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26-08-2010
Mots clés
Climat
Monde

Compensation carbone : de l’éthique à la solidarité climatique

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Compensation carbone : de l'éthique à la solidarité climatique
(Crédit photo : DR)
 
Hypocrite, la compensation carbone pratiquée par les pays du Nord ? Pas si l'on réduit d'abord ses émissions de gaz à effet de serre et que l'on accompagne de vrais projets de développement au Sud, répond Renaud Bettin du Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Vivement critiquée par quelques ONG environnementales lors des derniers rounds de négociation sur le climat, la compensation carbone ne fait pas l’unanimité des acteurs engagés dans la lutte contre les changements climatiques. Elle mène effectivement trop souvent à des tentations de greenwashing. Cependant, elle représente une formidable opportunité de co-financement pour les porteurs de projet de développement.

DE L’ÉTHIQUE…

Pionnier dans la valorisation d’émissions de gaz à effet de serre (GES) évitées sur un projet de développement mis en œuvre au Cambodge, le Geres (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités) milite pour davantage d’éthique en matière de finance carbone. Il incite, à travers son programme de compensation CO2Solidaire, à plus d’humilité et de responsabilité face aux enjeux des changements climatiques.

A cet effet, CO2Solidaire invite ses partenaires à ne pas revendiquer de « neutralité carbone », au profit d’une plus grande rigueur et transparence en matière de réduction à la source de leurs propres émissions de GES. Du Vatican au chocolat, en passant par le grand prix de F1 de Montréal, beaucoup se prévalent déjà d’une neutralité climatique de façade. Souvent intégrée à une politique globale de « performance environnementale » (sic), cette pratique relève d’avantage d’une communication abusive.

La neutralité carbone traduit une impunité climatique. Or, celle-ci ne saurait exister sur une planète où nous, au Nord, sommes les premiers responsables de la situation actuelle. Elle constitue un privilège pour les pays industrialisés en laissant entendre sans équivoque que tout impact sur le climat peut être annulé par la voie de la compensation.

La neutralité carbone se confine à une stratégie d’affichage qui supplante, lorsqu’elles existent, les actions de réduction des émissions à la source. Dans ce registre, il est donc possible de s’afficher neutre en carbone, sans avoir consenti d’efforts de réduction !

Les périmètres retenus dans le cadre du bilan des émissions de GES d’une entreprise constituent une question centrale lorsque celle-ci affiche sa neutralité carbone. Ainsi, récemment, un équipementier sportif a annoncé en grande pompe sa neutralité carbone. Or, les périmètres retenus ne comprenaient ni les émissions occasionnées par la production ni le transport de ses produits !

… À LA SOLIDARITÉ CLIMATIQUE

Au-delà des réduction des émissions propres aux pays du Nord, nous avons une autre responsabilité à endosser : l’accompagnement des populations les plus vulnérables face aux conséquences des changements climatiques et qui n’en sont toutefois pas autant responsables. CO2Solidaire prône donc une logique de solidarité climatique, qui traduit deux démarches indissociables : primo, la réduction à la source de ses propres émissions de GES, première façon d’être solidaire. Secundo, le soutien à un projet de développement au Sud qui vise avant tout les bénéfices sociaux pour les populations locales.

Car, aussi nécessaires que soient les projets purement environnementaux, les mécanismes de projet liés au changement climatique doivent impérativement avoir des impacts économiques et sociaux pour les populations. C’est d’autant plus vrai lorsqu’ils sont mis en œuvre dans les pays les plus pauvres de la planète.

A l’heure d’une stagnation prévisible de l’aide publique au développement en 2010 à 0,44% du Revenu national brut (loin de l’objectif de 0,51% annoncé par l’Etat français) et qui repose d’ailleurs en grande partie sur l’allègement des dettes et sur des prêts, les ONG de développement sont à la recherche de sources de financements alternatives. Pour le Geres, la compensation s’inscrit bien dans une logique de cofinancement des projets de développement que l’association met en œuvre.

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Chargé du programme de compensation carbone CO2Solidaire, au Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités (GERES)

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  • La compensation carbone, quand on crée en Afrique des plantations d’espèces non indigènes, et que pour planter ces forêts, on expulse des tribus qui vivent là depuis toujours, çà fait peut-être "écolo" vu d’ici, mais çà n’améliore pas l’image des "peuples du Nord".

    27.08 à 14h17 - Répondre - Alerter
  • «  Je vis de bonne soupe et non de beau langage !  ». Cette fois-ci Chrysale serait servi, mais pas de bonne soupe ! On pourrait rire de toutes ces inepties n’était-ce le drame de la faim dans le monde, que l’on prétend résoudre au moyen notamment de l’ineffable « compensation carbone ».
    Les malheureux enfants qui meurent au rythme de plusieurs par minute dans le monde sont donc inexorablement condamnés à cette mortelle soupe à la grimace !

    Notre Secrétaire d’État à la coopération déclarait quelques mois avant de démissionner et de n’être pas remplacé – ce qui traduit l’importance que nous attachons à l’aide au développement - : «  Il faut pour financer l’aide au développement mettre en place un loto  ». Il était dans la droite ligne d’un très sérieux projet de la Commission Européenne dont on ne peut qu’espérer qu’il n’aura pas de suite. C’est le même qui déclarait quelques mois avant : «  /… Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte… /…  ».
    Tout ceci est à rapprocher de cette incroyable et lamentable affirmation : «  elle – la compensation carbone- représente une formidable opportunité de co-financement pour les porteurs de projets de développement  ».

    La crise économique grave dans laquelle nous ne faisons qu’entrer, est essentiellement due à l’avènement de l’économie virtuelle qui veut que les actes économiques essentiels : l’agriculture, la santé et l’éducation s’effacent au profit de cette économie virtuelle prétendant produire de l’argent avec l’argent, ou avec du vent, en l’occurrence un vent de CO² que l’on évite de souffler si l’on veut être payé !
    La compensation carbone n’est qu’une émission de fausse monnaie !
    Il y a quelques années au Sénégal, les femmes avaient mis en œuvre la fabrication de vêtements à partir des sacs poubelles en plastique après utilisation de ces derniers. Face au succès de l’opération les poubelles vinrent à manquer et on alla jusque à envisager d’importer des sacs poubelles européens.
    Gageons que si le CO² venait à manquer, on ne pourrait plus rémunérer ceux qui en émettent le moins, et donc fini le financement de l’aide au développement, il faudrait très vite arrêter les productions végétales et la photosynthèse et faire tourner voitures et avions !

    On commence Dieu merci à se rendre compte que toutes ces imbécilités, qui tournent au canular ne reposent que sur cette prétention que nous avons que l’Homme a une influence sur les grands mécanismes de l’univers et entre autre sur le soleil. I
    Il est de plus en plus patent que le CO² ou les pets et rots de bovins n’ont aucune influence sur le climat, et que tout ce qui tourne autour de l’empreinte carbone, la neutralité carbone, ou cette incroyable solidarité climatique – payante comme son nom ne l’indique pas – n’est que de la poudre aux yeux et un amuse-gogos.

    Cela ne veut absolument pas dire que nous ne devions pas :
    D’une part tout faire pour économiser des énergies dont la source s’épuise et en trouver de nouvelles.
    D’autre part tout mettre en œuvre pour nous adapter à ce changement climatique sur lequel nous ne pouvons absolument pas agir.

    Il y a de moins en moins en moins d’agriculteurs pourtant économiquement et écologiquement indispensables – ils exercent la seule activité recyclant le CO² dont les plantes auront toujours besoin. Ils sont surtout indispensables pour produire la nourriture de base, ce qui doit rester la priorité absolue dans les pays en développement.
    Il y a de plus en plus de scribouillards et autres raisonneurs, pseudo-scientifiques parfaitement inutiles économiquement et écologiquement. Il serait bon de procéder à une mesure de leur empreinte carbone et de leurs émissions de gaz à effet de serre résultant de leurs activités inutiles.
    Plutôt que de nous pomper l’air, ces fardeaux économiques et sociaux, qui refusent toute activité utile, seraient bien inspirés de garder leur souffle pour la phase terminale de leur digestion.

    27.08 à 11h55 - Répondre - Alerter
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