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6-11-2009
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Interview

Thon rouge : "on peut espérer un électrochoc"

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Thon rouge : "on peut espérer un électrochoc"
 
La Commission internationale de conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) se réunit jusqu’au 16 novembre avec comme sujet principal l’avenir du thon rouge. Alors que les ONG et plusieurs pays européens demandent l’arrêt du commerce international de l’espèce, Alain Fonteneau, de l’Institut de recherche et développement, fait le point sur sa situation et les enjeux du sommet.
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Terra eco : le comité scientifique de la CICTA a rendu son rapport il y a quelques jours. Que dit-il ?

Alain Fonteneau : "Il confirme que, sans être critique, la situation est sérieuse et qu’on ne peut pas continuer à pêcher 60 000 tonnes par an. Il affirme que l’inscription du thon rouge dans l’annexe I de la CITES [1] n’est pas adaptée mais qu’en revanche l’inscription sur l’annexe II serait logique. Le point positif, c’est qu’il y a eu une série de bonnes naissances et donc que la menace d’un effondrement de l’espèce s’éloigne de plus en plus."

L’espèce n’est donc pas au bord de l’extinction ?

"Il y a un certain nombre de gens qui s’imaginent que le thon rouge est comme le panda et qui disent que dans 3 ans on aura pêché le dernier. Ces prévisions très pessimistes sont complètement invraisemblables. Mais c’est la stratégie de la sonnette d’alarme qui est aujourd’hui employée, alors que les scientifiques se sont longtemps plaints de n’avoir personne pour faire pression à leurs côtés. En revanche, si rien n’est fait, il peut y avoir un danger à l’horizon 2020. Et un scénario d’effondrement, comme celui la morue du Canada, serait irréversible. Pour le thon rouge, mais aussi pour les écosystèmes, avec des déséquilibres importants entre espèces : la Méditerranée pourrait se transformer en une mer de méduses."

Aujourd’hui la pression pour poursuivre la pêche vient aussi des gouvernements…

"C’est le constat de l’échec de la CICTA et des commissions de pêche en général, à qui l’ONU délègue la gestion des ressources halieutiques. Jusqu’à présent, ces pays se mettent d’accord pour pêcher 2 à 3 fois plus que ce que les scientifiques recommandent. Il s’agit de dire : "vous n’êtes pas capable de gérer donc on prend les choses en main". Cette menace de l’inscription sur la CITES laisse espérer un électrochoc. Beaucoup de pays pêcheurs ne veulent pas en entendre parler et estiment que le destin de la ressource doit leur appartenir. Je pense que la CICTA va donc essayer de prouver sa crédibilité en renforçant les contrôles et en suivant la recommandation d’abaisser les quotas à 12 ou 15 000 tonnes." [2]

Une inscription sur la CITES ne serait-elle pas préférable ?

"Quel que soit le résultat, la situation du thon s’améliorera. Mais rien que l’annexe II entraînerait des mesures de contrôle draconiennes de tous les flux internationaux. Cela bloquerait tous les thons illégaux, mais au prix de beaucoup de bureaucratie. La CITES doit vraiment servir de parachute. Depuis 2007, la CICTA a tout de même commencé à prendre des mesures énergiques. Si elle renforce ses efforts pour lutter contre les pêcheries illégales et protéger les jeunes thons et les reproducteurs, la situation du thon rouge peut être confortable dans 10 ans. En se serrant la ceinture maintenant, on pourra à terme se permettre de pêcher plus."

Il y a quand même un problème de surcapacité ?

"Bien sûr. Cette surcapacité est chronique et flagrante, puisqu’on a 400 bateaux là où il en faudrait 50. Mais en Europe, elle est désormais sous contrôle et les bateaux restent à quai la moitié de l’année. C’est pour cela que l’UE veut lancer un grand programme de destruction physique des bateaux. Mais cela doit se faire au niveau international, car cela ne sert à rien s’il reste 300 bateaux tunisiens, turques, algériens, maltais... Il faut surtout appliquer ce qui a été décidé. C’est la tragédie des communs : le thon étant un bien "en libre service", l’effort ne peut être que collectif."

A lire aussi dans Terra eco :
- Le thon rouge toujours dans la galère
- Surpêche : la grande distribution entre deux eaux

[1] La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) comprend plusieurs annexes. L’annexe I concerne les espèces les plus menacées, en voie d’extinction, dont le commerce international est strictement interdit. L’annexe II concerne des espèces en danger, dont le commerce doit être surveillé et encadré.

[2] Les quotas de pêche du thon rouge sont aujourd’hui fixés à 22 000 tonnes, mais les prises sont en réalité estimées au double ou au triple chaque année.

Sources de cet article

- Photo : Tsukiji, thon géant. Crédit : jpellgen

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