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4-06-2012
Mots clés
Société
Monde

Survivrons-nous au progrès ?

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Survivrons-nous au progrès ?
(Crédit photo : survivingprogress)
 
Armé des plus grands penseurs de l'écologie du XXIème siècle, ce documentaire diffusé mardi sur Arte jette une vision pessimiste sur la civilisation que l'homme a fondée et qu'il détruit à petit feu.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Derrière la vitre, une femelle chimpanzé déambule, son petit dans les pattes. Elle connaît parfaitement cette salle où les comportementalistes l’observent, à coup de cubes en bois à glisser dans des trous et de bananes en guise de cadeaux. Le spectateur épie son ancêtre comme s’il s’observait lui-même dans un miroir, mais des millions d’années plus tôt. Le singe sait que la caméra le scrute. Impassible, il toise l’objectif. Un regard curieux sur son descendant devenu intelligent. « Le seul être vivant à détruire son habitat », nuance la primatologue Jane Goodall.

À qui la faute ? C’est la question que pose le documentaire de Mathieu Roy « Survivre au progrès », diffusé ce mardi 5 juin sur Arte et produit par Martin Scorsese. Le réalisateur de « La dernière tentation du Christ » serait-il resté imprégné de manichéisme ? Ronald Wright, auteur du best-seller Brève histoire du progrès, qui a inspiré le film, ouvre le bal. Pull sombre, regard austère et traits tirés, l’écrivain tranche : « Il y a le bon et le mauvais progrès. » Le noir, le blanc. Le bien, le mal. Le documentaire ressasse une vieille rengaine sur ce que l’homme et « la civilisation qu’il a fondée » vont devenir au rythme auquel nous consommons. « Nous », les deux milliards d’êtres humains qui vivons aisément et les cinq milliards d’autres qui y aspirent. Comme ce guide touristique chinois, Cheng Ming, qui se ravit de pouvoir enfin manger des tomates et des pastèques toute l’année, un luxe « inespéré il y a vingt ans ».

Exploitation outrancière des ressources

La tendance à vouloir plus, qui serait « notre nature », essouffle la planète. Le documentaire balaie les grandes problématiques : de la fabrique de la dette à la crise financière, de l’explosion démographique à l’exploitation outrancière des ressources. Illustré par des reportages autour du monde (Etats-Unis, Brésil, Afrique, Chine), « Survivre au progrès » laisse converser les grands penseurs de notre temps, l’écrivaine Margaret Atwood, le biologiste Craig Venter, le généticien David Suzuki et la ministre de l’Environnement brésilienne Marina Silva.

Un enchaînement de belles réflexions, parfois affolantes, mais qui n’explorent rien de nouveau. Heureusement, Mathieu Roy et Harold Crooks plongent la caméra derrière le rideau. En pointant du doigt la déforestation de l’Amazonie, les réalisateurs interrogent l’une des gardiennes du temple vert. Agent de la police environnementale, Raquel Taitson Queiroz traque les coupes de bois illégales. D’une scierie à l’autre, elle scrute les troncs. Les ouvriers ragent. Elle aussi, car avant elle croyait « pouvoir défendre ses principes ». Niet. Elle ne sert à rien, si ce n’est à sauver un hectare de la tronçonneuse de paysans qui veulent nourrir leurs familles. Sauf que les coupables ne sont pas là. Il faut les chercher « aux Etats-Unis », un symbole pour désigner l’étranger, le puissant à qui le Brésil brade ses richesses.

Notre cerveau incapable d’analyser la réalité à long terme ?

Le film assène que le mécanisme de notre planète devient irrationnel, déconnecté du concret et finalement incompréhensible. Même pour l’être le plus évolué de la planète. Si la nature se retourne contre nous, alors le progrès permis par l’intelligence humaine aura été une impasse. Comme si notre cerveau était parfaitement construit mais incapable d’analyser la réalité à long terme. A force de catastrophisme, ce refrain est gênant. Mais il est encore plus gênant de devoir l’égratigner alors qu’il s’appuie sur d’aussi grands personnages.

- « Survivre au progrès », un documentaire de 86 minutes réalisé par Mathieu Roy et Harold Crooks, produit par Martin Scorsese. Diffusion mardi 5 juin à 20h35 sur Arte.

Voir la bande-annonce :

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

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  • Si dans l’assemblée d’indigné(e)s, il y a des hackers pour s’occuper des comptes bancaires des gros fortuné(e)s, cela aiderait à améliorer les choses...

    17.06 à 12h00 - Répondre - Alerter
  • OK. La concentration des richesses dans les mains d’un groupe humain minuscule n’est bien sûr pas nouvelle. Le documentaire se réfère au monde romain, entre autres. Mais évidemment, ce n’est pas une raison pour l’accepter à nouveau, d’autant que ces gens, maintenant ultralibéraux, font confiance en la "main invisible" du marché pour tout régler, comme par miracle... A Dieu, quoi. Preuve qu’ils ne veulent rien analyser et rien comprendre au progrès - mais je ne dis pas qu’ils ne sont pas fautifs.
    Je ne suis pas croyant, mais j’ai entendu mille fois "aide-toi, le ciel t’aidera". Donc, en gros, à nous - et à eux aussi - de bouger la partie de notre corps qui nous sert à nous asseoir "peinards" (cette remarque vaut aussi pour moi). L’homme est responsable de ses excès, vous et moi le sommes, ne serait-ce qu’en acceptant comme une fatalité la "cupidité triomphante". L’Homme, ce n’est pas seulement les 0.1% dont vous parlez, "les irresponsables possédant un pouvoir immense", c’est tout le monde. Nous sommes tous responsables, particulièrement quand nous nous concentrons sur le confort et le facile - d’ailleurs inaccessible à beaucoup, sauf à surexploiter les ressources de notre planète. J’espère que c’est moins confus, ainsi.

    6.06 à 15h39 - Répondre - Alerter
  • Le progrès ? Quel progrès ? Un mot aussi vide de sens que "le marché" (pas le marché aux légumes du coin de notre rue, bien entendu). Il n’y a pas de reflexion collective autour de ces mots : ce ne sont même pas des concepts.
    En fait (c’est un ingénieur en mécanique qui écrit ceci), il s’agit d’une somme de tentatives isolées, désordonnées, parfois désespérées, souvent mégalomanes, de s’affranchir des forces naturelles, qui nous mènent du point A (notre naissance) au point B (notre mort).
    Chaque déclenchement d’action, sans lien obligatoire avec un autre, est à la dimension d’un être, voire d’un groupe, d’une nation ou même d’une entreprise (plus on avance dans cette liste, moins il y a de pensée traduite en actes, le pire étant ces entreprises qui n’obéissent qu’au marché) - mais pas à la dimension de la cohérence de la nature.
    Lorsque ces actes sont préparés, rares sont ceux qui prennent en compte tous les facteurs, pour autant que ces facteurs soient connus - et avec leur taux de gravité reconnu par tous.
    Alors... Et bien, ni la nature ni nous n’y comprenons grand’chose - globalement. Notre capacité de destruction vient de nous apprendre notre pouvoir, c’est son seul avantage. Alors, comme un enfant qui jette à terre, stupéfait par le résultat, son premier marteau, ... Voici venu le temps de la réflexion, de l’action coordonnée et réfléchie. Cela, ou la mort.

    4.06 à 14h48 - Répondre - Alerter
    • Vous avez entendu ? les 0.2% des personnes (et entités) les plus riches de cette planète, totalisent 39 000 milliards US$ de capitaux. Comment ont-ils "fabriqué" cette plus-value ? Eh bien, en instrumentalisant le progrès, précisément. L’homme, même l’Homme, n’y sont pas pour grand chose. L’économie vitale veut qu’on tende toujours vers le plus facile et le plus agréable, voire le moins douloureux. Ce n’est pas l’Homme qui est débordé par ses excès, c’est le règne de la cupidité triomphante qu’il faut éradiquer. A commencer par ses colatéraux, comme la finance et la publicité. Les quatre lignes ci-dessus sont d’une extrême confusion, à l’aune de la question posée.

      5.06 à 10h51 - Répondre - Alerter
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