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24-11-2011
Mots clés
Consommation
Monde
Point De Vue

Tuons Groupon (avant qu’il ne nous tue)

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Tuons Groupon (avant qu'il ne nous tue)
(Crédit photo : Groupon)
 
Comment changer le monde ? En payant plus cher les produits, quitte à consommer moins. Mais surtout pas en achetant via Groupon.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Allons-y grossièrement : la Chine est sans doute au bout de ses capacités à faire baisser les prix. Il y a 18 mois, les hommes qui se sont jetés du haut des toits de Foxconn (le plus gros sous-traitant au monde de l’industrie high-tech) ont sans doute davantage changé le monde que les terroristes du 11 septembre. Les hausses de salaire qui ont suivi sont difficiles à évaluer mais dépassent de loin les gains de productivité. L’autre mouvement de fond, celui de délocalisation de l’industrie chinoise vers l’ouest du pays, est complexe à gérer, socialement et politiquement. On ajoute à cela la hausse des prix des matières premières, et l’on comprend que les temps sont murs pour arrêter la destruction de valeur.

Les temps sont murs mais nous ne le sommes pas. Le culte politique du moment, c’est celui du pouvoir d’achat, et l’on applaudit donc à la naissance de ce cancer de la consommation que représente Groupon (un réseau social américain qui permet aux consommateurs du monde entier de se regrouper pour tirer les prix vers le bas en négociant en groupe auprès des commerçants de leur région, ndlr). Cancer, oui : dérèglement d’un mécanisme vital. Le principe est de s’appuyer sur les réseaux sociaux pour donner de la puissance aux offres promotionnelles. Dans les faits, cela amène le consommateur à ne plus vivre qu’au rythme de ces offres promotionnelles.

Car on les trouvera toujours, on trouvera toujours des commerçants et des industriels à l’agonie prêts à tout sacrifier pour arracher quelques semaines de trésorerie, on les trouve même davantage encore en temps de crise. Les autorités politiques elles-mêmes participent au mouvement, des opérations comme « les essentiels de la rentrée » obligent les distributeurs à de nouvelles pressions sur les marges industrielles.

4 millions de friteuses sans huile vendues

Personne n’explique que ces gains de pouvoir d’achat artificiel détruisent en fait les salaires. La proportion des salariés français payés au SMIC a quasiment doublé en vingt ans (en gros 8% dans les années 1990, 15% aujourd’hui nous dit l’INSEE). Le poids des 35 heures est évident, mais le lien avec la disparition de l’emploi industriel l’est tout autant - seuls les gains de productivité permettent d’augmenter sainement les salaires, ils sont compliqués à trouver quand on vend des glaces aux touristes ou que l’on fait les lits des chambres d’hôtels -, emploi industriel justement victime de cette guerre des prix.

Un certain nombre d’entreprises trouvent la parade, l’exemple de la friteuse sans huile de SEB est sans doute le plus spectaculaire, permettant de multiplier par quatre les prix de vente, et d’en vendre à ce jour plus de 4 millions (parce que l’innovation est directement utile, etc., mais ce n’est pas le propos de ce billet). La riposte est donc possible.

Houellebecq et le sentiment de « déception »

Nous consommerons moins ?? Et alors, cette consommation est à l’égal des dettes que nous avons accumulées : la certitude de notre déclin futur. Houellebecq a même décrit parfaitement le sentiment de « déception » qui accompagne maintenant l’achat d’un produit manufacturé victime d’une politique de réduction de coût à chaque étape de sa fabrication.

Il ne tient qu’à nous de résister, l’ambiance du moment le permet. Retour au principe de réalité, politique de ré-industrialisation, relocalisation décidée par de plus en plus d’industriels. A condition de détruire à coups de pelle ces excroissances effrayantes des réseaux sociaux.

Cet article a été initialement publié sur le blog Eco-vibes le 3 novembre dernier, lors de l’introduction en Bourse de Groupon. Après avoir grimpé de 30% dans les premiers jours, son cours de Bourse s’est effondré depuis le début de la semaine.

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Stéphane Soumier est rédacteur en chef de BFM Business et animateur de « Good Morning Business ». Il est l’auteur du blog Eco-vibes.

15 commentaires
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  • L’élaboration d un cp comme celui là pensez-vous que wiki est une source d information en qui on peut avoir confiance ?

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    6.09 à 14h57 - Répondre - Alerter
  • Le site groupon est vraiment un "pousse" à la consommation, il nous propose par mail tout les jours des produits souvent inutile mais tellement peu chère .... bon puis une fois l’achat réalisé je ne vous parle pas du service ....

    Emilie de Solitaire gratuit

    9.08 à 11h54 - Répondre - Alerter
  • Salutation, j’ai énormément adoré votre blog, m’autorisez vous de suivre votre site sur twitter ?
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  • je suis estheticienne depuis 16 ans ,je propose des prestations de qualités mais malgré mon professionnalisme ,mon CA a baissé ces deux dernieres annees et groupon en est grandement responsable..c’est quand méme incroyable que l’on puisse casser un marché a ce point...je ne suis malheureusement pas la seule a subir ces fraquassage de prix,je voudrai pouvoir dialoguer avec d’autres commerçants dans mon cas..j’ai deux employées et depuis Deux ans je n’arrive plus a me payer certains mois ;créons une asso contre ces gens qui font travailler a perte...et qui finiront par faire fermer les commerces de proximité...tant qu il est encore tant

    29.05 à 19h56 - Répondre - Alerter
    • Bonjour,
      Je suis d’accord avec vous, je suis dans la même situation que vous. Tant que Groupon existe encore, il sera le pire concurrent de tous les commerçants car ceux qui travaillent avec eux ne gagnent rien vue perdre de l’argent, et ceux qui ne travaillent pas avec perdent un nombre de clients important qui vont courir après le bas prix et ne viendront pas chez nous pour payer le tarif normal.
      Conclusion : Groupon nous tue à petit feu. Mais les clients ne gagnent pas non plus forcément car vu tous les mauvais commentaires sur les forums, ce n’est pas top leur service, en plus, des commerçant de service (restaurant, esthétique, coiffure..etc) reçoivent mal les clients donc créent une mauvaise expériences pour les clients qui peut considéré comme de l’argent perdus même s’ils n’ont pas payé cher
      Je pense qu’il faut que Groupon baisse leur pourcentage pour les commerçant (50% HT c’est énorme ! vu que nous devons baisser déjà plus de 50% pour les clients !) ils prétextent que c’est le frais pour les commerciaux du terrain, mais c’est eux qui doivent les payer pas nous ?! ou alors, ils peuvent diminuer les commerciaux et les commerçant qui souhaitent travailler avec eux vont s’inscrire directement sur leur site et les échanges pourront être faits par informatique ?
      Ou alors, il faut que les commerçant monte un site qu’on peut proposer directement nos offres aux clients, un site que tous les commerçant peuvent proposer leurs offres comme ils veulent et sans payer une fortune pour passer l’annonce (il existe genre "balinéa" mais encore une fois ils prennent bc aussi et nous imposent des contraintes !)
      Qu’est ce que vous en pensez ?
      Cordialement

      26.11 à 10h57 - Répondre - Alerter
  • Merci pour ce bel article ... CA me fait aussi penser à l’obsolescence programmée et à la fameuse ampoule centenaire en Californie ... Si j’étais riche et que j’avais des c**** je fabriquerai une marque Made in France d’électroménager garantie 10 ou 15 ans d’origine, le retour aux bonnes vielles valeurs, certes ca serait surement 4 x plus cher mais je suis sur que les gens seraient prêts à payer le prix pour sortir du cercle vicieux de la surconsommation.

    Sur ce bonne journée ;)

    salon de jardin

    20.02 à 10h50 - Répondre - Alerter
  • Génial ton post.
    Tuons groupons c’est clair !
    On arrivera à rien en achetant au rabais. Pour faire fonctionner l’économie il faut acheter au juste prix !!!

     :-)

    Merci pour tes articles, tes points de vues sont vraiment judicieux.

    Vincent
    Julie
    hamac

    12.01 à 12h49 - Répondre - Alerter
  • Perso, pas besoin de groupon pour faire de la gym. Je participe à des chantiers en woofing, apprends à éliminer mes toxines en échangeant mes compétences actives avec d’autres, suis nourrie et hébergée dans la joie et la bonne humeur ! Chic et pas cher, la démocratie appliquée ! Je fais partie de celles et ceux qui multiplient les espaces de gratuité, au lieu de booster les commerces de corrompu(e)s ! Quand vous pédalez devant 1 écran paysager qui défile par électricité , en discutant avec vos partenaires, participez vous, au moins à refroidir les centrales nucléaires de vos sueurs ? C’est que s’il y a moins de poissons sains dans vos assiettes, c’est que la qualité/quantité de vos consommations induit celle de vos productions.
    A moins que dans vos cours de commerciaux, vous n’avez jamais appris que le capital commun d’ici-bas, soit la planète elle même...Et quand on détruit son capital, que devient-on ?

    17.12 à 12h06 - Répondre - Alerter
  • bonjour à tous,
    j’avoue j’ai fauté ! pardon j’ai Grouponé ! j’ai découvert un club de gym où je m’éclate, ce qui est bon pour le moral et ça n’a pas de prix, ce qui, par la suite m’a fait m’inscrire normalement à ce club, donc tant mieux pour eux. J’ai découvert d’autres activités via cela. Mais je comprends tout à fait vos commentaires, je ne m’imaginais pas tout ce qu’il y a derrière, et j’avais entendu l’emmission de france inter à ce propos il y a qqs mois, et même s’il y avait des mécontents, la plupart despersonnes proposant leur deal, avaient l’air plutôt satisfait et avaient reboosté leur commerce. Alors tout est il pourrit dans Groupon ? Merci de développer.

    29.11 à 09h34 - Répondre - Alerter
  • ce n’est pas du protectionnisme qu il faut faire
    mais reprendre le pouvoir .

    et choisir la forme de société que nous souhaitons
    en finir avec la consommation, au sens mercantilisme.

    bloquer ou reprendre les capitaux qui partent.

    reprendre la maitrise des mouvements de capitaux.
    empêcher les transnationales (leurs dirigeants) de nuire
    de profiter de leur puissance,
    On a donné au privé le privilège de produire des richesses
    le privé a donc pris le pouvoir naturellement,

    c’est ce qu il faut reprendre.

    en plus ce n’est pas incompatible avec le libéralisme !
    ni le capitalisme, juste une tendance inévitable en l’absence de démocratie.

    27.11 à 15h40 - Répondre - Alerter
  • C’est fou, aujourd’hui est la 1ère fois que je reçois 1 mail de Groupon qui m’affirme que j’ai gagné quoi, déjà ? J’avoue ne jamais ouvrir les messages comportant les possibilités de gagner du fric et autres moyens de m’engloutir dans 1 obsession si indécemment organisée, et suite à cet article de Terra eco (que j’adore sur la pertinence de certains de ses rédacteurs et de ses rédactrices...jusqu’à présent), j’en suis à vous en faire part...Donc perso, vigilance en free lance !

    25.11 à 15h46 - Répondre - Alerter
  • D’accord avec maljam. Il faut donc au plus vite envisagez le protectionnisme. Si nous ne le faisons pas, nous sommes "morts". Mais attention : nous avons ouvert la porte très largement et nous ne pouvons la refermer brutalement au nez des chinois, des indiens, des malaisiens,... Nous y perdrions tout de même quelques plumes : leur marché de quelques milliards d’habitants permet à certaines de nos entreprises de croître. Nous sommes tous entrés dans un cercle très vicieux qui menace de nous engloutir tous : pays émergents, anciens pays industrialisés et développés, et a fortiori les pays qui ne sont ni l’un ni l’autre, soit la plupart des pays d’Afrique, qui ne pourront pas éviter l’onde de choc.
    Tout est devenu très complexe du fait de nos inter dépendanes

    25.11 à 13h46 - Répondre - Alerter
  • Nous voulons consommer au meilleur prix parce que nous estimons que notre pouvoir d’achat est en perte de vitesse.

    Au bout de 10 ans de cette pratique effrénée, le constat est amer : le tissu industriel est exhangue, les emplois peu qualifiés pullulent, et le sentiment de frustation continue d’augmenter...

    Un espoir ?

    Lorsqu’on entend que des salariés chinois font grève pour lutter contre une délocalisation de leur usine, vers une autre région de leur pays où les salaires sont plus bas ; j’ai envie de dire oui.

    Mais à l’approche des fêtes et de la frénésie d’achats qui en découle, j’ai le sentiment que la route est encore longue...

    25.11 à 13h25 - Répondre - Alerter
  • @ maljam : Je partage votre commentaire. Merci.

    25.11 à 01h52 - Répondre - Alerter
  • Bien d’accord sur le côté malsain de la pratique, mais aucune solution n’est proposée, à part le fait qui est plus ou moins sous-entendu dans l’article de vouloir artificiellement revaloriser certains emplois ou secteurs. Pour moi, le vrai enjeu de tous ces problèmes et à beaucoup d’autres liés à la mondialisation, c’est le coût beaucoup trop bas du transport international (principalement lié au coût trop faible des carburants fossiles par rapport à leur coût réel en terme de renouvellement des stocks naturels). Le fait de pouvoir mettre en concurrence des économies soumises à des législations et des conditions de travail fort différentes à des endroits fort éloignés l’un de l’autre n’est possible que parce qu’on utilise une ressource non renouvelable. C’est intenable à long terme, mais en attendant, cela fait des dégâts immenses (au niveau social comme écologique).
    Ma solution : s’arranger pour que les transports soient payés au coût réel d’un côté et pour ne laisser entrer en concurrence sur un marché (Ex : l’UE) que des produits respectant au minimum les standards (sociaux, écologiques) de production de ce marché.

    24.11 à 11h01 - Répondre - Alerter
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