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26-06-2015
Mots clés
Développement Durable
Monde

Trois histoires de globe-trotters, le partage dans le sac à dos

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Trois histoires de globe-trotters, le partage dans le sac à dos
(Crédit photo : On The Green Road)
 
Parler de sujets sérieux (développement durable, Islam...) à travers le voyage, telle est la mission des globe-trotters nouvelle génération. Le but ? Relativiser notre vision occidentale du monde.
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Il est loin le temps où des missionnaires partaient faire le tour du monde afin d’évangéliser les peuples impies ! Le globe-trotter d’aujourd’hui a d’autres priorités : ouvrir son monde à d’autres cultures et d’autres systèmes de pensée.

- A la rencontre des femmes musulmanes

Mais son monde a parfois du mal à admettre sa propre ignorance : « Quand j’expliquais mon projet, raconte Sarah Zouak, l’héroïne du Women SenseTour, les gens me disaient : “C’est super tu vas les aider !” Ils n’avaient rien compris : ce sont plutôt elles qui vont nous aider à changer notre vision des choses… Quand on est en France et qu’on part dans le Sud, dans la tête des gens c’est forcément pour sauver des vies. » La jeune femme de 25 ans est partie cinq mois entre 2014 et 2015, dans cinq pays musulmans pour rencontrer des femmes à la fois actrices de changement et pratiquantes. Avec une idée en tête : revaloriser l’image de la femme musulmane, trop souvent considérée en France comme soumise, oppressée, parce que voilée.

Sarah Zouak (ici à Persépolis, au premier plan) s’est entourée de Justine Devillaine pour les étapes iranienne et indonésienne de son projet.
(Crédit photo : Women SenseTour)

« Je suis musulmane mais je l’ai longtemps caché parce que je me définissais aussi comme féministe et je pensais que c’était contradictoire, regrette-t-elle. Ici, on ne nous donne pas de modèles de femmes qui allient sereinement leur foi et leur activisme. Quand une femme musulmane est mise sur le devant de la scène, c’est qu’elle lutte au prix de sa vie : c’est Malala contre les talibans. » Au Maroc, en Tunisie, Turquie, Indonésie et Iran, Sarah a donc partagé le quotidien de musulmanes présidentes d’associations, directrices d’entreprises coopératives, députées, etc., toutes engagées pour l’émancipation des femmes. « Moi-même j’ai appris plein de choses et je me suis rendu compte que j’avais des a priori, avoue-t-elle. Quand on a vu un de nos rendez-vous arriver en tchador, on s’est dit : “Oula, ça doit pas être facile pour elle…” Mais en fait, plus féministe tu meures ! »

Parmi les héroïnes iraniennes du WST : Fatemeh Ashrafi, fondatrice de l’association HAMI pour la protection des femmes et des enfants des réfugiés.
(Crédit photo : Women SenseTour)


- 18 000 kilomètres en vélo pour comprendre le développement durable

Désapprendre ce qu’on leur avait enseigné pendant plus de vingt ans, c’est aussi la mission que s’étaient donnée les cousins De Barral quand ils sont partis « on the green road », sur la route verte, de juillet 2012 à septembre 2013. A califourchon sur leurs vélos, Alexandre et Siméon ont pédalé quelque 18 000 kilomètres à travers le monde pour tenter de trouver des solutions nouvelles à la problématique du développement durable. Le choc a été d’autant plus violent qu’ils étaient tous deux issus de prestigieuses écoles de commerce et d’ingénieurs : « Quand je voyais toutes ces vaches sacrées manger des sachets plastiques, je me rappelais que j’avais appris à vendre ces sacs à l’Inde… », hallucine encore Alexandre.

En Inde, un « savant mélange de brume et de pollution » enveloppe le fleuve au matin.
(Crédit photo : On The Green Road)

Leur périple débute à Paris d’où ils se dirigent vers l’Est avant de bifurquer vers le Sud. Les deux compères traversent la Turquie et l’Iran, avant de s’attaquer à l’Asie centrale en plein hiver. Pressés par les régimes dictatoriaux qui exigent une traversée rapide de leur pays, ils n’ont pas le temps de parler développement durable avec la population. Le Turkménistan ne leur accorde qu’un visa de cinq jours, aussi leur record de distance s’établira dans cette dictature : 187 kilomètres en un jour ! Puis c’est sous la neige et sur le verglas par -15°C que les cyclistes traversent l’Ouzbékistan.

« C’était aussi un défi sportif assez hard. »
(Crédit photo : On The Green Road)

En Inde, des montagnes de déchets se dressent devant eux, la pollution encombre leurs poumons. Dans la vallée du Mékong, les barrages s’enchaînent, Alexandre et Siméon prennent conscience qu’ils sont moins utiles aux populations qu’à leurs financeurs. En Amérique latine enfin, c’est le déclic : « On était venus chercher des solutions techniques, et c’est notre conception du développement humain qu’on a remis en cause : là-bas, les indiens n’ont pas oublié la Pacha Mama, la Terre-mère. Pour eux, la nature n’est pas un objet mais un sujet : elle a des droits que nous devons respecter. »

Mario Rojas, paysan avant tout et chef de la communauté de Palmitos Timboy en Bolivie, a aussi dirigé pendant plusieurs années le mouvement des sans-terre au niveau national. A la tête du mouvement, il a toujours prôné l’utilisation de fertilisants naturels.
(Crédit photo : On The Green Road)

Ce déclic, ils souhaitent à tout prix le partager. S’ils étaient partis sans écrans, « pour se reconnecter à la nature », les cousins De Barral avaient embarqué appareil-photo et caméra. Dans une semaine aura lieu la première projection de leur documentaire « On the green road », l’aboutissement de presque deux ans de travail. A la rentrée, ils se lanceront dans un tour de France de présentation du film, au cours duquel ils espèrent sensibiliser « peut-être pas des millions, mais au moins quelques dizaines, voire centaines de milliers de gens ». Alexandre a déjà commencé, à son échelle : « J’évangélise mes proches sur la pratique du compost. Après un an au contact de la nature, quand je jette un trognon de pomme dans un sac noir, je me dis que notre société est vraiment malade. » Plus tard, il se destine à l’entrepreneuriat social, dans le domaine de la reforestation. « Si je n’avais pas fait ce tour du monde, je n’aurais jamais su que c’était ce que je voulais faire : on n’apprend pas ça en école de commerce », regrette-t-il.

Le Mékong forme une frontière naturelle entre la Thaïlande et le Laos. Une frontière perméable qui permet un grand nombre de trafics.
(Crédit photo : On The Green Road)


- Le tour du monde avec un regard d’enfant

Difficile de revenir à sa vie d’avant après un tel voyage. Frédéric Vasse en a fait l’expérience. A quarante ans, il est parti sac au dos avec sa femme et leurs trois fils (onze, huit et trois ans) pour un tour du monde en famille : le projet Saperliplanète. Objectif ? Parler du développement durable avec des mots d’enfants. Dans les vidéos YouTube qui survivent à l’aventure, ce sont Eliot, Jules et Anatole qui posent les questions aux interviewés, et qui expliquent face caméra ce qu’ils voient. « Pour le microcrédit, on est allés vivre avec des paysans qui vivaient de deux microcrédits dans le delta du Mékong. On a partagé leur vie, leur bouffe… On a éprouvé le sujet. », se souvient Frédéric.

C’était en 2009. Il était directeur de la communication de Nantes Métropole. Jean-Marc Ayrault, à l’époque président de la communauté urbaine, lui avait accordé une année sabbatique à condition qu’il revienne. Frédéric avait signé, puis changé d’avis quelques mois plus tard : du fin fond du Laos il avait adressé au futur Premier ministre sa lettre de démission : « Je trouvais chiante la façon dont on parlait du développement durable en communication. C’était donneur de leçons, catastrophiste… Tout ce qu’il ne fallait pas faire. » Saperliplanète a beaucoup plus de succès : les « saperliplanautes » revenus en France, des dizaines d’écoles ont fait appel à eux pour accueillir leur conférence interactive. Par le blog, aujourd’hui fermé, des centaines d’internautes avaient suivi leurs tribulations et beaucoup les reconnaissent encore dans la rue, se souvenant les avoir vus dans l’émission Envoyé spécial de France 2.

Les trois enfants Vasse en Namibie. « Pendant ce voyage, j’ai eu le sentiment de tutoyer l’humanité. De toucher le fond des choses », s’émeut Frédéric.
(Crédit photo : Saperliplanète)

A son retour, le père de famille opte pour une reprise d’études : ce sera un master 2 « Développement durable et organisations » à Dauphine. Depuis, il travaille pour un cabinet de conseil en développement durable auprès des entreprises et collectivités territoriales. « C’est une question de cohérence : depuis, on est aussi passés d’une maison de 200 m² à une maison de 125 m² pour pouvoir aller au boulot à pieds ou à vélo, on mange moins de viande, j’ai baissé mon salaire de 25%… Dans la famille, on est rentrés dans une période de déconsommation. Notre tour du monde a fait le ménage sur les trucs superficiels. »

Les « saperliplanautes » ont donné des conférences pendant trois ans après leur périple. Aujourd’hui l’envie d’ailleurs les démange à nouveau. L’aîné a déjà passé sa première dans un lycée de Seattle. « C’est foutu maintenant. Le virus est pris », sourit son père.
(Crédit photo : Saperliplanète)


En voulant changer la vision des autres sur une thématique particulière, ces globe-trotters se sont un peu changés eux-mêmes. A l’origine, Sarah Zouak n’était partie faire son Women SenseTour que pour réaliser un projet personnel qui lui tenait à cœur. N’en devait rester qu’un documentaire : les interviews croisées des 25 femmes rencontrées. « Mais le projet a grandi », s’enthousiasme-t-elle. Elle a maintenant envie de cofonder avec Justine une association « pour inspirer les musulmanes en leur faisant connaître des modèles de femmes à la fois modernes et religieuses, mais aussi pour montrer aux non-musulmans une autre image de l’Islam que Daesh ».

Un nouveau parcours du combattant l’attend, tant l’incompréhension est générale : « Aujourd’hui, on me demande : “Quand est-ce que tu cherches un travail ?” Mais c’est ça mon nouveau travail, affirme-t-elle. Je veux parrainer des jeunes qui iront faire d’autres Women SenseTour afin de continuer à revaloriser l’image de l’Islam par l’humain. » Des amateurs ?

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