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Passez à la prospérité

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Passez à la prospérité
(Crédit photo : Julien Daniel - MYOP)
 
« Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable », Tim Jackson, De Boeck, 248 p., 17 euros.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Cet essai est-il le plus important des cinquante prochaines années ? La question paraît ronflante, mais c’est un fait : Prospérité sans croissance porte une ambition théorique immense, masquée par l’apparente humilité de son auteur, un « professeur de développement durable » qui a planché pour le gouvernement britannique. Avec Tim Jackson, ça ne rigole plus. Sa question est : comment allons-nous, concrètement, mettre en place une économie de marché qui garantisse la « prospérité » (c’est-à-dire l’épanouissement des individus) en cessant d’épuiser l’environnement ? Sur ce terrain, les « faut qu’on » et « y a qu’à » sont légion. Il y en a très peu chez lui.

Car pour étayer ses dires, Tim Jackson examine une masse considérable de concepts économiques, sociologiques, philosophiques, jongle avec les théories des uns et des autres, émet des hypothèses, les confronte aux chiffres et propose des solutions. Ambitieuses, mais applicables. Ceux qui ont lu Pourquoi ça ne va pas plus mal de Patrick Viveret ou Urgence sociale de Pierre Larrouturou lui trouveront comme un air de famille. Mais sa capacité de synthèse, sa pédagogie exigeante et son détachement politique font de son ouvrage un must… d’ailleurs bien difficile à résumer.

Les lacunes de notre temps

Disons en bref qu’il démontre – magistralement – qu’une économie basée sur la croissance classique n’est plus viable en Occident. Et qu’il nous faut imaginer deux alternatives : soit une croissance avec « découplage absolu », c’est-à-dire qui ne pèserait plus sur l’environnement – il n’y croit guère, même s’il invite les Etats à pousser dans ce sens. Soit une société sans croissance, ou « économie en état d’équilibre », mais qui ne renoncerait pas à la prospérité que nous connaissons. C’est plutôt vers cette deuxième solution que son cœur balance. Et le défi est immense ! Car Jackson pointe les lacunes intellectuelles de notre temps : personne n’a, déplore-t-il, imaginé un système macroéconomique dans lequel les données environnementales seraient prises en compte. Personne n’a réellement songé à imaginer une société qui récompenserait les comportements altruistes plutôt que l’avidité. Ni inventé le mode de gouvernement qui accompagnerait ce changement. Et rien ou presque n’a été fait pour envisager ce qu’il nomme une société de « décroissance stable ».

Se relever les manches

De tous ces chantiers essentiels, Prospérité sans croissance jette les bases et appelle la communauté des penseurs, la classe politique et médiatique à se relever les manches. Espérons que sa rigueur, son refus de tomber dans le fatalisme comme dans l’angélisme (les chapitres consacrés à notre insatiable matérialisme méritent à eux seuls le détour) et, plus généralement, dans ce qu’il nomme les « exhortations simplistes », seront contagieux. Maintenant, au boulot, les gars ! —

Lire ici l’interview de Tim Jackson

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  • oui mais tout le monde doit y mettre du sien:les religion aideront le monde en acceptant la limitation des naissance par l’utilisation de la capote.

    26.09 à 22h03 - Répondre - Alerter
  • C’est du moins ce qu’explique Yann Moulier Boutang (Prof ; à l’U.T. de Compiègne dans son dernier ouvrage "l’abeille et l’économiste ",dans lequel il explore le passage d’une économie de l’échange et de la production à celle de pollinisation et de contribution .
    Une piste de refondation stimulante !

    26.09 à 19h42 - Répondre - Alerter
  • ...Car ce livre apporte des éléments assez intéressants pour alimenter votre propre réflexion et vous faire avancer dans vos actions personnelles !

    ... car il est écrit par une figure publique en grande-bretagne et que de ce fait il sera lu et écouté par un cercle plus large que les ténors de la décroissance habituels

    ... car il pose extrêmement bien les problèmes et les raisons pour lequelles ils existent même s’il n’aborde pas assez à mon goût le scénario de sortie crédible puisqu’il se focalise quasiment exclusivement dans ses solutions sur les leviers dont dispose le pouvoir public (logique vu d’où vient l’auteur)

    ... car il aborde un thème que l’on oublie trop souvent : l’individu à la base des grands changements et la sociologie comme frein à tout changement radical vers plus de durabilité —> ca fait réfléchir

    ... car le livre est truffé de références à des papiers externes, essentiellement anglo-saxons qui offrent un peu d’air dans le microcosme francophone de la durabilité.

    En bref, une lecture parfois un peu ardue, technique qui fait beaucoup réfléchir et qui donne envie de se dépasser pour sortir du dilemmne dans lequel nous nous sommes enfermés - très bien décrit dans le bouquin :
    Consommation positionnelle alimentée par besoin de nouveauté alimenté par besoin de croissance qui engendre une consommation positionnelle etc...

    Plusieurs scénarii de sortie existent, mais il faut la masse critique d’agents économiques pour le faire...

    Serez vous de la partie ?

    22.09 à 17h11 - Répondre - Alerter
  • Jérôme : Et Jancovici ?

    Sans avoir lu le livre cité dans l’article, on peut néanmoins citer les livres de Jean-Marc Jancovici, qui donne aussi les grandes pistes pour sortir d’un modèle basé seulement sur la croissance et le pillage de notre Terre... Un essai à retenir aussi pour les 50 prochaines années : "C’est maintenant !"

    22.09 à 09h17 - Répondre - Alerter
    • Et André-Jacques Holbecq "l’écosociétalisme" ; et Philippe Derudder "les 10 plus gros mensonges de l’économie" ; et le précis d’utopie réaliste de Baptiste Mylondo "Un revenu pour tous" ? et tous les écrits de Serge Latouche et de Paul Ariès ? Il est faux de croire que ce monsieur est un visionaire, même si son essai a le mérite d’exister et donc de s’ajouter à tous ceux qui démontrent que le système économique actuel n’est pas une fatalité. Il y a des quantités de moyens de transformer l’économie, de faire décroître nos productions (inutiles les trois quart du temps car jetées dans les six mois), d’abaisser notre temps de travail productif (donc polluant) sans renoncer à un niveau de vie et à un revenu individuel qu’on pourrait appeler "de sain confort". Ce revenu pourrait être un Revenu Citoyen Universel. Il va falloir mieux vous former et informer, si vous voulez éviter l’écueil de vous tromper de messie.

      22.09 à 10h50 - Répondre - Alerter
      • Merci, Luciole, pour cette leçon de journalisme. La chair est triste hélas, et je ne prétends pas avoir lu tous les livres. Mais pour Latouche et Ariès, j’ai beaucoup donné, merci : ils tirent certes dans la même direction que Jackson, mais leurs essais n’ont pas le début du semblant de son ambition. Pour une raison simple : leur métier est de faire la morale au lecteur (tout comme le vôtre est, semble-t-il, de m’apprendre mon métier). Il s’agit de lui indiquer ce qu’il devrait être et non ce qu’il est. Question messies, on est servis en effet...
        Jackson est le premier qui, à ma connaissance, réfléchit à la société décroissante telle qu’elle pourrait exister avec les individus que nous sommes , nos défauts, notre infantilisme, et notre égoïsme. Du coup, pas de sermon en chaire au kilomètre, mais des propositions ambitieuses et applicables. Du neuf, en somme.

        29.09 à 13h43 - Répondre - Alerter
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