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Indicateurs de Développement Durable

Par Anne Musson

Nucléaire et Développement Durable : qu’en disent les Indicateurs ?

Nucléaire et Développement Durable : qu'en disent les Indicateurs ?
(Photo : centrale nucléaire dans l'Arkansas aux Etats-Unis. Crédit : Topato / Flickr)
Le nucléaire œuvre t-il dans le sens de la construction d’un développement durable ? La question, pertinente hier, peut s’avérer provocante aujourd’hui, au regard des terribles évènements survenus à Fukushima. Bien que les partisans de l’énergie nucléaire aient du plomb dans l’aile depuis cette catastrophe, le débat sur son bien-fondé, et notamment son efficience environnementale, bat aujourd’hui son plein. Pour répondre à la question sous-jacente « le nucléaire sert-il au développement durable ? », quoi de plus naturel que de se tourner vers les indicateurs de développement durable… Comment considèrent-ils cette énergie ? Est-elle positive ou négative pour le développement durable ? Par quels biais ?

L’énergie nucléaire, l’oubliée des indicateurs de Développement Durable ?

Première constatation : aucun des indicateurs (qui me sont connus) de développement durable ne comporte un indice « Energie Nucléaire ». Lorsque l’on regarde du coté des indices de qualité de vie et de bien-être de Prescott-Allen, de l’ISEW (Index of Sustainable Economic Welfare) ou encore de l’Empreinte Ecologique, le nucléaire n’est même pas évoqué. L’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) , dans son rapport sur l’état de la Santé de l’Ecosystème [1], explique quelque peu les risques liés au cycle du combustible nucléaire… mais ne les mesure pas et n’y associe aucun indice. Dans le benchmarking de l’Indice de Soutenabilité Environnementale, on trouve un petit paragraphe à propos de « Nuclear Reactor Safety », dans lequel on nous explique que cette dimension… n’est pas prise en compte dans l’indice, faute de données [2].

Le scénario se répète concernant les 45 indicateurs de développement durable développés par l’IFEN (Institut français de l’environnement) : si les risques technologiques sont mesurés, ils n’incluent en rien le nucléaire. Une dimension y est pourtant exclusivement consacrée au sein de l’axe 5 (« Long Terme et Générations Futures ») sous le qualificatif de « Déchets radioactifs de haute activité, vie longue », mais rien ne s’y rapporte parmi les indicateurs mêmes [3]

Effets positifs et négatifs… indirects

En fait, au sein des indicateurs de développement durable et en ce qui concerne l’impact environnemental des activités (et donc de l’énergie utilisée), on se préoccupe essentiellement des émissions de gaz à effet (GES) de serre et de la pollution atmosphérique. En ce sens, si l’on en croit le tableau de bord du développement durable de la Commission Européenne, l’utilisation croissante du nucléaire à la place des énergies fossiles aurait permis de diminuer l’intensité des GES dans la consommation d’énergie au sein de l’UE. La Banque Mondiale va même plus loin en assimilant le nucléaire à de l’énergie propre (voir la carte ci-dessous [4]). Ainsi, au sein de ces indicateurs, par ses effets indirects, l’énergie nucléaire est considérée comme participant à la construction d’un développement durable.

En revanche, les effets indirects négatifs ne semblent pris en compte qu’en cas de catastrophe avérée, auquel cas un épanchement diffus de radioactivité aurait des conséquences désastreuses sur des indices tels que la qualité de l’eau ou celle des sols : plus généralement, sur l’ensemble des indicateurs relevant de la santé de l’individu et de l’écosystème.

La nécessaire prise en compte du facteur RISQUE

Finalement, ce que prennent mal en compte les indicateurs, ce sont les facteurs liés au risque. Dans notre cas d’étude, celui du risque nucléaire, il s’avérerait judicieux d’intégrer les menaces que font peser les centrales nucléaires à la fois sur la soutenabilité du développement autant que sur le bien-être de la population. Si faible soit le risque en termes de probabilité scientifiquement calculée, les conséquences désastreuses possibles sont plus qu’inversement proportionnelles.

A nouveau, se pose alors la question de la mesurabilité. Comment mesurer le risque nucléaire, et surtout comment évaluer celui-ci en termes d’impacts sur un développement durable ? Encore une fois, une solution émerge du coté de la démocratie participative : ne serait-il pas intéressant de demander au citoyen sa manière d’évaluer le risque nucléaire ? S’il est prêt à l’encourir et sous quelle(s) condition(s) ? Le contexte est certes inadapté à un tel questionnement, mais il a le mérite d’inciter chacun à s’interroger…

- Carte des mondiale des « énergies propres » élaborée par la Banque mondiale :

Data from World Bank
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