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Tabac bio : une idée fumeuse ?

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Tabac bio : une idée fumeuse ?
(Marius Mellebye / Flickr)
 
Des paquets de cigarettes labellisés AB ? A l'heure de la Journée mondiale sans tabac, l'idée choque certains. Pourtant, si le tabac bio reste encore marginal, il pourrait bien séduire de plus en plus de monde.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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C’est, ce 31 mai, la Journée mondiale sans tabac. Pour ceux qui ne comptent pas pour autant abandonner la clope, la question se pose : pourquoi ne pas troquer ses habituelles Camel pour des cigarettes bio, et ainsi réconcilier ce geste quotidien avec ses exigences écolos ? En clair, quitte à fumer, pourquoi ne pas s’épargner quelques résidus de pesticides dans les poumons, et par la même occasion épargner la terre des champs de tabac ? A l’heure où l’agriculture bio est dans l’air du temps, pourquoi ne pas l’appliquer à cette plante consommée par presque 30% des 15-75 ans ? C’est avec ces interrogations pleines de bons sentiments que je me lance dans cette mini-enquête. Et me fais vertement recevoir : « Le tabac bio ? Et pourquoi pas l’héroïne bio aussi ?, fulmine la députée PS et cancérologue Michèle Delaunay. Il y aurait bien des connards pour lancer ça dans les milieux chics, tiens. »

Chez les anti-tabagisme, le tabac bio passe donc pour la dernière « ânerie » (dixit toujours Michèle Delaunay), et surtout pour un produit encore plus dangereux, car plus pernicieux, que le tabac conventionnel. Argument de la députée : « Ça va imprimer, dans la tête du fumeur, qu’il prend moins de risque en fumant bio… » Or le bio n’enlèverait rien ou presque à la toxicité du tabac. Bref, ce serait un écran de fumée pour masquer le danger d’un produit qui fait chaque année, selon l’OMS, 6 millions de morts dans le monde. « Ce qui tue, dans la cigarette, c’est le monoxyde de carbone, les goudrons, les hydrocarbures aromatiques… Si les fabricants lancent des paquets labellisés AB, ce serait de la publicité mensongère, dans le seul but de vendre plus. On les attend au tournant », prévient le professeur Yves Martinet. Avant de s’assurer d’un détail : « Vous fumez ? » « Oui… Enfin, juste un peu », dis-je au président du Comité national contre le tabagisme avec une pointe d’hésitation.

Un marché plein d’avenir

Le tabac n’est résolument pas un produit comme les autres. C’est peut-être la seule filière où le bio prend des allures de tentation diabolique. Pour Pierre Haein, directeur de l’Union des coopératives France-Tabac, « les mesures et les lobbys anti-tabac » minent toute possibilité de communiquer sur des paquets de cigarettes bio, et bloquent le développement de cette filière. Ainsi, « le ministère de l’Agriculture y serait favorable, mais pas le ministère de la Santé », assure-t-il. Ce manque d’entrain explique peut-être que seuls cinq agriculteurs se sont lancés dans cette culture en France, sur 1 800 planteurs. Ce qui nous donne un tout petit 0,3% d’exploitations de tabac bio, contre une moyenne de 3,14% de bio dans l’agriculture en général, selon l’Agence Bio (voir chiffres 2009).

© France-tabac

Toutefois, rien n’est perdu. « Il y a un vrai potentiel de développement du tabac bio », affirme Pierre Haein. L’Anitta (Association nationale interprofessionnelle et technique du tabac) mène des essais pour développer cette filière bio, et la rendre plus sûre pour les agriculteurs. Certes, les cigarettiers ne se bousculent pas pour acheter ce tabac, plus cher que le conventionnel. Mais les initiatives émergent. Aux Etats-Unis, Santa Fe Natural Tobacco et son tabac « American spirit » est l’un des pionniers du marché, suivi de Organic Tobacco inc. Le premier se targue d’avoir augmenté ses ventes de cigarettes bio de 30% en 2007. Sur le site de l’autorité américaine du tabac Tobacco international, il assurait même pouvoir doubler sa production entre 2007 à 2008. Selon l’un de ses fournisseurs, Rick Smith : « Le plus grand défi, à court terme, va être de cultiver assez de tabac bio pour satisfaire un marché qui semble en pleine croissance », explique-t-il sur le site.

En Europe, les cigarettes Yuma – « bio et équitables » selon la pub – se trouvent chez une poignée de buralistes, à Paris surtout. Il y a également le belge Gryson, numéro 1 des ventes de tabac à rouler en France (selon Pierre Haein), qui commercialise notamment la marque « Fleur du pays ». Selon Chris Bakker, l’un de ses managers, le fabricant achète du tabac bio qu’il mélange au tabac traditionnel dans ses paquets de tabac à rouler. Il affirme, lapidaire, dans un e-mail : « Nous pensons que l’usage de tabac bio va croître dans les années à venir. »

« Le pire est derrière moi »

Michel Brossenlier, planteur de tabac bio dans le Maine-et-Loire, est l’un des fournisseurs de Gryson, via la coopérative de France-Tabac. Il a fait ce choix, peu commun, de la culture bio « pour anticiper la demande des citoyens. Il faut vite s’y préparer, car on a besoin de beaucoup de temps avant de maîtriser cette culture en bio… Or on est encore aux balbutiements, on tâtonne. » La première année, sa culture de tabac bio a été anéantie par un parasite qui fait la hantise des planteurs : le mildiou. Au fur et à mesure, l’agriculteur a tiré les leçons de ses expériences. Aujourd’hui, il affiche des résultats aussi bons qu’en conventionnel, avec un chiffre d’affaires plus élevé. « Je préfère produire du tabac propre, même si cette expression sonne mal… De toute façon, le pire est derrière moi, dans les produits ajoutés par les cigarettiers », se rassure-t-il.

Ce n’est pas tout à fait faux. Il y a près de 800 composants dans une cigarette et sa fumée. Autant dire que les pesticides sont noyés dans cette masse de substances. Et de toute façon, « ils subissent une combustion de 500 à 1000° qui leur fait sans doute perdre leurs caractéristiques », explique Jean-Pol Tassin, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Parmi les gourmandises, il y a par exemple de l’ammoniac, utilisé pour augmenter la dépendance à la cigarette, ou du chocolat, qui sert à la rendre plus agréable, affirme Yves Martinet. Or selon Jean-Pol Tassin, la combustion du sucre, du miel ou du chocolat, qui comptent parmi les premiers additifs, entraîne la formation d’un ou plusieurs Imao (inhibiteurs de monoamines oxydases), qui agissent en association avec la nicotine pour rendre le tabac très addictif. « Lors des expérimentations, les animaux réagissent beaucoup à la morphine ou à l’héroïne, mais très peu à la nicotine seule. Pourtant, la cigarette est en tête des produits les plus addictifs. » En somme, le mieux serait peut-être de fumer du tabac bio ET sans additifs. Problème : ça n’existe pas (le tabac à rouler « Pueblo », par exemple, est présenté comme sans additif, mais pas bio). Du coup, peut-être mieux vaut encore ne rien fumer…

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  • A quand la nicotine bio pour pouvoir vaper des e-liquides bio et français de préférence, je débute la cigarette électronique et j’aimerai beaucoup vaper sain.

    29.04 à 20h51 - Répondre - Alerter
  • je pense que c’est plutôt une bonne chose. Le bio est plus respectueux de la nature et si le tabac est un peu plus "sain" c’est aussi bien. Le prix des cigarettes ne changeant rien au habitudes des fumeurs, autant prendre le problème dans un autre sens.

    19.03 à 14h42 - Répondre - Alerter
  • le tabac quand il est dit bio c est quand il est cultivé sans engrais chimique et industriels et sans pesticides. uniquement avec de la terre végetale et fumier ( dejection d animaux nourris a l herbe en campagne )
    ce qui rend le tabac cancerigene ce sont les pesticides (insecticides) , les herbicides et les engrais que l on achete en grande surface.

    21.03 à 19h54 - Répondre - Alerter
  • le bio peut etre aussi nocive comme semi_bio bref pour le tabac il est pas chimique et autres composante ... quant c’est 100% tabac IL RESTE PLUS QUE goudron / nicotine dedans
    sinon le tabac pur une plante médicinale d’antan (indigène) !!! les peuple reculé s’en servent est le fume pour de tas de choses et de culture, ainsi que de savoir vivre une clope d’etend ! en gros fumer temp à autres ou consommation modéré pour que tes poumons ce régénère...
    parfois des non fumeur chope le cancer ^^ via la pollution industriel que humain...
    quant on allume une cigarette le coté négatif et le dioxyde et toute cellulose de n’importe quelle plante en ce consumant elle brule est fait du goudron ... à part cela voila éviter les clope industriel toute faite :) comme les plat préparé ;)

    9.07 à 11h37 - Répondre - Alerter
  • Passer au tabac 100% a été une épreuve de sevrage. Je n’arrive pas psychologiquement à passer au sevrage complet (un arrêt manqué) cependant je ne ressens quasiment plus de manque physiologique et ma consommation a considérablement diminuée. Une bonne étape vers l’arrêt. Si je pouvais l’acheter bio ce serait dans l’optique de diminuer mon empreinte écologique, pas pour les effets directs sur ma santé. Pour cela une seule solution : l’arrêt définitif.

    25.09 à 00h53 - Répondre - Alerter
  • Audrey : tabac

    L’arrêt du tabac demeure une véritable mission. Le principal est d’être bien conditionné pour pouvoir détenir un maximum de chances. Cet article vous fournira peut-être une aide vraiment précieuse :
    http://www.breizh-e-cig.fr/article-12—arr%C3%AAter-la-cigarette.html
    Bon courage.

    19.06 à 12h36 - Répondre - Alerter
  • il me semble que l’un des premiers intérêts de la culture bio du tabac est plutôt de préserver la terre, d’éviter de faire mourir la vie du sol avec tout un tas de "cides" (pesti, insect, herb).

    ça me semble capital et urgent.

    a chacun de prendre la décision de fumer ou non, c’est un choix individuel.

    mais la terre, c’est collectif. la culture bio est de toute façon meilleure .

    25.04 à 13h45 - Répondre - Alerter
  • bonne idee j’y pensais ce matin dans ma voiture

    14.12 à 23h44 - Répondre - Alerter
  • l’idéal serait la vente par internet ;)

    12.08 à 11h58 - Répondre - Alerter
  • Option personnelle : les économies faites en arrêtant de fumer et de manger trop de viande sont investies dans de l’excellente nourriture bio végétarienne.

    13.06 à 15h59 - Répondre - Alerter
  • Que dire des sols utilisés pour faire pousser une plante qui ne nourrit pas son homme ?
    Bio ou pas, si on consommait moins de tabac, on pourrait réduire le pourcentage de terres de France dédié à une plante qui n’a d’autre utilité que de polluer les hommes. (et leur donner un shoot de nicotine).

    4.06 à 17h45 - Répondre - Alerter
  • Il existe un tabac bio à rouler sans additifs,de la marque American Spirit,malheureusement on ne le trouve qu’en Allemagne !
    Fumer du tabac bio,c’est s’assurer qu’en amont les terrains agricoles et l’eau ne sont pas pollués par des traitements chimiques !
    Pour les amérindiens,le tabac est une plante sacrée !

    3.06 à 12h47 - Répondre - Alerter
  • Perso : quand je consomme bio, c’est plus pour la qualité du mode de culture et ses impacts sur l’environnement que pour ma santé. Il y a tellement de choses dans mon quotidien et mon encironnement qui peuvent m’atteindre aussi...

    Si on décide de fumer aujourd’hui, c’est en tout connaissance de cause. Alors la différence signifiante réside, je pense, dans le rapport à l’empreinte écologique qui est derrière chaque produit CHOISI.

    Je préfère encourager cela et ne pas partir dans la surconsommation.
    De même, cela pèse contre un système plus nocif, dans la balance économique : pouvoir d’achat.

    1er.06 à 22h01 - Répondre - Alerter
  • la mode est certe au bio mais un tabac bio restera toujours aussi nocif du fait de sa combustion et des produits addictifs ajoutés pour s’assurer que les utilisateurs aient un maximum de difficulté à en décrocher !
    je fume entre 25 et 30 cigarettes par jour depuis 20 ans et malgré les meilleures raisons du monde d’arreter (santé, cout exhorbitant, bien etre, la deception de ma mère quand je lui rend visite...) je n’arrivais pas à m’en défaire. Et bien sur le gouvernement ne trouve rien de mieux que d’augmenter (à l’infini ?) le prix du paquet, ce qui ne fait que remplir les caisses (l’argent des taxes sert il à la recherche ou à soigner les cancers ?!) et mettre en difficulté les personnes à revenus modestes.

    j’ai fini par m’orienter vers une autre solution beaucoup plus interessante pour le consommateur (pour une fois !) et qui ne déplairait qu’a l’industrie du tabac et à l’état (taxes !) : la cigarette electronique (ou e-cigarette), je peux continuer à fumer (ou plutot vapoter) sans aucun des méfaits causés par la combustion vu qu’il n’y en a pas (seulement de la vapeur d’eau), pas d’odeur, pas de mégots, pas de tabagisme passif, ma box amortie en 1 semaine !!! je n’ai plus dépensé un euro depuis le 17 avril date de ma derniere cigarette classique ! A explorer avec un grand interet !

    1er.06 à 20h34 - Répondre - Alerter
  • L’idée n’est plus de protéger le consommateur déjà prévenu des risques. Il doit en finalité commencer à assumer les conséquences de ces actes et non nous devons de continué de prévenir les nouveaux ou les futurs consommateurs.

    L’idée est de protéger les non-fumeurs des conséquences indirectes et néfastes de ce produit.
    La culture du tabac n’a rien a envier a un champs de mais selon monsanto ou à une palmerai intensive. Du tabac bio c’est évidemment bien mieux pour la planète et moins pire pour celui qui le fume.

    Il ne reste plus qu’à interdire les filtres synthétiques pour les remplacer par du biodégradable et du bio tant qu’à faire... la majorité des fumeurs ne cesserons jamais de jeter leurs mégots au sol.

    C’est la question de l’intérêt particulier ou de l’intérêt collectif que cet article soulève en définitive.

    1er.06 à 09h32 - Répondre - Alerter
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