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23-02-2012
Mots clés
Finance
Solidarité
France

Une autre finance est possible ? Oui, mais…

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Une autre finance est possible ? Oui, mais…
(Crédit illustration : Jean Jullien)
 
Epargner et investir solidaire. Voilà qui sonne bien en ces temps troublés sur les marchés et dans l’économie réelle. Reste à savoir si les particuliers et les entrepreneurs y gagnent.
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Et si nous avions notre mot à dire sur ce que les banques font de notre argent ? Réflexion insensée ? On oublie trop souvent une évidence : toute cette épargne qui circule sur les marchés financiers, c’est la nôtre ! Nous avons le choix : placer nos précieux deniers dans une banque qui spécule sur les marchés financiers ou bien dans un circuit qui nous rend des comptes. C’est le défi que relève la finance solidaire. Comment ça marche ? Si nous voulons placer notre argent en toute sécurité, plusieurs options solidaires s’offrent à nous : soit le déposer dans un établissement financier, soit sur un plan d’épargne salariale ou, troisième possibilité, acheter directement des parts dans une entreprise. Dans le premier cas, on peut par exemple s’adresser à La Nef, structure 100 % solidaire. « Ici, l’épargne n’alimente pas la finance mondiale. L’argent que nous récoltons est directement redistribué sous forme de prêts aux projets à vocation solidaire », affirme Philippe Pascal, conseiller en épargne de la coopérative.

On peut aussi s’orienter vers des produits solidaires, qui sont aujourd’hui proposés par la majorité des banques. Il en existe deux sortes : le premier mécanisme fait en sorte que 10 % de notre épargne soit dirigé vers le circuit solidaire alors que les 90 % restants rejoignent les marchés financiers. Le second prévoit qu’une partie ou l’intégralité des intérêts – qui sont générés par des produits financiers classiques – soient redistribués à des associations. Pour aller au bout de la logique, il est recommandé de se tourner vers le Crédit coopératif, la banque la plus verte selon le classement de l’association Les Amis de la Terre, paru en juin 2011. Dans tous les cas, une chose est sûre : on sait enfin où va (une partie de) notre argent. D’ailleurs, concernant La Nef comme le Crédit coop, il suffit d’un clic pour le vérifier : la liste des projets financés est accessible sur le Net. Ils ont tous un point commun : leur finalité est sociale, environnementale ou culturelle.

La couleur de son argent

La deuxième option quand on veut contrôler la couleur de son argent est de choisir un plan d’épargne salarial solidaire, parmi ceux offerts par votre entreprise. Bonne nouvelle : depuis janvier 2010, toutes se doivent de vous en proposer un. Là encore, la traçabilité est assurée : une partie de l’argent est dirigée vers des entrepreneurs solidaires. France active est l’un des financeurs qui récolte cette épargne pour aider des projets à voir le jour. « Nous agissons en complémentarité des banques pour produire un effet levier : nous apportons une partie du capital afin de les inciter à se mobiliser », explique Jean-Michel Lecuyer, directeur général de la société.

Reste l’option sans doute la plus efficace : prendre directement des parts dans une structure solidaire, comme le propose le club d’investisseurs sociaux des Cigales. Puerto Cacao, un bar à chocolat artisanal et équitable, installé dans le XIIe arrondissement de Paris, a pu être créé grâce à l’ensemble de ces acteurs : « Je voulais embaucher des personnes en insertion professionnelle, témoigne Guillaume Hermitte, son fondateur. Les banquiers n’ont pas compris ma démarche et ce sont les financeurs solidaires, comme La Nef ou France active, qui ont permis d’amorcer mon projet. »

Finance solidaire « à la papa »

Alors, est-ce que la finance solidaire réussit là où la finance classique a échoué ? Côté traçabilité, elle gagne évidemment le match haut la main. Par contre, côté rentabilité, elle peut mieux faire : pour l’instant, les taux d’intérêt perçus par les épargnants solidaires sont légèrement inférieurs à ceux du marché. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles, en 2010, elle ne représentait que 3,15 milliards d’euros… sur les 250 milliards épargnés en France chaque année. On peut aussi lui reconnaître une quête de sens puisqu’elle privilégie l’humain à la rentabilité : « Les financeurs solidaires sont plus patients. Ils ne sont pas là pour dégager les dirigeants mais pour les accompagner. Cela change tout », assure Guillaume Hermitte.

Une solution idyllique, alors, la finance solidaire ? Tout n’est pas si rose. D’abord, elle reste largement dépendante de sa cousine traditionnelle, puisque, comme on l’a vu, elle ne fait que diriger une partie de l’épargne vers des projets équitables, tandis que la majeure partie alimente les marchés classiques. Mais les problèmes commencent surtout quand on parle gros sous. Si elle est tout à fait capable d’aider les petites entreprises, ça se complique dès que celles-ci veulent passer à une vitesse supérieure. C’est le constat fait par Nicolas Hazard lorsqu’il a découvert le monde de la finance responsable après ses études à HEC. Il a donc créé une société d’investissement solidaire, le Comptoir de l’innovation, pour soutenir les entreprises qui se développent. « Nous faisons appel aux investisseurs pour aider les structures à changer d’échelle », explique-t-il.

François Goudenove, directeur de WebSourd, une société de 30 salariés qui produit des services innovants pour les mal-entendants, a bénéficié des services de cette structure : « La finance solidaire “ à la papa ” n’est pas adaptée à notre profil. Sans les nouveaux acteurs, dont le Comptoir de l’innovation, nous serions morts. Ils ont compris les besoins de notre famille économique. » D’ailleurs, les initiatives pour augmenter la force de frappe de la finance solidaire se multiplient : La Nef vient de monter une plateforme régionale pour lever de l’épargne au niveau local et, en Loire-Atlantique, un groupe de réflexion mêle des financiers purs et durs avec des financeurs solidaires. Une question hante cependant tous les débats : la finance solidaire pourra-t-elle grandir sans perdre son âme ? On mise une pièce dessus ? —

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