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30-11-2011
Mots clés
Consommation
France
Reportage

Smoby rejoue la carte jurassienne

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Smoby rejoue la carte jurassienne
(Des ouvrières assemblent des voitures en plastique dans une usine Smoby. Crédit photo : hamilton - réa)
 
Bye-bye la Chine ! Lassée des délais asiatiques, l’entreprise de jouets fabrique de nouveau 70 % de ses garages, baby-foot et cuisines en plastique dans l’est de la France. Un bol d’air pur pour la région. Reportage.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Sur le site de production de Smoby Toys, en lisière du bourg d’Arinthod, c’est un ballet incessant. Les cartons de petites voitures, établis, nurseries ou toboggans en plastique sont chargés par palettes entières dans des camions. Direction les grossistes puis les magasins de jouets où tout doit être en place pour les achats de Noël. Sur l’emballage des cuisines miniatures pour petites filles, l’un des produits phare de Smoby, se détache la mention « French cuisine ». C’est moins une référence à la gastronomie hexagonale qu’un clin d’œil au made in France, en passe de devenir un argument marketing.

Car c’est dans ce village jurassien que le numéro 1 du jouet en France fabrique l’essentiel de sa production. Plus de 70 % des jouets Smoby sont désormais confectionnés dans l’Hexagone, notamment les jouets d’imitation – des ménagères pour les filles, des garages pour les garçons... ou l’inverse – et les jeux d’extérieurs : maisons, bacs à sable, etc. « Face au dogme de la délocalisation, on est la preuve qu’on peut produire en France des biens de consommation courante et en vivre. Il y a une place pour l’industrie française, à condition d’avoir le courage d’investir », estime Patrice Manin, responsable du site de production à Arinthod.

Footballeurs en plastique

Investir, c’est le pari qu’a fait la société allemande Simba en reprenant, en mars 2008, la marque et les actifs de ce fleuron français du jouet qui avait été placé en redressement judiciaire en 2007 – après quatre-vingts ans d’activité – à la suite de malversations présumées de son ancien patron. En deux ans, la firme allemande a injecte 13 millions d’euros dans le site : un nouveau bâtiment de 4 000 m2 accueille 27 nouvelles presses à injection... made in Germany celles-ci. La plus imposante affiche une pression de 1 600 tonnes et débite un bac à sable toutes les quarante secondes.

Une autre façonne, en trois injections, les footballeurs qui viendront garnir les baby-foot. Les granulés de plastique alimentent directement les machines depuis des silos par un système de tubes qui évite la manutention des matières premières. Ces machines flambant neuves, plus fiables et plus performantes, consomment 40 % à 50 % d’électricité en moins. Les coûts de production s’en trouvent bien entendu considérablement abaissés. Mais ce n’est pas le seul élément qui a fait pencher la balance en faveur de la relocalisation.

« Avant, tout ce qui était électronique et textile et ce qui nécessitait beaucoup de main-d’œuvre était envoyé en Chine. Maintenant, ce n’est plus automatique. Et on relocalise même certaines productions », explique le cadre de Smoby. Tout récemment, la fabrication des tricycles en fer a été rapatriée de l’empire du Milieu en Espagne, et celle des embases de garage est revenue dans le Jura. « La Chine n’est plus l’eldorado qu’on croyait : les coûts de main-d’œuvre augmentent de 10% à 20% par an, les frais de transport sont importants – surtout quand on fabrique des jouets de grand volume comme nous – et les exigences de qualité pas toujours bien mises en œuvre. Mais le gros inconvénient réside dans les délais d’approvisionnement. Avec la Chine, on n’a rien en moins de trois mois », résume Patrice Manin. C’est dans la qualité, et plus encore la réactivité, que réside donc la valeur ajoutée du made in France. « Pouvoir s’ajuster au marché et être réactif aux demandes des clients, c’est un vrai plus commercial. »

« Plastics vallée »

Chez Smoby, le retour à la maison n’a rien de philosophique : il procède avant tout de calculs économiques. Tant mieux si, au passage, il préserve un peu la planète en limitant les flux de marchandises et donc les déplacements polluants et énergétivores. La stratégie environnementale est en revanche plus affirmée quand Smoby veille à s’approvisionner auprès de fournisseurs installés dans un rayon de 40 km : à Oyonnax dans l’Ain, épicentre de la « Plastics Vallée », mais aussi à Eybens (Isère) ou Molinges (Jura). Socialement, la relocalisation a une inci- dence notable pour la région. En 2007, quand Smoby est placé en redressement judiciaire, c’est un cataclysme pour Arinthod, mais aussi pour Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), Moirans (Isère) et Groissiat (Ain), les autres communes d’implantation de la marque. « On a eu très peur », se souvient Marie-Martine Guillot, qui travaille au bar-tabac-restaurant d’Arinthod, et a longtemps été intérimaire chez le fabricant de jouets.

« Tous les gens du village ont travaillé, travaillent ou connaissent quelqu’un qui travaille à Smoby. Nous, ça nous amène beaucoup de monde, des ouvriers, des camionneurs, des visiteurs... Sans Smoby, c’est sûr, c’est un village mort », estime la restauratrice. « Faut pas exagérer », tempère le maire, Jean-Charles Grosdidier, qui reconnaît toutefois que « Smoby a porté le développement » de sa commune de 1 200 habitants et se réjouit que l’entreprise soit en phase d’expansion. « On vient de délivrer un permis de construire pour une autre extension de plus de 5 000 m2 », indique l’édile, qui se dit « résolument optimiste » malgré la crise qui frappe durement la région. Patron d’une entreprise de transport, il constate « une prise de conscience forte » des limites de la délocalisation chez les industriels de la plasturgie : pas assez de qualité, trop de retards d’approvisionnement pénalisent les affaires. Il voit dans le retour au made in France un phénomène durable, très profitable pour l’emploi. « L’atelier de montage de Smoby permet d’embaucher du personnel féminin, c’est vraiment bien pour nos zones rurales. »

« Ajouter de la matière grise »

Quand Simba a racheté Smoby en 2008, les effectifs étaient passés de 850 à 330 salariés. Ils sont désormais remontés à près de 460, quand le chiffre d’affaires a bondi de 105 millions d’euros en 2009 à 120 millions en 2010. « On a enlevé des métiers peu qualifiés pour ajouter de la matière grise », explique Patrice Manin, qui précise que « chez Smoby, les budgets de formation sont au moins trois fois plus importants que l’obligation légale ». Objectif : améliorer la technicité des salariés et la technologie des machines pour continuer à abaisser les coûts de production. C’est à ce prix que le made in France sera un argument pour les consommateurs. Et que les petites filles auront leur « French cuisine » à Noël.
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