SEE, une ONG pas comme les autres

Deng Yi vit depuis deux ans dans un village d’éleveurs de moutons en Mongolie intérieure, à plus de 1 000 km au nord-ouest de Pékin. C’est là que se trouve la préfecture d’Alxa, source principale des tempêtes de sable qui soufflent chaque année au printemps sur la capitale. Il y a 8 ans, Song Jun, un chef d’entreprise chinois humaniste, a décidé d’investir la coquette somme de 500 000 euros pour protéger une partie de la zone contre l’avancée du désert. Depuis lors, 80 autres chefs d’entreprise l’ont rejoint. SEE, pour "Society Entrepreneur Ecology", était née. En 20 ans de métier, Deng Yi, l’homme à tout faire de SEE, avoue ne jamais avoir été aussi fier de travailler pour une ONG. Il envisage même d’écrire un petit livre sur le sujet.

Car chez SEE, il ne s’agit pas uniquement de rendre l’environnement meilleur en prévenant les tempêtes de sable, mais aussi d’inciter les chefs d’entreprise à assumer une responsabilité sociale et environnementale, concept par ailleurs à la mode en Chine. "Nous voulons être une plate-forme d’action pour les entrepreneurs qui souhaitent faire leur apprentissage en matière de responsabilité sociale, assure Deng Yi. Les meilleurs devront être proactifs sur ces questions."

Les patrons appartenant à SEE viennent de tous les horizons : privé ou public, banque, internet, immobilier, et de tous les coins de Chine. Pour devenir membres, ils ont pour obligation de faire don minimum de 10 000 euros par an pendant 10 ans à l’association. Si chaque patron est plus ou moins impliqué, ils gèrent eux-mêmes la vie de l’ONG, en particulier les 15 membres du bureau exécutif. Une avancée, quand on sait que la responsabilité sociale des entreprises en Chine se limite souvent à de simples dons d’argent.

Une organisation modèle

Parmi les actions entreprises par l’ONG, SEE entend agir sur plusieurs paramètres dont celui des économies en eau dans l’agriculture paysanne. Le changement des pratiques d’irrigation initié par l’ONG a ainsi permis de diviser par 5 en 5 ans la consommation paysanne en eau. SEE fait aussi campagne contre le surpâturage et a réussi à faire diviser par 3 ou 4 le nombre de moutons élevés par parcelle.

Au-delà des résultats en matière d’environnement, l’ONG apparait aussi comme une organisation exemplaire en terme de bien-être social et de transparence. L’attribution des fonds aux différents projets est votée par 6 personnes, dont 5 représentants des paysans de l’ère concernée, qui est divisée en 5 zones. "Nous n’avons qu’un sixième des droits de vote, témoigne Deng Yi. Notre but, c’est d’associer au maximum la population, et non de décider à sa place." De même, une clause permet aux habitants locaux de révoquer l’un des membres de l’ONG s’ils ne sont pas satisfaits de son travail. Deux d’entre eux en ont d’ailleurs fait les frais.

Enfin, pour que les projets fonctionnent, les bénéficiaires - c’est-à-dire principalement les paysans - ne peuvent pas se contenter de recevoir des fonds : ils doivent aussi apporter un peu du leur. "Cela génère une sorte de compétition entre les projets, chacun a envie que son projet réussisse et y met autant d’argent qu’il peut", remarque Deng Yi. Là au moins, l’impact social, économique et environnemental comptent à parts égales.

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