Quand la musique est verte

Vous voulez savoir jusqu’où peut aller un festival dans sa démarche écolo ? Jetez un coup d’œil sur la page de présentation du Boom festival, au Portugal, vous serez peut-être étonné. Le Boom fait partie des lauréats du "Greener Festival Award" 2008. Il a la particularité d’avoir reçu une mention spéciale du jury en tant que festival "exemplaire".

Sous ses airs de transe psychédélique, le Boom a innové jusque dans les détails pour être réellement écolo. "Il n’y a qu’1% d’eau potable sur terre", lit-on sur le site internet, "c’est une bonne raison pour ne pas perdre la moindre goutte d’eau". L’une des applications de ce constat, c’est un cycle de l’eau pensé de A jusqu’à Z. Boom marche par exemple exclusivement aux toilettes sèches. Au total, 106,5 m3 d’excréments n’ont pas eu besoin de passer par la station d’épuration la plus proche et 59 000 kg ont été traités pour produire, 6 mois plus tard, 30 000 kg de compost naturel.

Comme les organisateurs du Boom ont pensé à tout, l’eau des douches est chauffée au soleil, 200 000 litres ont été volontairement évaporés pour alimenter le cycle naturel de l’eau et 1,2 million ont été évacués vers un lac dans lequel baignent des plantes aquatiques. Détail amusant : des plantes ont été installées sous les robinets de sorte qu’en cas de fuite l’eau ne se perde pas complètement. Plus classiquement, 20 000 cendriers portables ont été distribués à l’entrée.

Les huiles de cuisson usagées ont aussi été mises à contribution : 45 000 litres servent à fabriquer du biodiesel, soit une économie de 117 tonnes de CO2. Pour Ben Challis, co-fondateur de l’organisation A Greener Festival, "Boom a poussé très loin le concept de durabilité.En plus de ce qui est fait sans que les festivaliers ne s’en rendent compte, ils ont organisé des ateliers sur l’isolation des bâtiments, servent des produits bio ou issus du commerce équitable, et il y a même des aires de permaculture !"

Un prix spécial

Selon Claire, co-fondatrice de A Greener Festival, "certains événements tournés vers l’écologie existent déjà depuis plus de quinze ans en Grande-Bretagne, mais la prise de conscience de la plupart des organisateurs de festivals est récente et augmente d’année en année." Aujourd’hui, la plupart prennent des mesures pour économiser l’énergie. "Il y a trois raisons à cela, selon elle. D’une part le coût de l’énergie et de l’enlèvement des déchets a beaucoup augmenté. D’autre part la prise de conscience du caractère éphémère des ressources et la demande du public pèsent fortement. Enfin, l’augmentation des solutions existantes pour améliorer la durabilité des événements facilite le travail des organisateurs".

C’est pour encourager les démarches en ce sens qu’un prix spécial a vu le jour en 2007. Il prend en compte aussi bien les plans de transport que les émissions de CO2, l’utilisation de produits locaux, bio ou issus de filières équitables, la gestion des déchets et le recours aux énergies renouvelables. Pour évaluer les efforts de chacun, des auditeurs se rendent sur place pour inspecter les sites.

L’an dernier, les Greener festival Awards ont été décernés à 24 festivals britanniques, 2 aux États-Unis et 2 en Europe. D’après une étude menée par l’université du New Buckinghamshire auprès de 1 400 festivaliers européens, plus de 80% estiment que le bruit, les déchets et le trafic automobile générés par les festivals ont un impact négatif sur l’environnement, 53% estiment que les dommages sur la nature sont inquiétants et 48% seraient prêts à payer plus cher leur billet si le festival respectait davantage l’environnement. De quoi faire réfléchir les organisateurs.

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