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21-10-2013
Mots clés
Emploi
Europe
France

Roumains, Bulgares : non, ils ne viennent pas en France pour les aides sociales

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Roumains, Bulgares : non, ils ne viennent pas en France pour les aides sociales
(Crédit photo : Zingaro. I am a gipsy too - flickr)
 
Les immigrés de l'Est de l'Union européenne ne s'installent pas chez nous pour profiter des avantages sociaux en se tournant les pouces. C'est la conclusion d'une étude remise à la Commission européenne.
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C’est la nouvelle rengaine entonnée en chœur par plusieurs leaders européens. Les immigrés de l’Union européenne – enfin, des pays les plus pauvres de l’UE, donc des pays les plus à l’Est dans l’UE – viendraient poser leurs bagages dans la vieille Europe, profitant de la liberté de circulation qu’elle leur offre, pour lézarder aux frais de la princesse. Ce « tourisme de prestations sociales » serait essentiellement le fait des Roumains et des Bulgares, et plus particulièrement des Roms, selon les ministres de l’Intérieur du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de l’Allemagne et de l’Autriche dans une lettre commune envoyée à la Commission européenne en avril dernier. Ils y réclamaient la possibilité d’interdire de territoire les citoyens européens qui commettraient une fraude aux prestations sociales. Les récents propos de Manuel Valls sur l’absence de vocation des Roms à s’intégrer à la société française sont du même tonneau.

La Commission européenne, qui n’a pas accédé à la demande des ministres, vient tordre le cou à ces clichés. Un rapport du cabinet-conseil ICF-GHK, qui vient de lui être remis, bat en brèche – chiffres à l’appui – le fantasme d’une immigration fainéante et profiteuse. A quelques mois de la fin des restrictions sur l’accès au travail au sein de l’UE pour les ressortissants roumains et bulgares – intégrés en 2007, ils n’avaient pas le droit de travailler librement dans l’UE, et ce jusqu’au 1er janvier 2014 – il était grand temps de remettre les pendules à l’heure.

L’ouverture des frontières a entraîné des flux modérés

Au final, peu de citoyens de l’Union européenne vivent dans un autre pays que le leur. Dans l’UE à 27 (l’étude a travaillé sur les données 2012, soit avant l’intégration de la Croatie en juillet dernier), la migration intra-européenne des plus de 15 ans est passée de 1,3% à 2,6% de la population totale entre 2003 et 2012. « L’augmentation s’est surtout fait sentir à partir de 2004 dans les pays d’Europe de l’Ouest, pas tant parce que les habitants de l’Est sont arrivés en masse mais parce que des personnes en situation irrégulière en Grande-Bretagne ou en France se sont retrouvées d’un coup citoyennes de l’UE, avec l’intégration de leur pays », précise Virginie Guiraudon, directrice de recherche au CNRS, qui travaille sur l’immigration européenne.

A l’échelle de l’UE, le nombre d’immigrés non actifs a également augmenté dans la dernière décennie, mais dans une moindre proportion : de 0,7% en 2003, ils sont passés à 1% de la population totale en 2012. Les deux-tiers de ces immigrés non actifs sont à la recherche d’un emploi, à la retraite ou étudiants. Les autres sont handicapés ou s’occupent de leur foyer. 80% d’entre eux font partie d’un ménage dont au moins un autre membre travaille.

Les immigrés travaillent plus que les nationaux

Le taux d’emploi des immigrés est souvent plus élevé que celui des nationaux. En 2012, c’était le cas dans 18 des 25 pays pour lesquels des données ont pu être recueillies. Une différence qui s’explique notamment par le fait que les populations immigrées sont globalement plus jeunes – et donc en âge de travailler – que les autochtones. « Mais il n’est pas toujours évident de trouver un emploi qui correspond à son niveau de compétence, précise Virginie Guiraudon. Bien souvent, les Polonaises qui arrivent en France et travaillent dans les services à domicile (car c’est le secteur qui embauche le plus d’immigrés avec le BTP), gagnent une misère comparé à leur diplôme. »

Ils cotisent plus qu’ils ne profitent

S’ils travaillent, c’est donc qu’ils paient des impôts et contribuent au financement de prestations sociales... dont ils profitent au final assez peu. Les immigrés venus d’un autre pays de l’UE représentent moins de 5% des bénéficiaires des aides sociales. Pour Jonathan Todd, porte-parole de la Commission européenne cité par la BBC, c’est bien le signe que « l’immigration est bénéfique pour le système de protection sociale » des pays de l’UE.

Les sans-emploi, qui sont la cible prioritaire des critiques, ne coûtent en réalité que 0,2% du budget global de santé des Etats membres. L’hypothèse selon laquelle ils s’adonneraient à du « tourisme de prestations sociales » et choisiraient leur destination en fonction de la générosité du système de prise en charge pour, une fois sur place, abuser des soins de santé, n’est donc pas pertinente au regard des faits. « C’est même du pur fantasme : quand on arrive dans un pays comme la France, on n’a pas d’accès immédiat à la carte vitale ! Encore moins en Allemagne et aux Pays-Bas, où l’accès au système de soins pour des non-nationaux est très compliqué. Mieux vaut avoir la carte européenne d’assurance maladie si on tombe malade, pour que le pays d’origine rembourse les frais, plutôt que d’attendre que le pays d’accueil ne s’en charge. Les Etats providence sont chauvins : ils ne veulent pas partager leurs avantages avec des étrangers », analyse Virginie Guiraudon.

Migrer pour travailler ou retrouver l’amour

Ainsi, ce ne sont vraiment pas les aides sociales qui motivent les migrations intra-UE. Une autre étude sur les mobilités européennes, Pioneur, met en avant, comme cause principale des migrations, l’amour (les bébés Erasmus !) et la retraite (les personnes âgées plutôt aisées qui veulent passer leurs vieux jours au soleil, sans dépendre de l’Etat d’accueil) avant le travail. Mais c’est bien ce dernier facteur qui apparaît en tête des raisons des départs dans l’étude remise à la Commission européenne. Viennent ensuite la volonté de rejoindre sa famille, et d’accéder à une bonne éducation. « La générosité des systèmes sociaux ne joue qu’un petit rôle dans les décisions des migrants intra-UE », conclut l’étude.

« Enfin un rapport qui dit les choses telles qu’elles sont et qui ne tord pas la réalité pour faire avancer une politique de fermeture », se félicite Laurent Giovannoni, responsable du département Etrangers-Roms au Secours catholique. Pas sûr pour autant que cela suffise à calmer les propos et actes discriminatoires, « voire pires », dit-il, qui viennent de pousser des milliers de lycéens français dans la rue.

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