurs champs et contourner les routes barrées et réquisitionnées pour des projets de construction. Ailleurs, des maisons sont encerclées de barricades de fer. Autant de moyens de pression pour faire céder les habitants et les contraindre à vendre leurs terres, plantées sur le tracé de l’extension de l’aéroport, assurent les détracteurs du projet.

L’histoire de Narita débute en 1966. A l’époque, les Etats-Unis intensifient leurs attaques depuis le Japon contre la péninsule indochinoise et l’aéroport de Haneda, le principal de Tokyo, est surchargé. Le gouvernement décide alors de s’emparer d’un village, à une soixantaine de kilomètres de la capitale. Mais pour étendre davantage l’aéroport, il faut expulser les paysans. Malgré la loi qui protège les agriculteurs, une première tentative de saisie des terres a lieu au début des années 1970. Elle se termine mal. Selon Koji Kitahara, 5 000 personnes sont arrêtées ; une vingtaine de protestataires – des milliers d’étudiants étaient venus soutenir les paysans – auraient même perdu la vie. La compagnie de l’aéroport de Narita ne recense, elle, que trois morts… dans les rangs de la police.

Patates douces mauves

Certains paysans cèdent et l’aéroport se construit. Mais son extension n’est, aujourd’hui, toujours pas achevée. Seule la piste A, mesurant 4 000 mètres, est finalisée. Les deux autres, plus courtes, se heurtent encore aux résistances. Le champ et la serre où Takeo Shitou, 62 ans, cultive ses patates douces mauves flirtent avec la piste B de l’aéroport. « Il y avait un chemin à cet endroit », se souvient-il, indiquant une barrière haute de trois mètres. « C’est la ville de Narita qui a vendu les terres de l’autre côté de cette barrière à la compagnie de l’aéroport. » Elle voudrait désormais réquisitionner 60 % de ses champs, contre une compensation financière, mais l’homme refuse, comme ses voisins. Aujourd’hui, à force de vivre et de travailler au milieu des pistes, les fermiers de Narita ont appris à reconnaître les avions. Un autre agriculteur, Tomio Hagiwara, montre du doigt le quartier général de la police anti-émeute, de l’autre côté des fils barbelés. « Ça ressemble à la Palestine », glisse-t-il. —
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Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Photoreporter italien et auteur de plusieurs scoops retentissants au Japon, Antonio Pagnotta est un fin connaisseur de ce pays. C’est aussi un habitué des zones interdites. Depuis avril 2011, il est entré à maintes reprises dans la zone rouge de Fukushima. Il a récemment publié Le Dernier Homme de Fukushima (Don Quichotte, 2013).

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