Jean-Marc Bouillon et Emmanuel Mony, respectivement président de la Fédération française du paysage (FFP) et président de l’Union nationale des entrepreneurs du paysage (Unep) et de l’Association européenne des entreprises du paysage (Elca) en sont persuadés. La nature, c’est bon pour l’image des villes, mais c’est aussi bon pour la santé. Et faire pousser du vert pourrait bien sauver la Sécu de la déroute. D’ailleurs, les deux compères en ont fait tout un texte publié dans Le Monde. Culottés, ils affirment carrément : « Cette proposition pourrait bien être la clé de l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Et une source d’inspiration pour nos futurs candidats à la l’élection présidentielle ! » Vous voilà bien perplexes.
Une économie de 340 euros par personne
En fait les deux auteurs s’inspirent d’une étude commandée par le gouvernement britannique qui mesure les services rendus par les forêts, les abeilles, les parcs ou les jardins. Or, « l’exemple le plus frappant de ces ’bénéfices cachés’ est le rôle primordial des espaces verts sur la santé publique », exposent MM Bouillon et Mony. Une habitation avec vue sur un espace vert ? Et voilà 340 euros par an et par personne économisés par l’Etat. Car un jardin booste la santé physique (les gens y courent, y font du football…) comme morale.
« C’est important d’avoir un instrument de mesure. Aujourd’hui, on est capable de mesurer la valeur de tel ou tel arbre en fonction de sa capacité d’absorption de carbone ou de son apport en terme de biodiversité », souligne Emmanuel Mony, contacté au téléphone. L’homme va même plus loin : « Il faudrait presque que chacune des communes soit notée par une agence de notation indépendante en fonction de l’intégration et de la prise en compte de la nature dans son aménagement urbain. »
7 Français sur 10 veulent habiter près d’un espace vert
Problème : la France est loin de collectionner les jardinets comme en Angleterre ou de planter des parcs à tous les coins de rue comme en Scandinavie. Pourtant, « verdir leur cadre de vie permettrait d’économiser 5 milliards d’euros de dépenses de santé chaque année soit la moitié du déficit de l’assurance maladie », promet le texte. La preuve ? A Stockholm, 95% des habitants vivent à moins de 300 mètres d’un parc et leur « espérance de vie en bonne santé » est de 69 ans (contre 63 ans en France). « Il y a dix ans on considérait les espaces verts comme avant tout esthétiques puis on s’est intéressé à leur rôle social et à leur potentiel de biodiversité. Mais ils ont surtout un impact sur la santé mentale et physique de nos concitoyens », souligne M. Mony.
Et ce n’est pas par manque d’envie que l’Hexagone boude les espaces verts. Selon une enquête réalisée par Ipsos pour l’Unep en 2008, 7 Français sur 10 choisissent leur lieu de vie en fonction de la présence de verdure à proximité. Alors qu’attend-t-on ? Que le trou de la Sécu grandisse encore ? A ce rythme là, ce n’est pas de frêles cyprès mais bien des baobabs qu’il faudra planter pour espérer le combler…
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