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23-06-2015
Mots clés
Développement Durable
Education
France

Collège : quelle place pour l’environnement ?

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Collège : quelle place pour l'environnement ?
(Crédit photo : Jarmoluk - Pixabay)
 
Alors que la réforme pour la rentrée 2016 cristallise toujours les oppositions malgré la publication du décret qui définit ses grands principes, quid de l'enseignement du développement durable ?
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« 2015, année climatique », c’est aussi à l’école. Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale et Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, s’unissent donc pour encourager la création de « coins nature » ou l’organisation de débats sur le changement climatique en lien avec la COP21 qui se déroulera en décembre à Paris. Que deviendra cette euphorie verte l’an prochain, quand la réforme des collèges sera mise en place ? Le point sur l’avenir de l’éducation au développement durable en 5 questions.


- Pourquoi enseigner le « développement durable » ?

« Education à l’environnement » en 1977, « éducation à l’environnement et au développement durable » en 2004 et, finalement « éducation au développement durable » (EDD) en 2007… « Ce qu’on enseigne aux collégiens, c’est surtout une position politique parmi d’autres, soulignent Christian Orange et Denise Orange-Ravachol, deux didacticiens des sciences consultés pour la réforme du collège. Le développement durable, ça n’est pas la décroissance, ni la croissance zéro. »

Le couple déplore la place grandissante que prennent les « éducations à » dans l’enseignement des sciences aujourd’hui : éducation à la santé, aux risques, à la sexualité… « C’est comme si un cours d’histoire devenait un cours d’éducation à la paix. L’histoire ne se résume pas à ça ! » Au contraire, les deux didacticiens estiment que les élèves devraient apprendre à penser par eux-mêmes, au lieu de se voir inculquer de façon quasi-dogmatique « de bonnes façons de penser et d’agir » lors de séances de « catéchisme républicain ».

Gilles Bulabois, inspecteur et coordinateur de l’EDD dans l’académie de Besançon, assume sans problème la position du ministère de l’Education nationale : selon lui, l’éducation au développement durable « a vocation à former les élèves à la citoyenneté et aux valeurs de la République en promouvant une culture de l’engagement tout au long de leur parcours scolaire ». Loin d’y mettre un terme, la réforme du collège renforcera donc les « éducations à », systématisant l’approche par thématique des disciplines telles que les sciences de la vie et de la terre (SVT) ou la géographie.


- Comment est enseigné le développement durable au collège aujourd’hui ?

Plusieurs disciplines se chargent de transmettre les valeurs et connaissances qui découlent du développement durable défini dans le rapport Brundtland : géographie, éducation civique et SVT essentiellement, physique-chimie et technologie ponctuellement. Même le sport est mis à contribution, puisqu’il participe à « l’acquisition d’un éveil au respect de la planète qu’il s’agit de préserver », d’après le ministère.

Hervé Brügger, professeur d’histoire-géographie au collège Emile Laroue à Frasne (Doubs), aborde donc le thème en classe de cinquième, comme préconisé : « On voit la définition, puis les domaines où elle s’applique : l’aménagement de l’espace, la gestion des risques, la pauvreté et comment il incombe aux pays du Nord d’aider ceux du Sud à ne pas polluer, etc. » Il développe aussi des initiatives personnelles, comme une collecte pour les Bouchons d’amour. Bien que louable, ce type d’action fait souvent dépendre l’éducation au développement durable de la motivation des professeurs et isole des pratiques qui pourraient être collectives. « Des fois, on découvre par hasard qu’un collègue a déjà traité le thème qu’on aborde avec les élèves », regrette-t-il.

La labélisation « E3D » (Etablissement en démarche de développement durable), mise en place en 2013, résout une partie du problème. Elle encourage le déploiement d’actions éducatives interdisciplinaires et la gestion durable de l’établissement. C’est le cas du collège Victor Schœlcher à Champagney (Haute-Saône). « Nous avons postulé dès la première année du dispositif, raconte la gestionnaire Françoise Démésy. Le comité de pilotage académique est venu visiter le collège et pendant une journée on a été mis sur le gril. » Mare pédagogique, potager, hôtel à insectes, produits locaux et bios à la cantine, partenariats avec l’usine locale de retraitement des déchets et le parc naturel régional des Ballons des Vosges… Le collège a mis en avant tous ses efforts de durabilité pour finalement obtenir un label qu’il gardera cinq ans avant une nouvelle visite.


- Qu’est-ce qui va changer avec la réforme ?

On parle beaucoup de la réforme du collège pour la menace qu’elle fait planer sur le latin et les classes bilingues… beaucoup moins pour l’introduction des « enseignements pratiques interdisciplinaires », les EPI. En cinquième, quatrième et troisième, des horaires seront aménagés pour aborder, en duo ou trio de profs, des thèmes transversaux comme le développement durable, le corps, l’information ou le monde économique et professionnel. A première vue, c’est le remède parfait au manque d’interdisciplinarité concrète de l’éducation au développement durable. Le ministère de l’Education nationale donne même un exemple d’application de la nouvelle pédagogie :

Seulement voilà : les EPI ont beau représenter un cinquième de l’emploi du temps des futurs collégiens, soit quatre à cinq heures par semaine, les thèmes sont au nombre de huit, parmi lesquels seuls six doivent être traités. Il existe donc un risque que des collégiens passent le brevet en n’ayant jamais suivi de cours interdisciplinaire sur le développement durable. Risque que Gilles Bulabois, le coordinateur EDD de l’académie de Besançon, écarte d’emblée : « Ce thème est par nature interdisciplinaire : je suis optimiste sur le fait qu’il sera retenu. »

Hervé Brügger, le prof d’histoire-géo de Frasne, est moins confiant quant aux modalités pratiques des EPI : « Il faut qu’avec les horaires, des moyens suivent. Si c’est pour se retrouver à deux profs au lieu d’un devant la classe, ça ne va pas changer grand-chose… »


- Peut-on évaluer les connaissances des élèves ?

Aujourd’hui, il n’existe pas de test spécifique au développement durable : il est simplement inclus dans les contrôles de SVT et de géographie. L’académie de Besançon réfléchit donc à un « passeport numérique » qui « rende compte des compétences maîtrisées par les élèves (connaissances, capacités et attitudes) en matière d’éducation au développement durable ». Il réunirait les événements ponctuels en lien avec le développement durable auquel l’élève aurait participé ou assisté, les initiatives écolos de son collège et les résultats à des tests passés en fin de cycle. Par exemple : une fois le brevet passé, l’élève met-il en cohérence ses actes quotidiens et les principes du développement durable ? S’ouvre-t-il aux nouveaux métiers liés au développement durable ? Une cohorte d’élèves actuellement en CM2 expérimente déjà ce passeport dans la région de Dole.


- Et ailleurs, comment ça marche ?

Mystère. « Nous ne nous sommes pas penchés sur la question, répond Gilles Bulabois. J’imagine qu’ils font aussi des évaluations, mais peut-être pas dans le cadre d’un parcours pluriannuel, comme nous l’expérimentons. » La comparaison des résultats aux tests, façon Pisa (l’évaluation de la performance des systèmes éducatifs internationaux réalisée par l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques), n’est donc pas pour tout de suite. « Ça supposerait déjà que nous ayons les mêmes pratiques, poursuit l’inspecteur. Or dans les pays anglophones, ils parlent de développement soutenable (sustainable development) et non durable. C’est déjà autre chose. »

Même les disciplines dans lesquelles le développement durable est abordé peuvent varier d’un pays à l’autre. Ainsi, le Danemark en distille en cours de danois, la Finlande en éducation artistique et le Portugal en morale. Gilles Bulabois est formel : « Je n’ai jamais vu passer quelque chose de précis sur une coordination de l’EDD au niveau européen. » Peut-être serait-il temps ?

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