« Notre modèle est de vendre à bas prix, dans le respect de l’humain »

L’hypermarché a été inventé en France sur un modèle consistant à vendre de gros volumes à bas prix, loin des villes. A-t-il changé ?

Historiquement, le modèle de Carrefour a toujours été de vendre à bas prix, mais dans le respect de l’humain. L’une des preuves, c’est la fidélité de nos partenaires. S’il y a eu un changement, c’est dans la manière de construire nos magasins.

Sont-ils conçus de manière plus responsable ?

Oui. Nous avons beaucoup progressé sur l’efficacité énergétique. On a réduit la consommation énergétique de nos hypers de 30 % par rapport à 2004 et celle de nos supers de 10 % par rapport à 2006 (1). En 2006, nous valorisions un tiers de nos déchets, aujourd’hui, plus de la moitié. A terme, nous souhaitons en valoriser 100 % et produire de l’énergie grâce à eux.

Des études montrent que l’impact du transport en voiture des clients pèse parfois plus que celui de la production des articles. Pourtant, les magasins s’implantent toujours loin des villes. Tentez-vous d’inverser la tendance ?

Ce n’est pas nous qui décidons. Je me souviens de villes qui nous ont demandé de déplacer nos magasins du centre vers la périphérie pour limiter les nuisances. Nous faisons alors en sorte qu’il y ait des lignes de bus à proximité de nos hypermarchés, et nos supermarchés sont accessibles à vélo. Par ailleurs, nos magasins de centre-ville ont fait de très bons résultats et leur offre est adaptée aux besoins des consommateurs.

La grande distribution compte beaucoup de temps partiels subis et on y détecte des maladies du travail. Quelles sont les réponses de Carrefour en la matière ?

Nous travaillons beaucoup sur la gestion du stress, les bonnes postures et la formation des salariés, ainsi qu’à l’intégration des personnes handicapées et illettrées. Nous proposons aussi à nos salariés de compléter leur contrat de trente heures avec cinq heures de travail dans un autre service.

Qu’est-ce qui a changé dans votre offre de produits ?

Nous avons une large gamme de produits régionaux, puisque nous travaillons avec 20 000 petits producteurs français. Nous avons également été les premiers, en 1998, à proposer des produits équitables avec Max Havelaar. De même, nous avons lancé, il y a vingt ans, une ligne de produits bios, accessible à tous. Aujourd’hui, 3 % environ de nos ventes sont en bio, mais nous sommes le premier vendeur de produits biologiques en France.

Marks & Spencer envisage que les produits labélisés représentent 100 % de ses ventes d’ici à 2020. Un objectif semblable vous semble-t-il atteignable ?

Nous ne nous sommes pas fixés d’objectif de ce type. Nous préférons communiquer sur ce que nous avons fait. Par exemple, 60 % des fournisseurs de nos produits alimentaires en marque de distributeur (2) ont réalisé un autodiagnostic de développement durable. Nous répétons cet exercice chaque année et la note moyenne progresse. Notre but est qu’on puisse dire, à terme, que tous les produits de marque Carrefour sont responsables. —

(1) La consommation moyenne des magasins Carrefour reste près de deux fois plus élevée que les objectifs fixés par l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, en 2008.

(2) Des produits dont les caractéristiques ont été définies par Carrefour et qui portent la marque du groupe.