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12-11-2010
Mots clés
Océans
Biodiversité
Pêche
Europe
Interview

Thon rouge : « Il y a trois ans encore, c’était le far west »

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Thon rouge : « Il y a trois ans encore, c'était le far west »
(Crédit photo : OpenCage)
 
Surpêche, marché noir : un collectif de journalistes publie une enquête détaillée sur le thon rouge. Et n'épargne pas la France. Questions à Kate Wilson, coordinatrice de l'étude.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Terra eco : quelle est la responsabilité de la France dans la surpêche du thon rouge et son commerce illégal ?

Kate Wilson : Notre reportage court de 1998 à 2007, qui sont des années de far west. C’était n’importe quoi : il n’y avait aucune application des règles, les quotas ne voulaient rien dire. La France a joué un rôle de laisser-faire en permettant à son industrie de pêcher ce qu’elle voulait pendant des années. Ce n’était pas pire que d’autres pays comme l’Espagne et l’Italie, mais on a eu plus d’informations sur le cas de la France, notamment parce qu’elle a dit la vérité en 2007 en déclarant ses prises réelles : 10 000 tonnes soit le double du quota. Après, est-ce l’industrie qui a sous-déclaré ou les pays ? Je pense que c’est un peu des deux. Mais ce que l’on a vu, nous, c’est que les ministères avaient un vrai rôle à jouer. Si vous allez à Sète, les pêcheurs vous diront : « Si personne ne nous arrête, on pêche ».

Et aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre ?

Depuis trois ans, les choses ont vraiment changé en France – et dans d’autres pays européens – avec plus de régulation et une application plus stricte des règles. Mais il est difficile de savoir à quel niveau se situe aujourd’hui le problème, il y a tellement de confidentialité… Les fonctionnaires ne parlent pas, ne donnent pas les documents. Je pense qu’il y a une volonté plus forte de sauver cette pêcherie, mais le système est plein de failles. En 2008, on a mis en place les BCD (Bluefin catch document, ndlr) pour suivre les poissons du filet au marché. Mais il y a maintenant des trafiquants de BCD. Comment peut-on suivre une pêcherie avec un système tellement ancien, basé sur des papiers ? Il y a eu des appels pour passer à l’électronique et je pense que cela aiderait. On ne peut donc pas dire que la question soit réglé. Sur la campagne 2010, on voit qu’il y a un nombre important de « violations apparentes ».

Qu’en est-il des stocks ?

Depuis 1998, les scientifiques disent que les niveaux des quotas devraient être inférieurs à 30 000 tonnes et les pays n’en tiennent pas compte. De plus, à cause du manque de régulation de l’industrie, 20 000 tonnes étaient pêchées illégalement. Le rapport du Comité scientifique de la Commission internationale de conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) publié en octobre cite quelques études qui font état d’un accroissement ou d’une stabilisation des stocks. Mais dans le même temps, d’autres études disent exactement l’inverse. Les scientifiques estiment qu’ils ont besoin d’au moins trois ans pour savoir exactement si le stock va mieux. La commissaire européenne à la Pêche Maria Damanaki explique qu’elle milite pour des quotas beaucoup plus faibles, mais que le message a du mal à passer avec les ministres. Ils viennent pour protéger leur industrie et pour pouvoir revenir en France ou en Espagne en disant aux pêcheurs : « Regardez, je me bats pour vous ».

LES NÉGOCIATIONS SUR LES QUOTAS

La 17e réunion extraordinaire de la CICTA se tiendra du 17 au 27 novembre à Paris. Les 48 pays membres y décideront d’un quota de pêche pour 2011. Comme sur la question de l’interdiction du commerce international, la France a fait entendre une double voix. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno s’est rangée derrière les 6 000 tonnes proposées par la Commission européenne. Mais le ministre de la Pêche Bruno Le Maire a obtenu que l’Europe défende un quota stable à 13 500 tonnes. Une « trahison » de l’accord sur la biodiversité signé il y a quelques jours à Nagoya, selon Greenpeace.

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