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« Savez-vous à quel point les jouets en plastique sont dangereux ? »

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« Savez-vous à quel point les jouets en plastique sont dangereux ? »
(Légende : Werner Boote (à droite) lors du tournage du film Crédit photo : DR)
 
Dans le docu « Plastic Planet », le réalisateur autrichien Werner Boote part en guerre contre le culte du secret dans l'industrie du plastique. Entre fausse naïveté et opérations coup de poing à la Michael Moore, il touche juste.
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Terra eco : Que vouliez-vous démontrer en réalisant « Plastic Planet » ?

Werner Boote : En 1999, je voulais juste faire un film sur la quantité de plastique autour de nous, c’est tout. Ensuite, j’ai lu des articles. Et puis des études sur des substances contenues dans ces plastiques. On y parlait stérilité, allergies cutanées, cancers, etc. Je me suis dit qu’il fallait faire des tests sur des objets au hasard pour voir si ces substances étaient vraiment présentes partout. Nous en avons testé beaucoup, des tongs, des matelas, etc. et puis, pour finir, un globe terrestre gonflable, qui est devenu le symbole de ce « monde plastique ». Nous l’avons fait analyser et il contenait effectivement des phtalates (1).

Restait alors à savoir si ces substances passaient dans notre corps. J’ai donc passé des examens. Résultat : mon sang contenait du bisphénol A (2), des phtalates, etc. Le reste de l’équipe du film a également passé les examens. Tous positifs. Heureusement, en faisant attention, on peut réduire son taux de bisphénol A. Un an après ces premiers tests, mon taux avait déjà considérablement baissé.

N’avez-vous pas l’impression que les industriels font plus attention dans l’Union européenne, par exemple ?

Pas vraiment, non. Certes en France, on a avancé avec l’interdiction du bisphénol A pour les biberons et les tétines, mais ce n’est qu’un petit pas. Connaissez-vous vraiment le cas des jeux pour enfants ? C’est un cauchemar ! Et celui des plastiques mêlés à l’électronique avec tous leurs retardateurs de flammes (chargé de prévenir l’inflammation des objets, ndlr) ? C’est horrible. On respire à longueur de journées des substances nocives. Imaginez les chauffeurs de taxi face à leur tableau de bord pendant des années !

Le marché est gigantesque et les industriels n’ont commencé à faire des tests sur les substances nocives qu’à la fin des années 1980. Ou alors ils en faisaient avant mais ne les diffusaient pas ! J’ai d’ailleurs du mal à croire qu’en voyant des paniers en PVC se décolorer ou devenir cassants, ils ne se posaient pas de question sur l’altération de leur produits.

Votre film est sorti en Allemagne et en Autriche fin 2009. A-t-il fait bouger les consciences ?

Dix ans après le début de mes investigations, je vois que de petits mouvements prennent forme. Plastic Planet a été le documentaire le plus vu l’an passé en Allemagne et en Autriche. A la suite du film, une famille autrichienne s’est lancée dans l’aventure d’une vie sans plastique. Trouver une brosse à dents dans une autre matière, c’est compliqué ! Ils ont fait ça pendant un mois et ont décidé de continuer. Cela fait plus d’un an maintenant qu’ils ont commencé et d’autres familles les ont rejoints. Ça, c’est la voie radicale ! Des écoliers à Hambourg ont, eux, demandé à obtenir les noms des substances de certains produits dans un supermarché. Grâce au règlement Reach, la direction a dû répondre en 45 jours ! Les autorités des Emirats arabes unis ont aussi décidé d’interdire les sacs plastique en 2013 après visionnage du film ! Globalement, il faut que les citoyens fassent en sorte que les politiciens soient plus forts face aux industriels. Il faudrait d’abord lutter contre notre soif de consommation mais c’est difficile. Alors, exigeons au moins que les plastiques soient, au regard de nos connaissances actuelles, sans risque.

Et du côté des industriels ?

L’industrie du verre a acheté des centaines de copies du film et le distribue à ses clients ! Plus sérieusement, le lobby du plastique a édité un « media kit » de 14 pages à usage interne – qui s’est retrouvé sur Internet – pour dénoncer mon travail. Ils m’ont envoyé des avocats, etc. Quant à leurs pratiques, malheureusement, je ne pense pas qu’elles changent. Il y a bien le boom des bioplastiques mais ce n’est pas la panacée. Ils ne sont pas faits pour tous les secteurs. Une anecdote : à Rotterdam, je suis allé observer les contrôles menés sur les containers qui arrivent au port. Ils en ont ouvert un devant moi et testé des chaussures Nike. Les taux de substances nocives étaient trop élevés. Ils ont donc renvoyé le container. Croyez-vous que Nike ignorait les taux autorisés dans l’Union européenne ?

(1) Créés dans les années 1930, les phtalates servent à rendre les plastiques plus souples. On les suspecte d’entraîner des malformations de l’appareil génital mâle et de favoriser l’obésité.

(2) Présent dans les emballages, les canettes ou encore les CD, le bisphénol A pourrait entraîner diabète, cancers du sein et de la prostate, maladies cardiovasculaires, etc.

« Plastic Planet » est en salles depuis le 6 avril.

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