Un Nobel français pour un robinet qui parle ?

Ils n’ont pas eu de vacances, ou si peu, et vont louper la rentrée des classes. Lucas, Robin et Olivier peaufinent jusqu’au dernier moment leur projet, celui qu’ils vont présenter en Suède en début de semaine prochaine. Ces trois lycéens ont été sélectionnés afin de représenter la France au Stockholm Junior Water Prize, une compétition internationale qui amène des jeunes d’une trentaine de pays à s’intéresser aux enjeux de la protection, de l’utilisation et du partage de l’eau.

Le trio rhônalpin, scolarisé au lycée Parc Chabrières à Oullins, près de Lyon, va entrer en terminale S, avec option sciences de l’ingénieur. Décrocher le Prix Nobel des 15-20 ans avec leur projet Tip Tap Top ? Ils n’osent pas trop y croire. « Même si on prend ce concours très sérieusement et qu’on a le trac », explique Lucas, 18 ans.

Autonomie en énergie et chasse au gaspi

En 2011, Lucas et ses comparses étaient en première (qu’ils ont redoublée). Toute l’année, ils ont travaillé sur un projet de robinet intelligent et qui parle. Oui, qui parle. Avec Laurent Neau, leur professeur de sciences de l’ingénieur, ils ont créé un système permettant au robinet de couler automatiquement quand on glisse ses mains dessous, et de s’arrêter fissa quand on a fini de les laver. Rien de révolutionnaire là-dedans, ce système hygiénique – car il évite de toucher le robinet – et économe en eau est déjà largement répandu. Sauf qu’une turbine placée dans le robinet, sur le trajet de l’eau, le rend autonome en énergie. Et dès la première goutte tombée dans le lavabo, le robinet se met à diffuser pendant trente secondes un message à destination des enfants leur expliquant comment rendre propres des doigts bien cracra.

La vidéo de présentation

Tout, depuis le circuit électronique jusqu’au ballon à eau (en plastique bleu que l’on voit sur la vidéo ci-dessus) conçu sur ordinateur puis imprimé via une imprimante 3D au lycée, en passant par le message – en anglais – guidant l’enfant dans ses gestes et diffusé par la mascotte Electroboy, a été pensé et conçu par les élèves. « Avec ce système, on diminue de 70% la consommation d’eau », explique Lucas, dont la « sensibilité écologique est venue avec le projet ».

La réalisation a été classée 12è aux Olympiades nationales des sciences de l’ingénieur l’an dernier, et a séduit un directeur d’établissement de l’Allier qui souhaiterait adopter cet ingénieux système dans son école. « Il n’est pas à vendre, mais on a mis tous nos documents en open source sur notre site, comme ça si des professionnels veulent l’améliorer et le développer, ils le peuvent », poursuit Lucas. Qui saura mercredi prochain si le Stockholm Junior Water Prize lui revient. Pour le moment, il n’ose y croire.