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1-02-2012
Mots clés
Finance
Solidarité
Etats-Unis

Occupy Wall Street étend ses racines dans les quartiers new yorkais

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Occupy Wall Street étend ses racines dans les quartiers new yorkais
(Première « pop-up occupation », à Washington Square, New York City, dimanche 29 janvier 2012. Crédit photo : Alice Bomboy)
 
Loin d'avoir perdu son souffle, le mouvement des indignés new yorkais aiguise ses forces localement et s'attaque à d'autres sujets : l'école, l'agriculture ou la justice.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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« Nous n’habitons plus dans un parc, mais nous sommes encore là. » Là ? Dimanche 29 janvier, les manifestants du mouvement « Occupy Wall Street » (OWS) étaient à Washington Square, une place connue pour ses rassemblements politiques (1), au sud de Manhattan, à New York. Le week-end prochain, ils manifesteront encore, mais dans un nouveau lieu de la Grosse Pomme. Expulsés en novembre dernier du Zuccotti Park - situé en plein cœur de Wall Street - où plusieurs centaines de personnes ont campé pendant deux mois (2), les « occupants » ont dû s’adapter : « OWS vient dans les quartiers près de chez vous », explique la page Facebook Occupy Town Square, dédiée à ce nouveau type de rassemblement. De l’occupation continue, ils sont passés à l’occupation mobile et ponctuelle, mais pas moins engagée. Le nom de ce nouveau concept ? Le « pop-up occupation », du nom des fenêtres de pubs qui surgissent inopinément sur le net.

L’ère de la « pop-up occupation »

Pour la première opération du genre, l’idée a fait mouche : près de 400 personnes, au gros de la journée, se sont retrouvées à Washington Square. Dans la newsletter adressée aux sympathisants du mouvement dès le lendemain matin, les organisateurs ne cachaient pas leur plaisir. « Nous nous sommes sentis comme à Zuccotti pendant sa "hey-day" » (sa période de grande popularité, ndlr), avec les tentes en moins », écrivent-ils. Des concerts improvisés étaient toujours là pour galvaniser les foules, qui scandaient les revendications fondamentales du mouvement OWS : une justice économique, sociale et environnementale pour tous. Temps forts de la journée, les tables d’informations qui encerclaient le parc, où des essais étaient distribués gratuitement (« Occupy the system », « Your guide to the international occupation movement of 2011 », « Profiles of provocateurs »,…), et les « think tanks », courtes sessions pendant lesquelles des petits groupes de discussions se sont succédés pour débattre politique, taxes, régulation de la finance, etc.

Ce qui avait provoqué les railleries des médias américains aux premières heures du mouvement - certains titres n’avaient tout d’abord bien voulu y voir qu’une bande de « hippies » fainéants et avaient critiqué leur manque de discours communs - est aujourd’hui clairement défendu. « Les médias aiment polariser les débats, dans lesquels il y aurait des arguments, et d’autres qui s’y opposeraient. Ils aimeraient par exemple que nous soyons seulement un groupe de la "gauche communiste" qui combattrait le capitalisme ! Mais fondamentalement, OWS est pour tout le monde : nous ne nous opposons pas, nous sommes un mouvement dans lequel les membres "construisent ensemble" », explique Colby Hopkins, très impliqué dans le groupe 99% West Harlem.

Harlem, Bronx ou Brooklyn : les groupes locaux se multiplient

Le 99% West Harlem ? A Washington Square, c’est aussi la nouveauté : les groupes locaux qui ont essaimé aux quatre coins de New York ont affiché leur présence. Parmi eux : « Occupy The Bronx », « Occupy Brooklyn », « Occupy Queens »... Ces initiatives ont en fait commencé dès l’occupation de Liberty Plaza (le nom donné par les manifestants au Zuccotti Park), mais les médias se sont surtout focalisés sur ce qu’il se passait sur la place, parce que le mouvement avait commencé ici, et que l’emplacement était emblématique. Assez vite, des personnes impliquées dans les différents quartiers se sont retrouvées en « GA », (general assemblies).

« Les membres de notre GA s’intéressent aux liens entre tous les problèmes de chômage, de manque de logements abordables, de fermetures d’école, des arrestations et fouilles pratiquées par la police, et quel rôle le gouvernement joue-t-il sur ceux-ci, raconte Grace Davie, professeur d’histoire au Queens College, à New York. Mais ces problèmes les intéressent aussi car ils se manifestent directement dans leur voisinage. C’est là qu’il faut s’organiser ensemble pour impulser le changement. »

Dans la « GA » du 99% West Harlem (qui tient son nom du slogan « nous sommes 99%, ils ne sont qu’un 1%), les membres se rassemblent chaque semaine chez l’un ou l’autre et mettent sur pied des actions locales. Dans ce quartier défavorisé, ils essaient par exemple de développer des partenariats entre des entreprises et des jeunes, pour que ceux-ci aient accès à leur première expérience professionnelle, mais surtout, pour les détourner des heures vacantes après l’école où ils sont susceptibles d’être enrôlés dans des gangs. Le principe ?

Contre quatre heures de volontariat dans un cinéma, un ado remporte deux tickets pour aller voir un film. Autres programmes : « Adopt-A-Bodega », pour encourager les consommateurs à aller dans les échoppes qui s’engagent à proposer des aliments sains, ou le « Small business directory », pour promouvoir les entreprises qui embauchent localement et respectent de bonnes pratiques. « Grâce à toutes les assemblées locales, nous pouvons structurer le mouvement, depuis la base, au sein des "blocks", jusqu’au quartier, au district, à la ville, à l’échelle de l’Etat et de la Nation. C’est comme ça qu’il deviendra durable et s’inscrira dans la durée, parce que les gens pourront s’impliquer là où ils vivent, là où ils travaillent, là où ils ont leurs activités », observe le membre du groupe de West Harlem.

Ils occupent l’école, les palais de justice et les fermes

Jeudi 26 janvier, les membres de West Harlem se sont mobilisés pour défendre la Wadleigh School, une école du quartier qui fait la part belle aux pratiques artistiques depuis plus de deux décennies. Elle est aujourd’hui menacée de fermeture pour être remplacée par une « charter school », ces écoles américaines qui, contre leur autonomie, doivent afficher de bons résultats. Autrement dit : qui n’ont pas le temps d’aider les élèves des quartiers difficiles à rattraper le niveau et préfèrent tout simplement les retirer de leurs bancs.

Plusieurs établissements sont ainsi menacés dans la ville. Réaction des sympathisants d’OWS ? Organisons une « Occupy DOE ! », pour Department of education (DOE). Le 9 février, ils se retrouveront ainsi devant les bâtiments du DOE pour empêcher ces fermetures. « Occupy DOE », mais aussi « Occupy the Farms », qui combat l’emprise des multinationales de la semence sur l’agriculture mondiale, « Occupy Fashion », qui dénonce l’exploitation des petites mains dans le monde glamour de la mode, « Occupy Work Places », pour construire des assemblées sur les lieux de travail et défendre les droits des employés (3), etc...

Le 20 janvier dernier, le groupe « Move to Amend », qui essaie de faire abroger une décision passée en 2010 par la Cour suprême, établissant que les sociétés sont, au regard de la Constitution, équivalentes à des personnes physiques, a aussi organisé une journée « Occupy The Courts » pour bloquer tous les palais de justice américains.

Un mouvement qui se renforce des quartiers jusqu’à la Nation

Toutes ces initiatives locales et ciblées ne sont-elles que simples résurgences d’un mouvement en perte de souffle ? A voir la toile de connexions tissée sur le net par ses membres actifs, c’est tout le contraire. Les « Google groups » inondent de messages les abonnés, répercutant les infos importantes qui s’échangent au sein des autres sections. Twitter relaie les infos envoyées en temps réel et les pages Facebook hébergeant ces groupes se multiplient et s’interconnectent. L’Assemblée générale de New York City reste aussi plus qu’active, puisque des réunions s’enchaînent encore tous les jours au 60 Wall Street, près du Zuccotti Park. « Tout le monde se connaît ! », assure Colby Hopkins en souriant. « Le but des assemblées est d’être ouvert, accueillant et de donner de l’autonomie à ceux qui veulent voir des changements dans leur communauté. Et ils font ce que d’autres groupes ne font pas : débattre de l’utilisation de la désobéissance civile, de la protestation non-violente, des actions directes en réponse aux injustices touchant les 99% », rajoute Grace Davie.

Et à l’échelle des Etats-Unis ? Là, ce sont carrément des conférences téléphoniques géantes qui réunissent les « occupants » plusieurs fois par semaine grâce au logiciel Maestro conference ! Dimanche un « Interoccupy call » était ainsi programmé pour parler de finance, lundi, un débat sur la souveraineté alimentaire était à l’ordre du jour. Et lorsque près de 400 manifestants se sont fait arrêter le week-end dernier à Oakland, un sit-in a été organisé dans la foulée à New York et des tracts distribués aux manifestants de Washington Square. « Liberate Oakland ! », peut-on y lire, alors que deux poings y sont attachés par des menottes de dollars (4)...

(1) Plus de 20 000 travailleurs y ont par exemple manifesté en 1912, après l’incendie d’une usine dans lequel 146 ouvriers étaient morts. En 1915, 25 000 personnes ont marché sur le parc pour demander le suffrage pour les femmes. En 2007, le futur Président Barack Obama a rassemblé plus de 20 000 personnes pour un de ses meetings électoraux, un des plus importants de la campagne.

(2) Du 17 septembre 2011 au 15 novembre 2011.

(3) A ne pas confondre avec le mouvement du même nom, né pendant l’occupation de Liberty Plaza, et opposé au rassemblement, puisqu’il appelait les manifestants à aller au travail plutôt que de se plaindre...

(4) L’affiche est également utilisée par le mouvement local de Oakland pour appeler à la libération de la ville des mains de la finance.

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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  • Merci pour cet article que je diffuserai à d’autres de mes réseaux français. L’anti-américanisme primaire ne correspond qu’aux incapacités nationalistes, de gérer ses erreurs ! C’est si facile de reporter ses problèmes sur autrui, et surtout ne jamais reconnaitre qu’on en a copié que la sur-consommation et le gaspillage des ressources...

    2.02 à 14h36 - Répondre - Alerter
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