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30-08-2012
Mots clés
Société
France

Plein vent et plein soleil sur l’Hexagone

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Plein vent et plein soleil sur l'Hexagone
(Le gigantesque parc photovoltaïque des Mées, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Crédit photo : ian hanning - réa)
 
Un pays qui dirait adieu au nucléaire, au gaz, au charbon, au pétrole : une douce utopie ? Sans doute, aujourd’hui. Mais c’est peut-être la réalité de demain. En France, des territoires sont déjà engagés sur la voie du changement.
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Bienvenue dans la Biovallée ! Niché au cœur de la Drôme, ce territoire de 70 000 hectares fleure bon la lavande, mais aussi les idées décapantes. Les 102 communes qui le composent ont signé un pacte : en 2020, les ménages qui y résident devront utiliser « une énergie locale, propre et raisonnée », estampillée 100 % renouvelable ! Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Des actions concrètes permettent déjà de rendre, peu à peu, ce doux rêve réel. Partout, on dispense des conseils aux particuliers qui veulent dompter leur consommation d’énergie. On les aide à en produire eux-mêmes et à se lancer dans l’écoconstruction.

La Biovallée n’est pas la seule à pousser ses pions sur l’échiquier du 100 % renouvelable. Avec elle, une poignée de territoires en France sont engagés dans l’aventure « énergie positive » : les communautés de communes du Mené (Côtes-d’Armor) et du Val d’Ille (Ille-et-Vilaine), la mairie de Montdidier (Somme), celle de Tramayes (Saône-et-Loire) ou encore le Pays Thouarsais (Deux-Sèvres). « Ça commence toujours comme ça. Quelques précurseurs, rejoints ensuite par des militants, et la sauce finit par prendre ! Le réseau des territoires à énergie positive rassemble déjà environ 200 communes. Pour gagner toute la France, il ne reste plus qu’à répéter ça 180 fois ! », s’enthousiasme Raphaël Claustre, directeur du Comité de liaison énergies renouvelables (CLER), qui anime ce réseau des territoires à énergie positive. Mais une France 100 % énergies renouvelables, est-ce vraiment possible ? « C’est plus que souhaitable, nous en sommes convaincus. Et en termes techniques, pas de doute, c’est possible. »

L’Hexagone a cependant encore un peu de pain sur le planche. « Nous n’en sommes qu’au premier stade », rappelle Christian-Guillaume Marchal, expert en énergies renouvelables chez BeCitizen, une société de conseil en stratégies de rupture qui travaille avec de gros fournisseurs d’électricité. « L’objectif, en France, est d’atteindre la barre des 20 % d’énergies renouvelables en 2020. C’est bien, mais ce n’est pas énorme : grâce à l’hydraulique, leur part était déjà d’environ 10 % dans les années 1990. » En France, comme en Europe, on traîne la patte pour faire émerger de réelles filières. « Pour dépasser le niveau marginal actuel, il va falloir prendre des choix stratégiques forts. Seule l’Allemagne a pris ce tournant stratégique, grâce à la politique, et a lancé le solaire, la biomasse, l’éolien », poursuit le spécialiste.

Angle d’attaque : dé-cen-tra-li-ser. Le mot court dans toutes les discussions sur le sujet. « Il faut rompre avec le modèle de grands centres de production qui distribuent l’énergie aux quatre coins du territoire », explique Christian-Guillaume Marchal. Le réseau des territoires à énergie positive en est la preuve parfaite : dans ces collectivités, on décide de ce qui sera produit et comment. Ici, ce sont les ressources locales qui sont mises à contribution, pas un lointain champ pétrolier ou de gaz de schiste. En Bretagne ? On mise sur l’éolien offshore. En Ile-de-France ? C’est la géothermie. La vallée du Rhône ? L’hydroélectricité et l’éolien y ont le vent en poupe. Et pour le photovoltaïque ? Il suffit de regarder la carte de l’ensoleillement en France.

« Moquette solaire »

« La façon dont le système français est actuellement organisé, centralisé, est très jacobine : on ne demande pas aux gens ce qu’ils pensent sinon on s’imagine que les grands projets n’avanceront pas. A l’inverse, quand on décentralise, on remet la décision entre les mains de la population qui, du coup, se retrouve motivée à plus d’un titre : elle est fière que son territoire rapporte et crée quelque chose, par l’emploi, par l’élaboration et la gestion d’un projet. Quand les projets sont portés par un élan participatif, ça marche », analyse Stéphane Devisse, directeur des programmes de conservation au WWF France, qui a publié le rapport « Energie 2050 ». « Les collectivités locales ont un rôle majeur à jouer dans chacun de leur territoire pour le développement de cette transition écologique. Rien n’est possible sans elles », affirmait d’ailleurs en juin dernier Nicole Bricq, éphémère ministre de l’Ecologie.

Plus de pouvoir de décision quant au développement de leurs propres filières, de la production à la distribution de leur propre énergie : les collectivités locales, notamment celles regroupées au sein du réseau européen Energy Cities, ne demandent que ça. L’agglomération de Castres-Mazamet (Tarn), avec ses 85 000 habitants, a ainsi choisi d’intégrer les énergies renouvelables dans ses bâtiments intercommunaux et d’étudier le potentiel du solaire thermique et photovoltaïque, de l’éolien, de la microhydraulique, du biogaz et du bois-énergie sur l’ensemble de son territoire. Résultat : le stade nautique s’est déjà couvert d’une « moquette solaire » et un plan d’urbanisme éolien a permis d’identifier les zones favorables.

A Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), c’est le quartier Saint-Jean-des-Jardins qui se retrouve au cœur d’une expérimentation locale. Ses 180 logements ont été raccordés au réseau de chaleur urbain, qui introduit le bois énergie en remplacement du fioul et du charbon. Résultat ? Les émissions de gaz à effet de serre ont été réduites de 94 % sur l’ensemble du quartier.

« Gros fournisseurs en retard »

Pour saisir ce qu’apporte une gestion locale de l’énergie en France, il suffit de se pencher sur le cas Enercoop. Ce fournisseur d’électricité a vu le jour en 2004, quand le marché s’est ouvert et que les professionnels ont eu le droit de choisir leur fournisseur. « Nous avons commencé au niveau national avant d’aller vers les régions, en travaillant avec ce qui a du sens à cette échelle », explique le président, Patrick Behm. Les producteurs d’énergie hydraulique d’Enercoop se concentrent dans les Pyrénées ; ceux d’éolien sur la pointe bretonne et la côte Atlantique ; ceux de photovoltaïque, dans le bassin méditerranéen. « Nous nous approvisionnons uniquement auprès de producteurs d’énergies renouvelables, et nous avons un statut de coopérative d’intérêt collectif », décrit Patrick Behm. L’équation donne des résultats en apparence paradoxaux. « On vend de l’électricité, mais notre mission est aussi de réinvestir tous les bénéfices dans le développement des énergies renouvelables et d’expliquer comment consommer moins, et nous acheter moins d’électricité ! C’est loin de ce que font les autres fournisseurs mais on le vit bien ! » La coopérative, qui est implantée en Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Champagne-Ardennes et Nord-Pas-de-Calais, a sa définition du régionalisme : « Moins transporter, moins consommer ».

« Ce que nous voulons démontrer, c’est qu’il n’y a pas assez de production d’énergies renouvelables par rapport à ce qu’elle pourrait être : la demande est là, mais pas l’offre ! Nous n’avons que 13 000 consommateurs. Ce qu’on fait à Enercoop, aller vers l’intérêt public, aurait déjà dû être fait chez EDF », conclut Patrick Behm. « En France, les énergies renouvelables avancent par mimétisme local », confirme Christian-Guillaume Marchal, chez BeCitizen. « Pour l’éolien, le développement s’est fait à petite échelle, localement. EDF Energies Nouvelles a ensuite repris le train en marche. Mais les gros fournisseurs, c’est sûr, sont en retard. »

Pour se développer, les renouvelables ont besoin de capitaux. « La facture annuelle énergétique de la France à l’étranger, surtout payée pour acheter du pétrole, s’élève à 60 milliards d’euros. Alors que cette somme pourrait être utilisée pour la recherche et le développement dans le renouvelable », constate l’expert. Difficile pour les politiques de changer de mentalité : les projets « fossiles » sont massifs et vite efficaces ; les renouvelables sont petits et tardent deux à trois ans à sortir de terre ! Le président François Hollande a promis de mettre la France sur la voie de la transition énergétique. Mais aura-t-il la patience nécessaire ? —


Et la consommation dans tout ça ?

Qu’on se le dise : pas de France 100 % énergies renouvelables sans réduction de notre consommation d’énergie. Les spécialistes envisagent deux voies : laisser les ménages se restreindre ou prendre directement la main dans les maisons, via les équipements. A l’instar des boitiers Voltalis, des appareillages commanderaient le fonctionnement de nos appareils domestiques pour équilibrer l’offre et les besoins au plus près. Un creux dans la production d’énergie ? Radiateurs, ballon d’eau chaude et clim s’arrêtent ponctuellement. A l’inverse, lors des pics de production, lave-vaisselle et lave-linge peuvent tous tourner en chœur ! —

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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